L’endométriose touche 10 % des femmes. Dans nos champs professionnels (où elles représentent 50 à 90 % des personnels), ce sont près de 100 000 agentes qui sont donc concernées. Le Sgen-CFDT demande une réelle prise en compte de leur situation au travail.
Maladie complexe, l’endométriose est responsable de douleurs pelviennes parfois très aigües pouvant avoir des conséquences sur la fertilité. Longtemps ignorée ou négligée, elle est aujourd’hui mieux connue et diagnostiquée grâce à l’action d’associations comme
, la pionnière, ou (cf. ci-dessous Ressources complémentaires).Symptômes invalidants de l’endométriose
Au travail, les symptômes peuvent être très invalidants : douleurs pelviennes et lombaires empêchant la station debout ; fatigue ; troubles intestinaux et urinaires nécessitant un accès rapide aux toilettes – situation difficile quand on est en classe ou selon la configuration des locaux.
Première conséquence : l’absentéisme lié aux symptômes, au diagnostic et au parcours de soins.
Cela peut générer un sentiment de culpabilité chez nos collègues concernées, une déconnexion lorsque le collectif de travail manque d’empathie voire est critique. Cette pathologie creuse encore plus les inégalités professionnelles en empêchant les femmes atteintes d’accéder aux promotions et postes à responsabilité. Et la surreprésentation masculine dans les métiers d’encadrement ne favorise ni la compréhension ni l’accompagnement.
Des employeurs défaillants
Malgré le nombre d’agentes concernées et les obligations légales des employeurs, rien d’efficient n’a été mis en place par nos ministères : ni prévention, ni information, ni formation.
Si le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJS) s’associe à la lancée cette année, les actions ne concernent que les lycéennes.
La docteure Anne-Marie Casanque, médecin conseillère technique au MENJS, nous a cependant précisé que « les médecins du travail sont amenés à préconiser des aménagements de poste, […] une priorité médicale pour l’affectation dans le cadre des mouvements, afin de diminuer les causes de fatigue, et à informer sur les droits, en particulier demander une reconnaissance de la qualité de travailleuse handicapée (RQTH) auprès de la Maison départementale pour les personnes handicapées, demander une activité à temps partiel thérapeutique ».
Mais le très faible effectif des médecins du travail ne leur permet même pas d’assurer la visite quinquennale obligatoire pour chaque agent.
L’action syndicale : informer, conseiller, accompagner
Rappelons préalablement l’absence d’obligation de parler de sa maladie à son employeur.
La première action à mener sur le lieu de travail est l’information, celle des collègues directement concernées, mais aussi de l’entourage professionnel. Les associations comme Endofrance fournissent gratuitement flyers et affichettes, elles conseillent sur l’accès – déterminant – au diagnostic en recourant à un médecin expert de la maladie.
Une collègue diagnostiquée doit pouvoir être orientée, voire accompagnée vers la médecine de prévention, car y accéder s’avère parfois compliqué.
Des solutions d’aménagement du travail existent selon les niveaux de gravité : mi-temps thérapeutique, RQTH, télétravail, priorité médicale pour les affectations, reconversion… Les militantes et militants du Sgen- CFDT peuvent vous conseiller et vous accompagner.
Notre fédération a écrit aux ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur pour demander une campagne d’information auprès des agents et de réelles actions de formation auprès de la médecine du travail et de l’encadrement.
Cet article a paru dans la rubrique Santé et sécurité au travail du no 286 – Juillet-août-septembre 2022 de Profession Éducation, le magazine du Sgen-CFDT.