Des terres de Shanghai aux laboratoires de l’Université…

La publication du dernier classement de Shanghai est un outil de communication du gouvernement, des établissements et engendre des débats. Nous faisons le point sur un sujet qui suscite ici ou là des discussions, des approximations et parfois de la mauvaise foi.

Que dit ou que dire du dernier classement de Shanghai qui fait sortir de l’Université de Tours du top 1000 des universités mondiales ?

Est-ce le résultat de la politique scientifique actuelle ? Est-ce le bilan de l’ancienne équipe présidentielle au regard de la période d’observation des critères ? Est-ce plus compliqué que cela ou comme les universités allemandes, on pourrait penser que ce classement n’a pas beaucoup d’intérêt ?

Ou est-ce tout simplement la conjonction de la dynamique scientifique des équipes de recherche sur une période donnée qui permet de satisfaire aux critères de cet organisme de notation ?

Aussi, en fonction du propre degré d’objectivité du lecteur, les réponses seront différentes et sujettes à des interprétations …. diverses.

Au regard des critères du classement de Shanghai, une chose est sûre, ce classement se mesure sur un temps plus ou moins long prenant par exemple en compte les publications et citations sur les dix ou cinq dernières années. Le deuxième élément de l’inscription dans ce temps long est bien sûr la production scientifique entre le moment où les travaux débutent et la publication d’une thèse dans une revue spécialisée, plusieurs années s’écoulent.

D’autres critères sont pris en compte et en premier lieu le contingent de prix Nobel et de médailles Fields (le Nobel de mathématiques réservé aux moins de 40 ans) parmi les anciens élèves, le second étant le nombre de Nobel et Fields parmi les chercheurs de l’université.

Enfin, ce classement exclut – en dehors du prix Nobel de Littérature – les travaux scientifiques des domaines littéraires, en sciences humaines ou en sciences juridiques.

Evidemment, être ou ne pas être dans le classement de Shanghai détermine une politique de communication en direction des collectivités territoriales ou des futurs étudiants en master et en doctorat. En 2016, par exemple l’université de Tours communiquait largement sur sa place dans le top 300 dans la thématique « science des matériaux et ingénierie » au classement de Shanghai.

Mais comme le souligne la présidente de Paris Saclay, première université française dans le classement de Shanghai, ce n’est pas une boussole stratégique :

« Shanghai ne représente pas l’alpha et l’oméga de nos préoccupations. Il ne mesure pas de manière fine et exhaustive l’ensemble des activités de l’université et ne prend pas en compte, le taux de réussite des étudiants. Ce classement n’est pas une boussole stratégique. Nous ne nous demandons pas, à chacune de nos décisions, si elle aura une influence positive sur notre positionnement. »

Cette prise de distance est plus simple quand on est numéro 1 mais elle pose les bonnes questions sur le sens de nos missions, des conditions d’attractivité ou encore des moyens humains et financiers pour conduire une politique publique d’Enseignement et de Recherche.

Ainsi, lors des auditions sur le projet de loi de finances 2024 à l’Assemblée Nationale, le Sgen-CFDT a rappelé quelques évidences dont celles des moyens humains. Si l’on ne recrute pas des chercheurs, des enseignants-chercheurs et des ingénieurs, au bout d’un moment on ne dispose plus de la matière grise nécessaire au maintien d’une activité scientifique équivalente à ce qu’elle a pu être quand les effectifs étaient correctement renouvelés et les budgets abondés en conséquence.

Car la question de l’encadrement scientifique, des moyens humains et du temps dévolu à la recherche est la quadrature du cercle de la dynamique scientifique dans un contexte d’une compétition internationale très forte.

Enfin, même si nous regrettons les effets pervers de la recherche sur projet, les récents succès sur divers appels à projet dont le projet Loire Val-Health de 11,8 millions d’euros sur 8 ans, projet particulièrement structurant porté par l’Université de Tours doit permettre de répondre aux enjeux scientifiques et à la nouvelle dynamique enclenchée depuis trois ans maintenant.

Alors, vous l’aurez compris la question du Shanghai Ranking peut être un élément de communication ou de polémique déconnecté des réalités de la politique scientifique de l’Université de Tours.


Quels sont les critères du Shanghai Ranking ?

Le premier est le contingent de prix Nobel et de médailles Fields (le Nobel de mathématiques réservé aux moins de 40 ans) parmi les anciens élèves.

Le second est le nombre de Nobel et Fields parmi les chercheurs de l’université.

Puis est pris en compte le nombre de chercheurs les plus cités dans leurs disciplines depuis les dix dernières années. Encore faut-il que la revue soit dite à référé

Le quatrième critère fait référence au nombre d’articles publiés dans Nature et Science pendant les cinq dernières années. Les humanités, et plus largement les sciences humaines et morales, en sont exclues de facto.

L’avant-dernier critère est le nombre d’articles indexés dans Science Citation Index, et Social Sciences.

Enfin, le dernier critère résume, synthétise et cristallise les autres puisqu’il est question de « la performance académique » au regard de la taille de l’institution.