Sondage Choc des Savoirs : vos réponses, nos analyses !

Selon la propagande ministérielle et présidentielle, toutes les mesures annoncées dans les médias sont demandées et attendues par les personnels de l’Education Nationale. Vraiment ? Nous avons demandé ça ?

Des annonces, jusqu’à la nausée 🤮

Depuis le mois de septembre, Gabriel Attal et Emmanuel Macron multiplient les prises de parole sur l’éducation, entre « domaine réservé » du président et « Choc des Savoirs » du désormais premier ministre. La question des salaires ou des conditions de travail ne sont jamais abordées. Par contre on ne compte plus les annonces et mesures en tout genre. Misent bout à bout, elles dessinent une contre-réforme d’ampleur et rétrograde…

Selon la propagande ministérielle et présidentielle, toutes ces mesures sont demandées et attendues par les personnels de l’Education Nationale.

Vraiment ? Nous avons demandé ça ?

Au Sgen-CFDT Orléans-Tours, nous vous avons proposé un rapide sondage et avons obtenu près de 200 réponses de la part des collègues de l’académie (tous corps et départements confondus, mais beaucoup du second degré).
Vos réponses nous permettent de dessiner l’opinion des personnels. Nous en serons les porte-paroles lors d’une audience avec le Recteur de l’académie Orléans-Tours, prévue le 18 mars prochain.
Cependant, le Sgen-CFDT Orléans-Tours a aussi un avis sur la question. Voici les résultats du sondage et comment nous y aurions répondu…

Vos réponses et l’analyse du Sgen-CFDT

Des groupes de niveau sur l’ensemble de l’horaire de français et de math ?

Vos réponses : Contre à 66%
Notre analyse : CONTRE

groupes de niveau Cette mesure est purement démagogique ! Il s’agit de séduire une partie des usagers « clientélistes » qui estiment qu’ils n’en ont pas pour leur argent avec l’école publique. On laisse croire que leur enfant sera dans le groupe des « bons », à l’écart de ceux qui l’empêche de progresser. Il y aura forcément des déçus et une augmentation des contentieux !
La circulaire d’application ouvre une certaine souplesse (périodes en classe entière) mais cela complique encore plus la mise en œuvre.
La recherche en science de l’éducation dénonce une ségrégation et une stigmatisation des élèves assignés au groupe le « plus faible ». Cela ne favorise pas l’émulation et leurs progrès. A l’inverse, ceux qui sont dans le groupe le « plus fort » progressent encore plus rapidement. Les groupes de niveau (sur 1/3 du temps passé au collège) renforceront les inégalités d’apprentissage qui sont souvent liées aux inégalités sociales.
A cela s’ajoute une dégradation de l’autonomie de l’établissement et des conditions de travail des personnels : emploi du temps en barrettes, nombre de salles et d’enseignants, siphonnage des marges d’autonomie pour d’autres projets, génération de compléments de service en français et math…
Le Sgen-CFDT est fermement opposé à une école du tri social. Nous voulons une réduction des effectifs de classe qui permet de prendre en charge la nécessaire hétérogénéité du public accueilli.  Plus d’info.

 

Les cours d’empathie au primaire ?

Vos réponses : Très partagées entre Contre (32%), Faut Voir (30%), Pour (27%)
Notre analyse : FAUT VOIR

cours d'empathieDévelopper l’empathie et les compétences psychosociale n’est pas une mauvaise idée en soit. Cela participe à la construction d’un « vivre ensemble » apaisé. Mais le termes de « cours » nous inquiète. Ce type de compétences devraient être données à vivre, plutôt que relever d’un enseignement avec un horaire. On a un problème similaire avec l’EMC, trop souvent magistral. Et tant qu’on parle d’empathie, il faudrait que l’Education Nationale commence par montrer l’exemple dans sa relation avec les personnels.

 

 

Le port de l’uniforme ?

Vos réponses  : Contre pour 65 %
Notre analyse : CONTRE

uniformeAu festival du « pansement sur une jambe de bois », cette mesure mérite le grand prix de la démagogie. L’objectif affiché est d’effacer les inégalités sociales, en supposant que « l’habit ferait le moine ». Quel manque d’ambition ! Il est certes plus facile de masquer les inégalités plutôt que de réellement lutter contre, pour les résorber. Quand au respect, on ne l’impose pas avec un uniforme, on le construit par son expertise, sa rigueur et sa bienveillance. Plus d’info…

 

La refonte des programmes et du socle commun (avec des objectifs annuels) ?

