De l’Université durable à l’Université Autrement

Participer au débat pour construire l’Université de Demain.

Le conseil d’administration du 15 juin a permis aux différentes sensibilités de l’Université de s’exprimer dans le cadre du débat d’orientation budgétaire.

Au nom de l’équipe présidentielle, Corinne Manson a présenté les pistes d’orientations, s’inscrivant dans la volonté de mettre en œuvre une université durable. Elles concernent les équipements informatiques et l’accompagnement des enseignants-chercheurs permettant de recourir en cas de besoin à l’enseignement distanciel, les équipements nécessaires au télétravail pour l’ensemble des personnels. Ont été également présentées des pistes permettant d’améliorer la vie des étudiants. Les deux dernières pistes concernaient la diminution de l’empreinte carbone de l’université de l’université et de ses usagers en développant des mobilités sans émission de gaz à effet de serres  et l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments (pose de panneaux photovoltaïques, toitures végétalisées…).

Les élus de l’Université Ensemble ont dénoncé le manque récurrent de moyens en s’inquiétant de l’organisation de la prochaine rentrée alors que les élus l’université Autrement ont dressé un état de la situation financière et formulé des propositions parfois très concrètes.

Le document de présentation aux administrateurs de l’université donne quelques indications qui restent difficilement interprétables sans des éléments plus précis mais on peut y lire :

  • Une augmentation des recettes de 10 millions d’Euros en 2019
  • Des dépenses de personnel (ratio Dizembourg) qui tombent à 81% (plafond d’alerte 83%) en 2019 et une masse salariale en progression sur les trois premiers mois de l’année. Cette progression mériterait d’être étudiée plus en profondeur (GVT, recrutements liés à des contrats de recherche, paiement des heures des chargés de cours du semestre 1, etc… ?)
  • Un fond de roulement immédiatement mobilisable de 15 millions d’euros (crédits non fléchés) et une trésorerie de 31 millions d’Euros. Le fond de roulement brut n’a jamais été aussi haut.
  • Une baisse de 1,3 millions des dépenses de fonctionnement sur les quatre premiers mois.

C’est dans ce contexte financier que le débat d’orientation se tient avec des propositions formulées par l’équipe présidentielle autour de la thématique de l’Université durable et des thèmes suivant :

  • Développement de la Foad
  • Le télé-travail
  • La vie étudiante
  • L’empreinte carbone
  • La performance énergétique

Alors que la structure du budget est composée par 80% de dépenses de masse salariale, ce sujet n’est pas ou peu abordé dans l’orientation proposée.

Puisqu’il s’agit d’un débat,  l’Université Autrement a proposé de l’enrichir et d’axer ses propositions autour de trois thèmes

  • Une Université du bien commun (avec des propositions autour de l’accompagnement à la pédagogie, développement de la vie étudiante…)
  • Une Université qui émancipe (lutte contre la précarité, le développemt ent du télé-travail, lutte contre la fracture numérique …)
  • Une Université durable et exemplaire (empreinte carbone, performance énergétique…).

Pourquoi cette contribution ?

La crise sanitaire et la période inédite que nous venons de vivre comme des incertitudes sur nos fonctionnements futurs confortent notre analyse sur la nécessité de penser l’Université Autrement. C’est l’objet de notre contribution au débat d’orientation budgétaire, contribution qui se décline autour d’une ligne directrice qui est celle de réinventer le bien commun pour refaire l’Université.

L’université doit être celle

  • qui écoute, qui intègre, qui respecte, qui propose,
  • qui se pense comme moyen d’émancipation et d’épanouissement,
  • qui s’ouvre sur l’environnement économique et social pour mieux faire réussir nos étudiants.

