Nous reproduisons une partie d'un entretien du président de l'Université où projets scientifiques, coopération régionale, transition énergétique, politique sociale sont abordés…. Autant de sujets pour lesquels le Sgen-CFDT est en phase avec les perspectives proposées.
La fin de l’année universitaire a été marquée par deux déceptions, les deux projets auxquels les équipes scientifiques et pédagogiques s’étaient fortement impliquées n’ont pas trouver un aboutissement heureux dans les appels à projet que ce soit le PIA 4 avec le projet Loire Val-Health et le projet d’université européenne NEOLAIA.
Au-delà de la déception des équipes, il faudra néanmoins retenir que ces projets ont été l’occasion de remettre du lien et de la transversalité sein de l’Université de Tours.
Dans un environnement universitaire en mouvement, avec la création d’un département de médecine à l’Université d’Orléans, l’ouverture de deux nouvelles composantes (odontologie et IAE) à l’Université de Tours, le travail collaboratif avec l’Université d’Orléans, quelles sont les perspectives de l’Université de Tours.
Dans une longue interview auprès de la presse spécialisée Agence Education Information (AEF), le président de l’Université est revenu fin juillet sur l’actualité universitaire et les défis qui nous attendent. Nous reproduisons une partie d’un entretien du président de l’Université où projets scientifiques, coopération régionale, transition énergétique, politique sociale sont abordés…. Autant de sujets pour lesquels le Sgen-CFDT est en phase avec les perspectives proposées.
Vous pouvez retrouver les échanges complets sur le site de l’AEF, la sélection reproduite ci-dessous est donc de la responsabilité du Sgen-CFDT.
L’interview !
AEF : La recherche en santé est au cœur du projet « Loire Val-Health » que vous avez présenté lors de la deuxième vague de l’appel à projets Excellences, mais qui n’a pas été sélectionné Vous demandiez 15 M€ afin de créer un pôle de recherche et d’innovation autour de l’approche « One health » qui lie santé animale et santé humaine. Quelle suite comptez-vous donner à ce projet ?
Arnaud Giacometti : C’est une déception pour moi, car si nous avions été lauréats, j’y aurais vu un signe très positif pour la région. Nous verrons comment on le retravaille pour le redéposer lors de la 3e vague. Vu les délais, on ne pourra pas créer un projet totalement différent, mais on pourra répondre aux réserves qui nous ont été faites. C’est un projet de transformation et un projet de création d’un pôle régional d’enseignement supérieur et de recherche interdisciplinaire en santé humaine et animale. Sur les 15 M€ demandés, 10 M€ devaient revenir à Tours et 5 M€ à l’université d’Orléans. Ce projet concerne aussi des unités de recherche d’Orléans, notamment l’axe sur les biomédicaments et la chimie des petites molécules.
À l’université de Tours, la recherche en santé est déjà un pilier de notre stratégie. L’objectif du projet Excellences était de donner une signature visible au niveau national à l’université de Tours sur ce qui correspond à ses axes d’excellences (santé mentale, infectiologie, biomédicaments).
Ces axes continueront d’être développés. Nous souhaitons en faire la signature de l’université sans exclure ce qui se fait par ailleurs et en associant les SHS.
Notre projet Excellences reste donc malgré tout un axe fort de la feuille de route de l’université pour son futur projet d’établissement. Nous le construirons à partir de septembre prochain, pour le contrat 2024-2028. La question qui se pose est de savoir s’il faut intégrer davantage l’université d’Orléans au projet, même si elle l’est déjà beaucoup.
Vous travaillez justement sur la création, avec l’Insa Centre Val-de-Loire et l’université d’Orléans, d’une convention territoriale sans chef de file. À quoi servira cette structure ? Sur quels projets souhaitez-vous travailler ensemble ?
La convention de coordination est en cours de construction. Nous nous organisons en groupes de travail aux périmètres réduits qui seront élargis à l’automne aux élus des conseils centraux dans le but de déboucher sur une première version de la convention à la fin de l’année civile 2022. […]
Puisque nous n’avons pas de Satt mais un dispositif qui s’appelle « C-VaLo », dont la capacité de financement est insuffisante, nous réfléchissons aussi, en lien avec la région, à la création d’une structure régionale et fédérative de valorisation de la recherche qui pourrait prendre la forme d’une filiale ou d’une fondation de recherche universitaire… Nous souhaitons aussi répondre au prochain appel à projets sur les pôles universitaires d’innovation. […]
Un groupe de travail se concentre sur la vie étudiante et de campus. Nos établissements devront mener ensemble une réflexion pour articuler leurs schémas directeurs de la vie étudiante, d’autant plus que nous avons des sites en commun, par exemple à Blois. […]
Moi qui étais favorable aux Comue, je regrette l’échec de la Comue CVL. Nous avons perdu du temps alors que cela nous aurait aidés dans nos réponses aux appels à projets par exemple. Nous savons, avec cet épisode, que définir une gouvernance au-dessus des deux universités était un écueil. Nous ne sommes pas à proximité. Cela peut paraître anodin mais avoir une distance de 120 km entre nos deux universités rend parfois des situations compliquées.