Vos réponses : Faut voir à 46 %
Notre analyse : CONTRE

refonte des programmesRevenir à des objectifs annuels signifie la fin des cycles. Le Sgen-CFDT les considère comme une avancée significative de la loi d’orientation de 2013. En effet, disposer de 3 ans pour atteindre un objectif de fin de cycle, autorise l’enseignant à une plus grande liberté pédagogique et l’élève à expérimenter divers chemins d’acquisition. Nous ne sommes pas opposés à des repères annuels, tant qu’il ne sont pas obligatoires. Mais la multiplication des évaluations nationales standardisées nous contraint à amener tous les élèves à un niveau identique tous les ans. Et tenez-vous bien : cette refonte est annoncée pour la rentrée 2024. Préparez-vous à passer un été studieux ! Plus d’info…

 

La refonte du contrôle continu pour le Brevet ?

Vos réponses : pour à 42 %, contre à 30 %
Notre analyse : POUR (MAIS PAS COMME CA !)

Réforme DNBRéformer le DNB ne serait pas du luxe, mais on n’imaginait pas vraiment les choses comme ça… Renforcer le poids de l’examen final, construire le contrôle continu sur des notes plutôt que sur le Socle Commun : c’est l’exact opposé du projet du Sgen-CFDT. Nous souhaitons plutôt limiter l’épreuve finale à un « oral symbolique ». Le DNB devrait être un certificat de validation du Socle Commun (tel que c’est écrit dans la loi d’orientation de 2013). Cette mesure, associée à la refonte des programmes et du Socle Commun ou les groupes de niveau, dessine une contre-réforme d’ampleur et réactionnaire. Cela met à bas tout le travail engagé par les équipes suite à la réforme de 2016 du collège. Plus d’info…

 

Le passage en seconde conditionné par l’obtention du Brevet ?

Vos réponses : Pour à 43 %
Notre analyse : CONTRE

Réforme DNBDans toute son histoire, le DNB n’a jamais conditionné l’accès aux classes supérieures. Le temps de la scolarité obligatoire (jusqu’à 16 ans) ne devrait mettre les élèves, ni en compétition, ni les sélectionner précocement. Mettre une condition à l’entrée au lycée (général et technologique, que l’on se rassure, la voie pro reste toujours accessibles aux classes populaires !) c’est à nouveau favoriser une école du tri social. On reconnait bien l’idéologie des « premiers de cordée » et de « ceux qui ne sont rien » chère au Président Macron. Plus d’info…

 

Des manuels labellisés et des méthodes pédagogiques imposés dans le primaire ?

Vos réponses : Contre à 60 %
Notre analyse : CONTRE

Manuels labellisésIl s’agit d’une atteinte à la liberté pédagogique, qui n’est évidemment pas la liberté de faire n’importe quoi. Cela revient à considérer les enseignants comme de simples techniciens (BAC+2) mettant en œuvre des process imaginés par d’autres. Ils sont au contraire, de véritables ingénieurs pédagogiques, comme l’atteste le niveau d’étude exigé (BAC+5) pour exercer ce métier. Ce n’est pas la première fois qu’un ministre tente d’imposer une « méthode officielle », avec peu de succès. Plus d’info…

 

Le Service National Universel obligatoire ?

Vos réponses : Contre à 65 %
Notre analyse : CONTRE

Service National UniverselD’abord, nous trouvons le vocabulaire militariste du Président Macron (Service National, Uniforme, Réarmement civique…) parfaitement inadapté à une école qui doit émanciper plutôt que soumettre. Si l’idée d’un service civique peut être intéressante, sur la base du volontariat, l’aspect obligatoire rend ses bénéfices inopérants. Sur le plan matériel, c’est extrêmement coûteux (au détriment du budget de l’Education Nationale et de tout autre projet dépendant de la Jeunesse et Sport). L’organisation d’un SNU obligatoire va mettre sous tension nos collègues dans les DRAJES, alors qu’ils et elles sont déjà en sous-effectif. Plus d’info…

 

Rendre le dernier mot aux professeurs sur le redoublement des élèves ?

