Le Réseau Education Sans Frontières et le COllectif de soutien aux Jeunes Isolés Etrangers du Loiret (RESF- COJIE45) - dont font partie la FCPE-45, la FSU, le SGEN CFDT - suit depuis plusieurs années plus de 200 jeunes venus de différents pays qui espèrent vivre une vie meilleure en France.
Déclaration au Conseil Départemental de l’Education Nationale du Loiret, le 15 mars 2017 pour les jeunes isolés étrangers
Malgré des conditions de vie difficiles : hébergement en hôtels, prise en charge financière et éducative très aléatoire par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), voire parfois sans rien parce que leur âge a été mis en cause, ces jeunes suivent des études, des formations, dès qu’ils parviennent à s’inscrire. Et pour la majorité, ils réussissent bien, soutenus par le collectif COJIE45.
Cependant un nombre encore trop important de ces jeunes a reçu des refus de séjour, parce qu’ils n’étaient pas…
« dans la bonne case au bon moment ».
D’autres n’ont obtenu aucune réponse ou bien des Autorisations Provisoires de Séjour (APS), qui ne sont pas des titres de séjour, ou encore des titres étudiants alors qu’ils auraient droit à un titre salarié.
Le cas de Rodrick, jeune isolé étranger
Venu de RDC, en France depuis mai 2014, Rodrick a préparé de septembre 2014 à juin 2016 un CAP de couvreur au lycée professionnel Gaudier- Brzeska à St Jean de Braye. Pendant sa deuxième année, Rodrick a concouru avec succès pour devenir le meilleur apprenti zingueur de France et a reçu sa médaille d’or à la Sorbonne le 8 février 2017 ! Depuis son CAP, il poursuit sur un Brevet Professionnel en alternance, qui est une formation à temps plein. Et pourtant, il n’a reçu de la préfecture qu’un récépissé ne l’autorisant à travailler que de manière «accessoire». Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs, que doivent prouver de plus tous ces jeunes pour être admis à vivre pleinement en France ?
Qu’ils aient fait une demande d’asile rejetée , ou bien soient passés tardivement par une classe d’accueil ou encore qu’ils aient été suspectés sur leur âge pendant leur minorité, ces jeunes n’en sont pas moins dans d’excellents parcours d’insertion scolaire et/ou professionnelle. Le soutien qu’ils reçoivent de leurs communautés scolaires respectives, qui ont d’ailleurs demandé des audiences en préfecture, témoigne de ce degré d’intégration. Ils devraient pour cela être régularisés. La situation de Rodrick est très représentative de celle de l’ensemble de ces jeunes à qui l’administration oppose refus ou obstacles, malgré leur héroïsme quotidien !
La régularisation immédiate !
C’est ce que nous demandons pour tous les jeunes qui ont eu des refus et des titres corrects pour ceux qui n’ont eu que des Autorisations Provisoires de Séjour APS ou des titres étudiants.
De plus, nous alertons sur le manque criant de places en classes d’accueil pour tous les nouveaux arrivants. Ils sont actuellement plus de 60 sans solution (car certains arrivés en 2015-2016 n’ont pas eu de place à la rentrée) et ce nombre va aller grandissant jusqu’en septembre prochain. Nous demandons l’ouverture de classes d’accueil en nombre suffisant pour accueillir ces jeunes mais aussi tous ceux qui arrivent avec leurs familles.
Un hébergement digne de ce nom !
Enfin, concernant ces familles, nous dénonçons encore et toujours leurs difficultés d’hébergement. Un trop grand nombre d’entre elles n’ont souvent pas de solution pour la nuit ou, au mieux, sont en hébergement d’urgence. Elles survivent avec leurs enfants dans des conditions extrêmement difficiles et font cependant tout leur possible pour leur assurer une scolarisation normale (assiduité et ponctualité malgré de longs trajets en transport en commun depuis les lieux d’hébergement qui changent très souvent).
Nous demandons que tous ces enfants bénéficient d’hébergements pérennes, de jour comme de nuit, ainsi que les week-ends et les vacances scolaires, plutôt que de les voir errer dans les halls chauffés des centres commerciaux quand il n’y a pas école.