Aujourd’hui, l’objectif n’est pas de recréer une Comue car la dynamique n’est pas là, mais plutôt de construire des structures conjointes autour de projets bien définis. Sans Comue, nous avons réussi à lancer le CFA, le data centre etc. On travaille très bien ensemble quand on part des projets et qu’on fédère autour des gens qui ont l’habitude de travailler ensemble.
[….] L’université de Tours a déposé un projet ambitieux pour le PIA 4. Nous sommes volontaires pour le développement des formations en santé dans la région… Maintenant, il faut que l’on
nous donne les moyens de cette ambition. Je crains toujours que l’on soit dans une phase de concentration des moyens sur les plus grands pôles. Or, toutes les universités ont un rôle à jouer !
Comment faire passer ce message à votre nouvelle ministre de tutelle, Sylvie Retailleau, issue de l’un de ces grands pôles que vous évoquez, l’université Paris-Saclay ?
Pour l’avoir côtoyée à France Universités, je sais qu’il sera facile de dialoguer avec elle. Je ne sais pas si je serai entendu, mais je sais que je serai écouté. Nous avons aussi un ministre de la Transition et de la Cohésion des territoires. Or, la cohésion passera par des moyens mis dans toutes les universités françaises car elles ont toutes un rôle à jouer dans la formation et la recherche. Il n’y aura pas de formations de qualité, sans recherche de qualité. Et sans recherche de qualité en régions, il sera difficile d’avoir des entreprises innovantes.
À l’université de Tours, nous avons plusieurs exemples de réussites et pourtant nous n’avons pas les mêmes moyens que les universités des très grandes métropoles ! Nous avons par exemple deux entreprises tourangelles lauréates du concours i-lab. L’un des projets les plus prometteurs de vaccin, le vaccin nasal anti-covid, a été porté par un laboratoire de l’université de Tours et de l’Inrae… Lors du Deeptech Tour, à Tours, qui était organisé conjointement avec l’université d’Orléans, les représentants de BpiFrance étaient plutôt époustouflés de voir ce qui pouvait émerger dans la région et en l’absence de Satt. […]
La facture énergétique des opérateurs publics s’envole… Quelles conséquences pour l’université de Tours ?
À l’université de Tours cela représente 1,4 M€ en 2022. D’après nos prévisions, ça ne devrait pas trop augmenter en 2023 car nous avons des contrats assez solides, mais 2024 pourrait être une année extrêmement difficile. C’est un enjeu très fort car si on ne fait rien, on va consommer notre fonds de roulement très vite, et uniquement pour payer notre facture énergétique. Il va falloir agir très rapidement si on ne veut pas se retrouver en difficulté. […]
Nous voulons faire de la transition énergétique l’un des axes forts de l’établissement.
Nous avons une VP dédiée et aussi un VP en charge de l’immobilier mobilisé sur la question, un schéma directeur pluriannuel pour l’immobilier, et on va mettre en place pour 2023 un schéma pour l’énergie. Depuis son lancement, nous faisons aussi partie du programme d’efficacité énergétique des campus 2030.
C’est un enjeu essentiel et pourtant absolument rien dans le CPER 2021-2027 – négocié avant mon élection – ne concerne la transition énergétique. Nous avons bénéficié du plan de relance à hauteur de 5 M€, mais c’est probablement un plan de 50 M€ qui serait nécessaire dans les années à venir. Il faut donc qu’on ait un plan de financement à la hauteur.
Où en sont vos relations avec les organisations syndicales depuis votre élection ?
Les relations restent bonnes et le dialogue social fonctionne bien jusque-là. Je préside tous les CT, et la qualité du dialogue y est très bonne. Les délibérations ne sont bien sûr pas toujours votées à l’unanimité, car il existe des oppositions de principe, par exemple sur l’application de la LPR.
Par ailleurs, nous avons mis en place sur les emplois, non pas un plan de résorption complet de la précarité car nous n’en avons pas les moyens, mais un plan de cédéisation des personnels administratifs et techniques qui occupent des missions pérennes. Ce plan, qui se poursuivra sur plusieurs années, a donné lieu cette année à plus d’une vingtaine de cédéisations.
De plus, toujours dans cet objectif, nous recrutons sur concours des personnels contractuels de catégorie C qui deviendront titulaires à la rentrée. Cette année, ces titularisations concernent sept personnes. Enfin, nous avons ouvert au concours quelques postes pour encourager le repyramidage des postes de nos titulaires Biatss et leur donner des perspectives d’évolution.