Budget 2022, un budget pour une nouvelle dynamique mais un besoin de transparence accrue !
Budget 2022, l’analyse des élu.e.s de l’université Autrement
La présentation d’un budget de 238 millions n’est pas simplement un exercice d’agrégats de chiffres et de données. Il doit être l’occasion de présenter les axes d’une politique, d’une stratégie en matière de ressources humaines ou des modalités d’accompagnement d’une politique publique dans l’accueil d’un plus grand nombre d’étudiants.
Le budget 2022 rassemble dans les documents qui sont transmis aux élus, les mêmes considérations de la bonne gestion des ressources humaines avec toujours une tendance, comme l’exprime plusieurs graphiques, à montrer une inflation des dépenses en masse salariale comme si c’était un problème.
Pourtant cette masse salariale, c’est notre richesse, notre investissement. Un investissement en direction des la jeunesse en leur permettant au plus grand nombre d’accéder à des études supérieures, un investissement par le recrutement de chercheurs de tous statuts qui participent à l’activité des laboratoires, à l’attractivité de notre territoire.
Alors encore une fois, nous allons la considérer comme telle comme une richesse et se réjouir de son augmentation mais nous tenons aussi à rassurer les tenants de l’orthodoxie financière qui malgré cette augmentation, pourrons constater que le pourcentage de la masse salariale par rapport au budget total passe de 78% en 2021 à 77% en 2022 tout en augmentant 4,4 millions d’Euros pour attendre 175 millions d’euros.
Quel suivi des dispositifs de soutien pédagogique ?
L’Etat l’a bien compris, faire vivre les dispositifs de soutien à l’accueil des étudiants comme les dispositifs de renforcement pédagogique nécessite un soutien financier en masse salariale. Ainsi dans notre dotation de charges de service public, les crédits y sont bien fléchés.
L’établissement reçoit 730.000 euros pour le financement de places supplémentaires, bénéficie au titre de la réforme des études de santé 158.000 euros ou encore 327.000 au titre de la transformation pédagogique toujours en soutien à la réforme des études de santé. Dans le même temps, l’Université bénéficie de 950.000 euros au titre de la loi ORE.
Depuis plusieurs années, nous demandons des précisions sur l’utilisation de ces crédits, des répartitions des crédits opérées dans les composantes mais également la présentation des dispositifs à la CFVU comme au conseil d’administration comme un bilan en terme de réussite des étudiants. Ainsi, quels sont les effets des crédits injectés au titre de la loi ORE sur le taux d’encadrement, le pourcentage de réussite des étudiants en L1 par exemple.
Si nous reviendrons sur les questions de masse salariale dans un second temps, nous analysons aussi le budget par rapport aux crédits alloués aux grandes fonctions de notre établissement. Toutes les fonctions sont en progression et c’est une bonne nouvelle !
Les crédits en faveur de la documentation qui s’élèvent à 6,600 millions d’euros sont en progression de 8,36%, ceux de la recherche qui dépasse pour la première fois, les 75 millions d’euros et progressent de 3,55% ou encore ceux de l’immobilier qui bondissent de 26,58%.
Vigilance sur des possibles externalisations
Un autre élément est également souligné, il s’agit du budget des systèmes d’information/numériques qui atteint 2.725.000 d’euros et est en hausse continue (+ 462.000 euros) car il contient des dépenses structurelles de maintenance et de redevances/licences mais également plusieurs projets de développement.
Nous souhaitons savoir quels sont les projets externalisés car nous restons favorables à l’internalisation des missions. L’une des tendances pourrait aussi être de se dire que, finalement, tout ou partie de ces fonctions pourraient être confiées à des prestataires externes. Plusieurs établissements de l’ESR notamment semblent se diriger vers ce choix, provoquant une désorganisation opérationnelle très fortement ressentie par tous les agents et les usagers.
Ces missions incombent pleinement au service public car il s’agit avant tout de sécuriser des données de l’état et de maîtriser pleinement les procédures internes et les connaissances « métiers ».
Pour autant, il aurait été intéressant pour les élus d’avoir les éléments sur les évolutions et les projets qui génèrent ces évolutions.
Quelle prise en compte des effectifs étudiants ?
Le budget de l’Université, c’est aussi l’agrégation des budgets des services et des composantes. A défaut d’avoir des informations plus précises sur le contenu du budget, nous avons mis en perspective les budgets des composantes et leur évolution depuis plusieurs années.
Le premier constant est que pour un étudiant de Lettres et Langues, l’établissement dépensera 54 euros par an en crédits de fonctionnement et d’investissement contre 129 euros pour un étudiant de Droit, 155 euros pour un étudiant de Sciences, 300 euros pour un étudiant de Médecine et 602 euros pour un étudiant de l’EPU. Cette composante qui malgré une évolution importante du nombre d’étudiants (29%) constate une baisse de crédits de fonctionnement et d’investissement de 21%.
La mise en perspective de ces chiffres n’a pour objet de construire un budget en attribuant dans les composantes un budget au prorata du nombre d’étudiants mais d’avoir les éléments de compréhension des besoins des différentes composantes pour délibérer en toute connaissance de cause et nous croyons qu’il s’agit d’un souhait partagé de pouvoir avoir dans les conseils des débats éclairés.
Masse salariale, pour une plus grande transparence
S’il est aisé de comparer les crédits de fonctionnement et d’investissement dans les composantes, l’appréhension de la masse salariale intégrée aux composantes reste difficilement interprétable. Qu’est-ce qui concerne le paiement des heures complémentaires vacataires, quels sont les crédits qui concernent les dispositifs pédagogiques liées aux crédits ORE, que représente le paiement des indemnités des étudiants de médecine dans le budget de la faculté de Médecine ? Voilà aussi des questions que les réponses apportées permettraient aux élus de mieux appréhender, de mieux contrôler le budget qui nous est soumis au vote.
Sur la question des heures complémentaires, nous constatons que le montant des heures complémentaires est identique au BR1 mais baisse de 7,8% par rapport au budget initial de 2021. Là aussi, un besoin de partage des informations pourrait être utile en lien notamment avec la politique de création ou de redéploiement des emplois.
Reconnaissance des missions et revalorisations indemnitaires
Il y a dans la présentation de budget, d’autres éléments de satisfactions, il s’agit de la concrétisation des revalorisations s’inscrivant dans l’accord Carrières et Rémunérations de la LPR. Ainsi, les crédits alloués aux primes des enseignants progressent de 1,2 millions d’euros (+60% par rapport au BR1) et celles des personnels Biatss de 484.958 euros (+17%).
Au-delà de ces remarques et de pouvoir disposer d’éléments plus concrets en terme de politique d’établissement où les élus pourraient disposer des projets et orientations des composantes et services, nous relevons encore une fois l’extrême bonne santé de notre établissement avec un fond de roulement (ou réserve) qui passe de 26,313 millions d’euros en 2021 à 40,226 millions d’euros en 2022 qui permet d’atteindre 70 jours de charges décaissable contre 47 en 2021.
On s’interroge encore et toujours sur les variations importantes que nous avons pu constater dans le budget 2021 préparé par l’ancienne équipe qui inscrivait une baisse de 14 millions du fond de roulement et une chute à 42 jours de charges décaissables. Est-il possible d’avoir une explication sur ce point-là, d’avoir les éléments et les projets qui avaient occasionné cette dégradation soudaine du fond de roulement alors même qu’il connaissait une progression régulière depuis 2016.