Déconfinement : réponse à Stéphanie RIST, députée du Loiret

La députée du Loiret Stéphanie Rist a souhaité recueillir notre avis, nos réflexions et nos questions sur la période de déconfinement annoncée par le Président de la République à partir du 11 mai. Réponse du Sgen-CFDT Orléans-Tours le 23 avril 2020.

Madame la Députée,

En prévision de la reprise progressive des enseignements dans les écoles et les établissements scolaires, vous avez souhaité recueillir notre avis, nos réflexions et nos questions sur la période de déconfinement annoncée par le Président de la République à partir du 11 mai.

Bien entendu, les organisations syndicales n’ont pas le pouvoir d’empêcher la mise en œuvre d’une décision du gouvernement, nous en avons déjà eu la preuve à maintes reprises.

Nous savons que la responsabilité des choix politiques a été confiée, électoralement, aux élu·e·s de la République, dont vous faites partie.

Vous avez d’ailleurs eu la primeur des hypothèses formulées, quant à la réouverture des classes, par M. le Ministre de l’Éducation Nationale. Nous déplorons que celui-ci n’ait pas pris auparavant la précaution d’en discuter avec les organisations syndicales représentées au Comité Technique Ministériel ou au CHS-CT ministériel, mais cela ne nous étonne pas de sa part, car il a déjà démontré le peu de cas qu’il fait des avis du Conseil Supérieur de l’Éducation et de la notion de « dialogue social ».

Les très vives réserves que nous avons émises sur la réouverture des classes sont justifiées par la prudence du Président lui-même,

car il l’a conditionnée à l’évolution de l’épidémie et à l’état sanitaire et hospitalier du pays. Pour nous, il faudra au préalable que des conditions de sécurité soient impérativement remplies pour garantir la santé des personnels, des élèves et la santé publique. Or, sur la capacité de l’État à satisfaire ces conditions, nous sommes très dubitatifs, tout comme certaines autorités médicales plutôt opposées à la reprise scolaire le 11 mai, qu’elles jugent prématurée.

Nous allons voir d’abord ce qui va sortir des discussions avec notre Ministère quant aux dispositions pratiques à prendre si la date du 11 mai est confirmée, puis

si un dispositif acceptable et viable peut réellement être mis en place pour chaque école, collège ou lycée,

suivant les avis votés par les CHS-CT. L’Éducation nationale ne peut pas reprendre trop tôt, trop vite, trop fort partout.

Notre fédération s’est longuement exprimée dans un article : Retour sur l’audition du ministre de l’Éducation nationale par les députés, où nous montrons ce que nous avons obtenu mais aussi…

tout ce qui reste à préciser et à garantir sur plusieurs points très importants :

  • le nombre d’élèves à accueillir par groupes,
  • les personnels nécessaires en étude,
  • la nécessité absolue de fournir des masques aux personnels et aux élèves,
  • les protocoles de réouverture à négocier avec chaque Conseil Régional, chaque Conseil Départemental et chaque Conseil Municipal
  • les protocoles impliquant les transports scolaires et les cantines
  • la charge de travail des enseignants à répartir et limiter entre le « présentiel » et le télétravail pour les élèves restés chez eux.

Comme vous le voyez, les hypothèses exposées par le Ministre aux député·e·s n’ont pas apporté toutes les réponses ni les garanties que nous attendons. Même si nous sommes partisans d’une reprise de la scolarité avant septembre si possible, nous maintenons que

la priorité est la santé et la sécurité des personnels de toutes catégories et des élèves.

Veuillez croire, Madame la Députée, à notre attachement au service public de l’Éducation nationale.

Michel de PEYRET, Secrétaire académique