État du sexisme en France

De nouvelles recommandations du haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE)...

En 2024, l’État du sexisme en France demeure marqué par des inégalités sociales et économiques profondément enracinées.

Tel est le constat dressé par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), qui a publié, le 21 janvier 2025, un rapport basé sur le baromètre sexisme, élaboré en collaboration avec l’Institut Toluna Harris Interactive. Ce rapport met en évidence non seulement l’ampleur des comportements sexistes mais aussi la persistance des structures qui les perpétuent, tout en formulant des préconisations ambitieuses pour y remédier.

Selon les données du baromètre, 86 % des femmes interrogées déclarent avoir déjà été confrontées à des situations à caractère sexiste, des remarques déplacées à des agressions physiques. Ce chiffre traduit une réalité déjà bien connue, mais réaffirme la nécessité de ne pas relâcher les efforts. Face à ces agressions systémiques, neuf femmes sur dix ont recours à des stratégies d’évitement – révélation qui interroge sur les impacts psychologiques et sociaux d’une telle adaptation forcée.

Le monde du travail, en particulier, demeure un espace où les inégalités de genre s’expriment avec acuité. Cependant, des avancées timides émergent : en deux ans, le sentiment d’avoir été discriminée dans ses choix d’orientation professionnelle a reculé de 7 points, passant à 33 %, tandis que l’expérience de l’écart salarial avec un collègue masculin diminue également (21 %, -3 points). Ces chiffres, bien qu’encourageants, ne doivent pas masquer la lenteur des progrès ni les résistances structurelles qui entravent une véritable égalité.

En effet, les stéréotypes persistent : 40 % des Français considèrent encore comme normal que les femmes interrompent leur carrière pour élever leurs enfants. Cette vision, ancrée dans une division sexuelle des rôles sociaux, continue de peser lourdement sur les femmes, freinant leur accès à des emplois de qualité et à des postes de responsabilité.

Face à ces constats, le HCE préconise des réformes structurelles ambitieuses. La première mesure, plébiscitée par 70 % des Français interrogés, concerne la réforme du congé paternité et parental. Cette initiative, brièvement évoquée en 2023, n’a pas encore vu le jour, malgré un soutien présidentiel exprimé en 2024. Sa mise en œuvre pourrait constituer un levier puissant pour une répartition plus équitable des responsabilités familiales.

Le rapport insiste également sur l’importance d’une plus grande mixité dans le monde professionnel. Cela suppose non seulement des actions volontaristes pour orienter les jeunes vers des filières à forte prédominance masculine ou féminine, mais aussi des dispositifs législatifs renforcés. À travers ces mesures, le HCE invite à une refonte des structures du travail, afin de dépasser les logiques de replâtrage pour s’attaquer aux racines systémiques du sexisme.

Ces propositions entrent en résonance avec les revendications portées par la CFDT.

Le plafond de verre, dont les mesures récentes de nomination équilibrée ont montré des effets positifs, illustre la nécessité d’étendre ce dispositif à tous les niveaux, et non seulement à l’encadrement supérieur. De même, les parois de verre, ou la ségrégation sexuée des métiers, constituent une cause fondamentale des inégalités salariales et des comportements sexistes. La CFDT appelle à une reconnaissance formelle de la technicité des métiers féminisés et à leur revalorisation. Il ne s’agit pas seulement de promouvoir la mixité dans ces métiers, mais de réviser la « pesée des métiers » pour en finir avec des biais historiques. Cela implique une révision des classifications et des rémunérations pour assurer une égalité réelle entre les sexes.

Lutter contre le sexisme exige également une sensibilisation et une formation généralisées pour tous les agents publics.

Déconstruire les stéréotypes de genre est une condition indispensable pour une fonction publique plus forte, inclusive et performante.

La CFDT appelle ainsi à une renégociation de l’accord sur l’égalité professionnelle de 2018 dans la fonction publique, qui pourrait constituer un levier pour approfondir les avancées et inscrire durablement l’égalité et la lutte contre le sexisme au cœur des politiques publiques.

Cela implique également de revoir le plan sur l’égalité professionnelle de l’université de Tours et d’avoir une politique volontariste pour changer les rapports au travail trop souvent toxiques.

Lien vers le rapport du HCE :
https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce-sexisme_polarisation_etat_des_lieux_sexisme-vf.pdf