Universités : vers la fin de l’autonomie ?

Le Ministère a publié une circulaire du 11 août 2025 à destination des recteurs et rectrices qui si elle ne réduit pas formellement l’autonomie des universités, modifie les équilibres de gouvernance.

Le Ministère a publié une circulaire du 11 août 2025 à destination des recteurs et rectrices qui si elle ne réduit pas formellement l’autonomie des universités, modifie les équilibres de gouvernance en introduisant une déconcentration renforcée qui peut être perçue comme une forme de recentralisation indirecte, transformant ainsi les présidents d’université en de simples exécutants.

Le renforcement du rôle des recteurs

La circulaire confie aux recteurs et recteurs délégués un rôle accru dans le dialogue stratégique avec les établissements, le pilotage régional des politiques publiques (formation, vie étudiante, innovation, etc.), la vérification de la soutenabilité des modèles économiques des établissements.

Cela peut introduire une forme de tutelle renforcée au niveau régional, qui pourrait empiéter sur la capacité des universités à définir librement leur stratégie.

La circulaire manie avec subtilité la notion du en même temps : autonomie versus contrôle renforcé du Recteur.

Une généralisation des contrats Comp renforce cette mainmise

Les contrats d’objectifs, de moyens et de performance (Comp), fusionnés avec les contrats pluriannuels, seront généralisés à partir de 2026. Ces contrats sont élaborés à partir d’une feuille de route partagée entre l’établissement et les autorités académiques, impliquent un suivi renforcé par les recteurs.

Bien que présentés comme un outil d’autonomie, ces contrats peuvent devenir un levier de pilotage externe, surtout si les marges de négociation sont faibles ou si les indicateurs imposés sont trop contraignants.

Une surveillance accrue des partenariats et du modèle économique

La circulaire insiste sur la nécessité pour les recteurs de comprendre les relations locales des universités (collectivités, entreprises) et d’évaluer la viabilité économique des stratégies.

Cela peut introduire une forme de contrôle indirect sur les choix de partenariats, de formations ou de recherche, réduisant la liberté d’action des établissements.

La CFDT estime que cette circulaire, sous couvert de déconcentration, réintroduit des mécanismes de pilotage étatique à l’échelle régionale, qui peuvent restreindre l’autonomie réelle des universités, notamment dans leur capacité à définir librement leur stratégie, leur offre de formation et leurs partenariats.

La CFDT appelle à une vigilance renforcée sur les effets de cette circulaire. Elle demande que l’autonomie des universités soit préservée dans les faits, et non seulement dans les principes, et que le dialogue social soit structuré à tous les niveaux pour garantir une gouvernance équilibrée et respectueuse des personnels.


Extrait de la circulaire :

« Dans ce contexte, pour ce qui concerne les recteurs, vous avez vocation à incarner localement la stratégie nationale ministérielle, dans une logique de subsidiarité, en pilotage comme en gestion.

Sur de nombreuses politiques publiques comme l’orientation, dans une logique de continuum (« – 3/+ 3 »), les procédures d’affectation via Parcoursup et Mon Master, la mise en œuvre des plans Avenir(s), les feuilles de route de la vie étudiante, la fixation des capacités d’accueil, la prévention et traitement des violences sexistes et sexuelles (VSS), l’accueil des étudiants internationaux, la veille et alerte en matière de défense et de sécurité, vous exercez déjà une coordination ou un pilotage régional. Ces actions doivent désormais être renforcées, et ce dans le cadre des trajectoires stratégiques sur cinq ans des établissements, notamment en termes d’offre de formation et d’évolution des capacités d’accueil.

En matière de recherche et d’innovation, avec l’appui des Drari, votre rôle est essentiel dans les dispositifs de soutien à l’innovation (le pôle universitaire d’innovation [PUI], la société d’accélération du transfert de technologies [Satt], le crédit d’impôt recherche [CIR], la convention industrielle de formation par la recherche [Cifre]) et, de manière croissante, dans la mobilisation des fonds européens. Vous veillerez à prendre en compte la dimension interministérielle de ces sujets, notamment pour ce qui relève de France 2030. »

 

Mais encore : « Dans ce contexte renouvelé, je [le futur ex-ministre] souhaite que vous [le recteur aux ordres] m’adressiez, d’ici au 1er octobre 2025, une feuille de route régionale, qui exposera votre stratégie d’appropriation des nouvelles compétences ESR, votre organisation actuelle et les évolutions envisagées pour atteindre les objectifs fixés. J’attends notamment que vous y précisiez vos priorités d’accompagnement des établissements. »