Fortes chaleurs : protéger et agir sur son lieu de travail !

Comme aux mois de juin 2019 et 2022, les fortes chaleurs qui s’installent dans l’hexagone peuvent avoir de graves répercussions sur la santé des personnels et des élèves/étudiants dans les établissements coup de chaleur, déshydratation...), notamment pour les plus fragiles d’entre nous.

L’université de Tours a adopté, en septembre 2017, un ensemble de préconisations en cas de fortes chaleurs. Aujourd’hui, le dispositif est à adapter afin de tenir compte de l’accélération du réchauffement climatique (voir le 6ème rapport du GIEC) mais également des nouvelles méthodes de travail qui découlent de la crise sanitaire de 2020. Un plan Fortes Chaleurs a été adopté par le conseil d’administration du 5 juin 2023.

Au-delà de 30°, risque pour la santé

Il n’existe pas de seuil réglementaire de température maximale – donc de fortes chaleurs – ou minimale entraînant l’obligation d’interrompre une activité scolaire ou de fermer un établissement scolaire, quel que soit son type (maternelle, élémentaire, collège, lycée…).
Même pour les mineurs en formation professionnelle, le code du travail se contente de préciser qu’« il est interdit d’affecter les jeunes aux travaux les exposant à une température extrême susceptible de nuire à la santé » (article D. 4153-36 ).
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) considère qu’au-delà de 30 °C pour un salarié sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés.

Obligations de l’employeur en cas de fortes chaleurs

Nos chefs de service-employeurs (ministre, recteur, DASEN) sont tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger leur santé au travail de leurs agents (article L. 4121-1 du Code du travail). Contrairement aux épisodes précédents de canicule  où les personnels avaient été  totablement oubliés,  les dernières consignes demandent d’« avoir une vigilance particulière envers les personnes et élèves connus comme porteurs de pathologies respiratoires ou en situation de handicap »..une mention a minima pour un employeur dont la réglementation indique qu’il doit  exercer une surveillance médicale particulière envers les  personnes en situation de handicap, femmes enceintes ou allaitantes, agents réintégrés après un congé de longue maladie ou souffrant de pathologies particulières …(article 24 du décret 82-453) :…. Mais ces agent.e.s ne ne sont souvent pas identifiés  en raison des carences de la médecin du travail.

Les F3SCT (formation spécialisée en santé sécurité et conditions de travail – ex CHSCT) doivent être saisies , au besoin en urgence de ces situations. L’article L. 4161-1 du code du travail mentionne clairement « les températures extrêmes » comme un des risques professionnels pour lesquels la formation spécialisée doit procéder à l’analyse (article 64 décret 82 453).

Fortes chaleurs : la mise en place d’un plan de continuité…

Plutôt que de traiter les situations de fortes chaleurs avec des mesures pas toujours adaptées et laissées à la libre appréciation des chefs de service, l’Université a adopté un plan de fortes chaleurs permettant à chaque agent, au sein de chaque collectif de travail d’anticiper les modalités d’organisation du travail. Ainsi, selon les facteurs climatiques, le poste de travail ou la situation personnelle de l’agent (lieu d’habitation, santé), chacune et chacun pourra adapter ainsi ce cadre de travail dans le cadre d’un échange avec son chef de service en organisant le travail autour d’îlots de fraicheur, en aménageant les horaires de travail ou encore en facilitant le télétravail. D’autres accompagnement sont également prévus (lire le plan fortes chaleurs).

Ce plan n’aborde pas encore les modalités de réorganisation des enseignements en période caniculaire. Or l’automne dernier, une vague de chaleurs a rendu très difficile le déroulement des enseignements dans des amphis surchargés entrainant des malaises d’étudiant.e.s mais de fait il aborde l’environnement de travail des enseignants-chercheurs qui peuvent ou souhaitent travailler dans leur bureau ou au sein de leur équipe de recherche. Ainsi, ce plan concerne aussi bien les services, les composantes et les équipes de recherche et il reste sur la confiance, l’autonomie et la responsabilité de tous les acteurs, encadrants comme les agents.

Les élu.e.s du Sgen-CFDT de la Formation spécialisées Sécurité, Santé et Conditions de travail sont à votre écoute pour vous accompagner en cas de difficulté dans la mise en place du plan de continuité, ce plan doit être co-signé par l’agent et le chef de service. Contact : sgen-cfdt@univ-tours.fr et  objet : plan de continuité.

Fermer l’établissement ?

La fermeture de l’établissement totale ou partielle (cours uniquement le matin) peut être demandée (par les parents, les agents, la DASEN,..) mais cette décision est de la seule responsabilité du chef d’établissement en concertation avec les autorités académiques.

Signaler pour mettre en responsabilité notre employeur

Lors de fortes chaleurs, en cas de situation ressentie comme intenable malgré l’application des recommandations ministérielles, le premier réflexe est de la signaler aux chefs de service ou à leurs représentants (chef d’établissement) et de la consigner dans les registres sécurité en adressant une copie aux interlocuteurs concernés : Formation spécialisée, médecin du travail, inspecteur santé et sécurité au travail).
Selon les situations (locaux, publics accueillis, …) et les niveaux de températures, on peut utiliser le registre santé sécurité au travail (RSST) ou, à partir d’une chaleur excessive( plus de 30°),un droit d’alerte peut être déclenché qui sera consigné dans  le registre des dangers graves imminents.

La situation des agents et les difficultés rencontrées pendant cette période devront être reportées dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) dont la mise à jour annuelle est obligatoire.

Fortes chaleurs : exercer le droit d’alerte de retrait

Le droit d’alerte est prévu par l’article 5-6 du décret 82- 4 qui indique qu’un.e agent.e peut (et doit) « alerter immédiatement l’autorité administrative compétente de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ».. «Il peut se retirer d’une telle situation. » L’agent.e peut aussi demander à un.e représentant.e du Sgen-CFDT de la Formation Spécialisée de son CSA (Conseil social d’administration) d’exercer ce droit d’alerte et de consigner cette situation dans le registre des dangers graves imminents (RDGI, art 67 du décret 2020 1427).

Ce signalement met en responsabilité l’employeur et le rend responsable des conséquences éventuelles.

L’exercice du droit de retrait peut trouver des motifs de mise en œuvre légitimes (température au-delà de 33°, personnes à risques…). Il doit être exercer de bonne foi et à certaines conditions comme ne pas mettre en danger autrui.
Les tribunaux examinent chaque situation au cas par cas.

Faites vous conseiller et accompagner par votre syndicat Sgen-CFDT.