Vos réponses : Pour à 61 %
Notre analyse : CONTRE

RedoublementSurtout parce que c’est une mesure en trompe l’œil pour séduire les enseignants, en leur faisant croire qu’on leur redonne un certain pouvoir. Dans la réalité, augmenter le nombre de redoublant suppose d’y mettre des moyens. Car si des élèves restent plus longtemps à l’école il faudra augmenter le nombre d’enseignants. Or, le budget voté n’en tient pas compte et on se heurte au problème récurrent du recrutement. En plus, cette mesure fait fi de la recherche scientifique qui a démontré l’inefficacité du redoublement en comparaison de dispositifs de remédiation moins stigmatisants. Plus d’info…

 

L’année « prépa 2nde » et les stages de réussite pendant les vacances ?

Vos réponses : Contre à 50 %
Notre analyse : CONTRE

Seconde "prépa lycée"La circulaire sur la classe de « Prépa 2nde », parue le 18 mars, précise qu’un seul établissement par département accueillerait des élèves volontaires, admis en seconde mais n’ayant pas obtenu le brevet. Si le conseil de classe s’est prononcé pour une admission en seconde, ce dispositif risque à la fois d’être, perçu comme punitif et insuffisamment doté avec un DNB qui en parallèle serait durci.
Quant aux stages de réussite pendant les vacances, c’est une fausse nouveauté qui existe déjà sous le nom de « vacances apprenantes ». Sur le fond, mettre plus d’école à des élèves déjà en rupture avec l’école n’est pas une bonne idée. Mieux vaudrait travailler autrement avec eux, sur le temps scolaire. Plus d’info…

 

L’usage de l’intelligence artificielle dans les apprentissages ?

Vos réponses : Contre à 61 %
Notre analyse : FAUT VOIR

Intelligence ArtificielleLe Sgen-CFDT n’est pas contre toute innovation pédagogique ou technologique dans le domaine éducatif: on ne va revenir au rétroprojecteur et au papier carbone !
Mais il s’agit d’encadrer l’usage du numérique et de l’intelligence artificielle. Ce qui n’est qu’un simple outil ne doit pas se substituer pas à la relation pédagogique entre l’enseignant et ses élèves. Plus d’info…

 

 

Les cours de théâtre et d’histoire « de l’art » obligatoires ?

Vos réponses : Contre 44%
Notre analyse : CONTRE (SUR LA FORME)

Histoire des arts / théâtreOn ne nie pas l’apport de théâtre et de l’histoire « des arts » dans la construction d’une culture commune et l’acquisition de compétences psychosociales essentielles pour faire société. Mais encore une fois, il s’agit d’une mesure hors-sol (pour ne pas dire une lubie du Président Macron). Ce dernier ne tient aucun compte des réalités et des moyens : quels enseignants, sur quel horaire supplémentaire ou à la place de quelle discipline (Cf. l’exemple malheureux de la suppression de la techno en 6e). Et finalement, est-ce bien le rôle d’un président de la république de faire une annonce de ce type ? Plus d’info…

 

Le doublement de l’horaire d’EMC au collège ?

Vos réponses : Contre 47%
Notre analyse : CONTRE (SUR LA FORME)

EMCComme la proposition précédente, le Président annonce, charge à l’administration de bricoler un truc avant la rentrée prochaine. Face à des déclarations méconnaissant profondément le fonctionnement de l’Education Nationale, il semblerait que les ambitions aient été revues à la baisse (pas d’horaire supplémentaire, mais 18h à prendre sur l’histoire-géo + 18h de projets non financés). De façon générale, la méthode des annonces aux médias est insupportable avec cet exécutif. Cela met les cadres sous pression et provoque des inquiétudes légitimes chez les enseignants. Plus d’info…
En ce qui concerne l’apprentissage obligatoire de la Marseillaise au primaire, le président est hors-sujet. Cette mesure n’a rien de nouveau, elle est dans la Loi Fillon de 2005. On a rien contre l’apprentissage de la Marseillaise, ça nous semble même plutôt normal. Alors, quel intérêt de faire cette annonce, si ce n’est de draguer une certaine frange de l’électorat ?

 

Alors ? Est-que vous êtes « CFDT-compatible » ?

Si oui, n’hésitez pas à nous rejoindre dans le premier syndicat de France

  • pour défendre des valeurs comme la solidarité, l’émancipation, l’autonomie ou la démocratie, à l’école et dans la société,
  • pour défendre les droits de tous les personnels de l’Education Nationale et de la Jeunesse et Sport,
  • pour obtenir de meilleurs salaires et une amélioration des conditions de travail

Vous trouverez ici toutes les informations pour adhérer à la CFDT.