La transition écologique n’est pas une option au regard de l’ampleur des effets de la pollution sur la biodiversité depuis plusieurs décennies. L’épuisement progressif des ressources en est à la fois la cause, la conséquence et le levier des choix à opérer.
Le 12 juin prochain, le Forum des possibles rebaptisé le Forum de la Transition Ecologique et Sociale se déroulera sur le campus de Grandmont au sein de la faculté des sciences pharmaceutiques à l’université de Tours, dans un bâtiment dont le coût carbone est un des plus élevés, sinon le plus élevé de l’université. Tout un symbole donc.
Sur un sujet pour le moins essentiel pour une université tant dans la recherche, la formation des étudiantes et des étudiants, l’environnement du travail ou encore les mobilités, l‘urgence d’une transformation en profondeur des pratiques de consommation et de travail s’imposera à nous de manière plus ou moins violente comme vient de le rappeler un rapport de la Banque de France, organisme bien connu comme repère d’écoterrosistes et de wokistes (!) et qui organise prochainement un colloque dont le titre est explicite : Nature et climat : maintenir l’ambition pour la transition verte.
Elle a présenté des scénarios à court terme assez terrifiants : un retard de trois ans seulement dans la transition fera perdre plus d’1% de PIB à la planète. Ce scénario s’appelle « réveil brutal » pour la Banque de France. Ce organisme très sérieux précise que si on ne tourne pas la page de l’économie carbonée, le PIB peut s’effondrer, -30% d’ici 2100 alors même qu’une transition graduelle et immédiate ne coûterait que 0,4% de PIB. Et faut-il rappeler que des événements extrêmes pourraient faire chuter le PIB asiatique de 4%, 7% en France, 13% en Afrique en 2026, c’est à dire demain ! éolien, solaire, nucléaire ?
Pour la CFDT , il s’agit d’un enjeu majeur et immédiat. Et parce que la CFDT est cette organisation qui analyse, débat et propose, la Revue Cadres, lire le travail consacre son numéro du mois de mai à la nécessité de défendre la transition écologique en rappelant que la crise environnementale est une crise sociétale et la transition vers une économie climatiquement neutre, si elle conduit inévitablement à la destruction d’emplois, doit s’attacher à en créer au moins autant d’autres pour être socialement juste et préserver les capacités de travail et d’insertion.
Ainsi le terme de « transition juste » est une vision syndicale instruisant que le poids des mutations doit être équitablement réparti.
Le travail et son organisation « effective », que ce soit par le management, le dialogue professionnel ou le dialogue social (à tous les niveaux comme l’indique l’Accord national interprofessionnel sur la transition écologique et le dialogue social), est l’épicentre de cette transition juste. Le « Manifeste » de la CFDT décrit auprès des militants l’importance de se former et de s’accorder pour agir collectivemen.
La CFDT réaffirme que les transitons sont d’abord injustes : un changement technologique ou une reconversion industrielle, induits par l’IA ou par le changement climatique, impacte d’abord les plus faibles et les moins protégés. Pour qu’elle soit juste, cette transition doit être accompagnée par la négociation et pourvue de moyens. Ainsi la CFDT aborde la question de la transition d’un point de vue macro-industriel, de l’emploi, de la formation et de l’impact sur la santé, les conditions du travail et le management.
La publication d’un numéro consacré à la question de la transition écologique vient à point nommé en rebond au moment où se lève un populisme climatosceptique, prenant la lutte contre la transition écologique comme justification d’un monde à venir meilleur. Nos économies et notre société peuvent souffrir de visées de court terme et c’est précisément parce que le politique est l’espace du long terme et de l’intérêt général que l’engagement de la société civile et de la CFDT est important.
Ce sont en effet les travailleuses et les travailleurs qui feront concrètement cette transition – dans les usines, les bureaux, les transports, les hôpitaux ou l’agriculture… Il ne s’agit pas seulement de verdir l’économie, mais de repenser notre modèle de production et de consommation. Cela implique des reconversions industrielles comme l’illustre la mutation du secteur automobile.
C’est pourquoi les syndicats doivent se saisir de cette transition, non pas comme une contrainte subie, mais comme un levier de progrès social.
La transition écologique offre en effet l’opportunité de créer des emplois durables, de meilleure qualité, dans des secteurs utiles à la société : rénovation énergétique, mobilités douces, économie circulaire, soins, éducation, agriculture biologique… Encore faut-il que ces emplois soient réellement accessibles, correctement rémunérés, porteurs de sens et de droits.
Défendre la transition écologique, ce n’est donc pas renoncer aux combats sociaux, mais les refonder pour une société à la fois soutenable et solidaire.
Au sommaire de la Revue Cadres n°504
(disponible aux adhérents CFDT sur simple demande ou à commander ici)
La transition juste : définitions et usages
L’idée de la transition juste est apparue aux Etats-Unis dans les années 60 quand des mouvements pacifistes commençaient à penser que l’économie keynésienne de guerre ne pouvait fonctionner éternellement et l’idée d’une reconversion de l’industrie devenait part du mouvement pour … par Ute Meyenberg
La question du management des temps dans la transition écologique
Nous ne pourrons pas dire aux générations futures qu’on ne savait pas. Nous autres, les contemporains du temps où il était encore possible de faire, serons tôt au tard comptables des impacts du dérèglement climatique avec, certes, plus ou moins de responsabilités. par Jean-Marie Robert
Des négociations ‘‘vertes’’ ?
Les travailleurs et leurs organisations syndicales sont-ils, peuvent-ils, doivent-ils être des acteurs de la lutte contre les dégradations environnementales ? Le point de départ de nos recherches est de répondre triplement oui à ces questions. par Camille Dupuy et Vincent Pasquier
Un territoire industriel du futur
Dunkerque, en Hauts-de-France, connaît une nouvelle ère industrielle qui se matérialise par le développement d’usines existantes mais également de nouvelles implantations dédiées à la décarbonation. Ce projet devrait aboutir à la création de 20 000 emplois d’ici à 2030. par Perrine Mohr et Nicolas Tancrez
S’accorder sur la transition écologique
La transition écologique est aujourd’hui une nécessité reconnue de tous. Pourtant, son application concrète soulève de nombreux défis. Entre exigences réglementaires, impératifs de rentabilité et engagement sociétal, les TPE-PME aux moyens souvent limités doivent trouver un équilibre par le Le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD)
Les syndicats doivent s’opposer au greenblaming
Le greenblaming est une stratégie qui consiste à discréditer les politiques de transformation écologique en leur attribuant des torts exagérés ou mensongers pour les remettre en cause. Nous mettre en sécurité face aux crises écologiques implique pour la France, … par Construire l’écologie
Former les managers de la transition
L’institut Montpellier Management de l’université de Montpellier propose le master « Management de la Transition Écologique et de l’Économie Circulaire » (MTEEC), un programme unique et ambitieux visant à former des professionnels capables de conduire le changement dans le monde …par Claire Gillet-Monjarret et Yannick Gomez
Prendre au sérieux la menace écologique
Nous devrions faire de la reconversion écologique dans laquelle il est impératif que nous nous engagions une occasion de créer des emplois et d’améliorer les conditions de travail. Au moment où les textes qui composent ce dossier sont écrits,… par Dominique Méda