Les questionnaires du ministère, des ballons de baudruche ?

Vous avez reçu un questionnaire en ligne intitulé « Exigence des savoirs ». Mais si, rappelez-vous, c’était pendant les vacances de Toussaint !

On vous y demandait encore un diagnostic de l’École de la République, et surtout des solutions à son déclin inexorable : « Pour élever le niveau des élèves, faut-il augmenter les punitions ? Faut-il plus de culture générale ? Si oui laquelle ? ». En même temps, tout le monde n’a pas été consulté : en lycée agricole personne n’a reçu la consultation.

 Un énième rapport… mais à quoi ont servi les résultats des précédents ?

Certains rapports ne sont même pas publiés, d’autres sont immédiatement enterrés, ou sédimentent (lentement mais sûrement) sous les nouveaux rapports qui surgissent de l’imagination fertile de l’administration centrale ou du (nouveau) ministre.

Un autre questionnaire, à destination des élèves, concernant le harcèlement, laisse lui aussi sceptique quant à un traitement réel, utile, des données anonymes récoltées. Outre un état des lieux « macro » dont on ne sait pas quand il sera dressé, ce questionnaire donne l’illusion que le ministère « fait quelque chose » à un problème réel mais dont la résolution est particulièrement complexe (et ne concerne pas que l’École).

Dans les deux cas, la consultation massive permet au ministère de prétendre prendre en compte la situation réelle, sans qu’on sache la valeur réelle accordée aux réponses ni les mesures effectivement prises ensuite.

Une confusion entretenue

Au-delà de la mise en lumière d’un point particulier (lutte contre le harcèlement, évaluation des connaissances et compétences des élèves…) et de la confusion entre des avis (les questionnaires), des études (par la recherche), des expertises (par les acteurs, les syndicats…), cela ne produit qu’agitation et confusion : Comment imaginer remédier en 6 semaines à tout ce qui n’a pas été fait depuis 50 ans ?

Dans une société où s’est installée l’idée d’une école démunie, inefficace voire maltraitante, les réponses de fond importent-elles si peu ?

Lorsqu’elles existent, elles sont coûteuses (baisser les effectifs de classe, attirer de nouveaux enseignants, les revaloriser…). Elles sont aussi complexes (quelle part de l’École, des familles, des partenaires…) et nécessitent un temps long (former les enseignants, accompagner les changements…). Mais les politiques n’assument pas (plus ?) ces réponses de fond : Ils doivent donner des réponses simplistes, immédiates et à budget constant !

ballon de baudrucheIl est donc à craindre que ces consultations ne soient que des ballons de baudruche, rapidement dégonflés… puis remplacés : Hop ! Un nouveau questionnaire sur un autre sujet !