Métiers de l’informatique et du numérique : une attractivité en berne

Les métiers de l'informatique sont multiples et participent au bon fonctionnement des services publics de l'éducation, de la formation, de la recherche, de la jeunesse et des sports. Mais ces emplois ont un fort déficit d'attractivité. Pour le Sgen-CFDT, il est grand temps de s'en soucier.

Métiers de l'informatique et du numériqueLes métiers de l’informatique et du numérique dans l’Éducation nationale et l’ESR

Administrateur de système d’information, de système d’exploitation ou de réseau, développeur, chef de projet, expert en base de données, gestionnaire de parc informatique… sont autant de métiers de l’informatique et du numérique qui au quotidien sont au cœur de l’activité et du bon fonctionnement de l’Education Nationale comme de l’Enseignement Supérieur, la Recherche et l’Innovation. Les informaticiens, personnels ITRF en général,  travaillent essentiellement dans les DSI, DNUM… et sont sans cesse en interaction avec l’ensemble des autres services. Ce sont des acteurs incontournables du système.

Pour ces agents, se pose, aujourd’hui, la question cruciale de l’attractivité du secteur public. En effet, les besoins en personnels formés et compétents sont en augmentation constante, tant dans le secteur privé que public. Les salaires flambent sur le marché du travail mais les rémunérations de la fonction publique ne suivent pas.

Les conditions de travail, dans beaucoup d’endroits, se sont dégradées. En effet, les besoins et la charge de travail augmentent sans que les recrutements nécessaires soient à la hauteur. Les restructurations de services liés à la mise en place des services interacadémiques ou lors de fusions d’universités sont particulièrement impactant.

Pour le Sgen-CFDT, il est temps de s’emparer de ces questions et de trouver des solutions.

Des rémunérations qui ne suivent pas

Les rémunérations d’un ingénieur informaticien démarrent autour de 30 à 32K€ annuel (salaire brut) pour très vite augmenter dès la deuxième année d’expérience. Une étude donnait récemment une fourchette de 38 à 45k€ pour un développeur dans une grande ville hors Paris et Île de France. Or si un ingénieur d’études avec une IFSE de 700€ démarre autour de 30K€ annuel, la rémunération stagne dans les années suivantes. On constate donc un décrochage des rémunérations dès les premières années de la carrière de ces agents.

Des IFSE qui se tassent

La BAP E qui regroupe les informaticiens a souvent été traitée à part lors du passage au RIFSEEP afin de maintenir dans la prime ce qui était auparavant versée : la fameuse prime de fonction informatique (PFI). Cette prime indexée sur le point d’indice et était cadrée nationalement. L’intégration (ou non de cet acquis) dans les attributions indemnitaires s’est faite sans cohérence entre employeurs, dans des conditions que le Sgen-CFDT avait vivement dénoncées. On est loin d’avoir retrouvé un équilibre, notamment entre les établissements d’enseignement supérieur.  De plus, l’IFSE évolue peu, on l’a encore vu cette année avec une revalorisation triennale a minima dans l’Éducation nationale, bien en dessous de la simple évolution du coût de la vie.

Absence de cadre de référence spécifique à la BAP E et revalorisations inférieures à l’inflation entraînent un tassement des primes, ce que le Sgen-CFDT ne peut accepter.

Pour certains, le passage au Rifseep a conduit à l’introduction d’une part de garantie indemnitaire dans l’IFSE. Il faudra d’ailleurs que ceux qui en bénéficient veillent à ce qu’elle soit aussi bien revalorisée.

Le recours aux contractuels ne peut être la seule voie

Pour remédier aux problèmes de recrutement, la tendance est à l’emploi de contractuels.  Une circulaire commune de la DGAFP, de la DINSIC et de la direction du budget de 2019 offre la possibilité, pour les métiers du numérique, de s’écarter des grilles de rémunération de la fonction publique en cas de recours à des agents contractuels. D’autre part ces agents doivent être recrutés dès le départ en CDI. Cette circulaire sera-t-elle appliquée dans nos administrations et nos établissements, et dans quelles conditions ?

« Le recrutement d’agents contractuels rémunérés dans des conditions bien meilleures que les titulaires apparaît donc comme une solution de plus en plus utilisée pour de nombreux métiers en tension » soulignait la Cour des Comptes en 2021. Rémunérer correctement les personnels contractuels est une revendication du Sgen-CFDT.

Mais nous affirmons « à travail égal, salaire égal » : cela vaut pour tous.

Créer des écarts important entre rémunération des contractuels et des titulaires ne peut que créer tensions et sentiments d’injustice au sein des services, et rendre moins attractifs encore les postes d’ITRF dans ces services – alors que l’emploi de fonctionnaires devrait rester la règle, et de contractuels, l’exception. Il est donc grand temps d’ouvrir ce chantier spécifique et de discuter rémunération des métiers en tension dans nos ministères.

Des conditions de travail dégradées

Jusqu’à très récemment,  certains choisissaient malgré tout le service public pour l’intérêt des missions, parce que le travail peut y être très intéressant avec des outils qui suivent les évolutions technologiques. Un cadre de travail attractif était également un argument : des horaires plutôt cadrés, des jours de congés plus nombreux. Mais cela s’est dégradé et les seuls congés, souvent remis en cause par ailleurs, ne compensent plus les charges accrues et une gouvernance trop descendante. Ainsi, on voit des collègues, pourtant précieux par leur expériences et compétences, préférer aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

Les informaticiens sont les premiers à attendre de la transversalité et une réelle participation à la prise de décision.

Non à l’externalisation

L’une des tendances pourrait aussi être de se dire que, finalement, tout ou partie de ces fonctions pourraient être confiées à des prestataires externes. Plusieurs établissements de l’ESR notamment semblent se diriger vers ce choix, provoquant une désorganisation opérationnelle très fortement ressentie par tous les agents et les usagers.

Pour le Sgen-CFDT, ces missions incombent pleinement au service public car il s’agit avant tout de sécuriser des données de l’état et de maîtriser pleinement les procédures internes et les connaissances « métiers ». L’expérience de SIRHEN a d’ailleurs montré combien cette connaissance est essentielle si l’on veut être en mesure de développer des outils qui correspondent pleinement aux attentes des utilisateurs et des usagers.

Restaurer l’attractivité

Afin d’attirer, fidéliser dans un contexte de rareté des compétences, le Sgen-CFDT demandera dans les jours qui viennent  une audience au Ministère de tutelle afin de négocier des mesures propres à restaurer l’attractivité des métiers de l’informatique et du numérique, en commençant par mettre en place un référentiel indemnitaire prenant en compte leur spécificité.