Les axes et propositions formulées :

Une université du bien commun

  • Investir dans l’accompagnement à la pédagogie, la mise en réseau et en commun des pratiques pédagogiques et accompagner les enseignants dans la réalisation des congés pour transformations pédagogiques
  • Renforcer les équipes pédagogiques et mettre en place des dispositifs de formation et de coordination pédagogique en direction des chargés de cours
  • Accompagner le déploiement du télé-travail, redéfinir avec les usagers et les personnels les espaces de travail et la nouvelle organisation induite
  • Adapter les consignes sanitaires en matière d’entretien des locaux
  • Développer une culture d’écoute des aspirations individuelles dans l’éducation, l’orientation et la formation tout au long de la vie en accompagnant les directeurs d’études dans leur relation avec les étudiants
  • Développer une stratégie sur l’engagement citoyen tout au long de la formation en suscitant le dialogue avec les acteurs associatifs, sportifs et culturels
  • Faire du compte personnel de formation un levier d’éducation permanente autant que d’adaptation aux métiers

Une université qui émancipe

  • Améliorer les conditions d’accès au numérique des étudiants en luttant contre la précarité numérique (aide sociale, formation…)
  • Accompagner une politique RH de recrutement des personnes en situation de handicap
  • Compenser par des postes d’Ater, les congés maternités, les CRCT et CTP pour éviter que les parcours de vie ou de formation imposent une désorganisation des équipes pédagogiques
  • Mettre en place la charte HRS4R pour une éthique dans le recrutement scientifique
  • Lutter contre les recours abusifs aux contrats courts et/ou temps partiel subi et remettre en place la politique de cdification au bout de 3 ans d’activité
  • Mettre en place un plan de cdification et de titularisation des agents administratifs, techniques et des enseignants contractuels
  • Accompagner les VAE des personnels à hauteur financière de 75% d’une formation en actant une enveloppe de 50.000 euros par an minimum
  • Inclure des étudiant.e.s dans les projets d’aménagement, de réhabilitation ou de construction des locaux universitaires
  • Favoriser les espaces d’expression pour intervenir sur les transformations du travail (évolution des activités, conditions de travail…)

Une université durable et exemplaire

  • Soutenir une politique d’achat dans le cadre d’une démarche résolument écologique et durable
  • Développer le plan vert en matière immobilière
  • Construire un plan de déplacement d’établissement
  • Développer les parcs de stationnement vélo en les sécurisant en lien avec la Métropole
  • Mettre en place une participation financière pour les personnels qui se déplacent en vélo ou qui pratiquent le co-voiturage
  • Mettre en place une gestion intelligente de la gestion de l’eau (sanitaires) et de l’électricité (salle de cours)
  • Mettre en place un partenariat renouvelé avec le CROUS et Tours Métropole pour développer une alimentation bio, la gestion des déchets, la lutte contre le gaspillage
  • Développer les ateliers de restauration pour aider les étudiants dans le mieux manger
  • Créer des espaces de convivialité pour les étudiants pour manger mieux et autrement

Concilier notre développement, la cohésion sociale et les impératifs écologiques à travers un ensemble de valeurs humanistes, de considérations éthiques (équité, égalité, parité, etc.), et de prises de décision démocratiques et participatives doit être au cœur de nos orientations pour construire le budget 2021.

De même, l’atteinte des objectifs de responsabilité sociétale et de développement durable suppose une transformation des modes de penser, de vivre et de travailler, en d’autres termes une transition écologique et sociale effective que nous souhaitons contribuer à promouvoir.

L’exemplarité de l’Université de Tours sur les plans de sa politique, de sa gestion et de ses pratiques est indispensable à la réduction de son impact sur l’environnement (son empreinte écologique) et à l’amélioration de la qualité de vie sur ses différents sites, au renforcement de sa cohésion sociale et de son identité, à la légitimité sociétale de ses enseignements et de ses recherches, à son attractivité nationale et internationale.

Ce n’est donc plus une priorité mais un élément central pour construire cette université de Demain et qui doit nous permettre d’agir concrètement dans nos pratiques au quotidien, dans nos projets immobiliers, dans nos projets scientifiques ou encore dans nos projets de formation.

Il s’agit bien de redéfinir la bien commun avec comme objectif l’accès d’une université pour tous et toutes, garantissant la mixité sociale et culturelle pour amener tous les publics vers l’excellence académique et scientifique. Cette Université du commun doit se construire en retravaillant des questions autour des solidarités et en pensant l’Université comme une communauté universitaire composé de multiples talents : ils sont enseignants-chercheurs, enseignants, étudiants, personnels administratifs, techniques et scientifiques ou encore chercheurs.

Il s’agit de débattre des orientations budgétaires pour nos 30.000 étudiants et les 2.000 personnels.