La construction du budget de l'Université est l'objet d'un débat d'orientation budgétaire. Il permet à la gouvernance de présenter ces orientations et aux élus du conseil d'administration d'amender, de proposer, de soutenir des orientations.
Les élus du collectif l’Université Autrement, dans un contexte financier difficile ont souhaité réaffirmer leurs attentes et objectifs.
Ce débat d’orientation budgétaire a été agrémenté d’un document complet présentant de nombreuses actions et axes.
Le débat d’orientation budgétaire est bien le moment où nous pouvons proposer que la préparation du budget 2024 apporte des éléments forts dans deux domaines qui nous tiennent à cœur :
- Celui de la transition écologique
- Celui de la politique des emplois, véritable richesse de notre établissement
Transition écologique
La transition écologique n’est pas un gadget, il s’agit bien d’une urgence pour mettre en place des axes et des actions pour transformer nos campus, en faire des campus en transition répondant ainsi aux orientations adoptées à l’unanimité par le conseil d’administration dans la déclinaison du plan de sobriété. Ce fut un acte politique fort.
Nous sommes cependant conscients qu’il y a des interrogations, des craintes, des résistances au changement.
Il y a mille façons d’agir, le débat d’orientation budgétaire propose des pistes mais nous souhaitons revenir sur la question des déplacements qui est un point central, les déplacement domicile-travail, les déplacements professionnels.
C’est un sujet écologique, économique et social.
Sur la question du déplacement domicile-travail, la mise en place d’un soutien financier proposant une alternative à l’utilisation de la voiture doit être trouvée comme une refonte du cadre de travail qui doit proposer de nouvelles dispositions pour adapter le temps de travail avec les contraintes des transports en commun. Ces points figurent dans les orientations, nous les soutenons.
Le deuxième sujet est un sujet de la responsabilité de l’employeur et concerne les déplacements dans le cadre professionnel. La mise en place d’un diagnostic labo 1point5 ou la simple intégration d’indicateurs « transition écologie et sociale » dans le tableau de bord des laboratoires peuvent faire penser furieusement à l’index sénior dans une loi fortement contestée – nous le rappelons #64ans, c’est toujours non. Les orientations budgétaires 2024 doivent prendre en compte un nouveau paradigme avec la mise d’un bilan carbone obligatoire au sein des équipes de recherche avec en ligne de mire la réduction du coût carbone telle que le gouvernement l’a défini.
Ainsi, par exemple, la production de l’empreinte carbone générée par un déplacement professionnel devrait pouvoir être joint avant tout signature d’un ordre de mission. Le site labo1point5 d’un usage simple peut répondre à ce changement dans les pratiques des déplacements professionnels.
Enfin, dans le cadre de la formation autour de la transition écologique, la sensibilisation aux enjeux de la transition écologique doit être entrepris non pas par catégorie d’emplois mais par collectif de travail : site, équipes de recherche et composante.
Politique des emplois
L’autre point sur lequel nous souhaitons intervenir est bien sûr la question de la politique des emplois. C’est le sujet central car il conditionne nos activités d’enseignement, de recherche et de pilotage dans le sens d’accompagnement dans les missions d’un établissement scientifique, culturel et professionnel.
Les orientations proposées sont prudentes et nous le serions à moins si l’Etat n’insécurisait pas tant le versement des subventions.
Pour autant la question de la précarité comme des perspectives d’évolution professionnelle trop lointaine peut miner les collectifs de travail. Alors si l’ouverture de discussion autour de la rémunération des enseignants en CDI est attendue, l’établissement ne pourra pas faire l’impasse dès 2023 de l’ouverture d’une négociation sur les rémunérations et gestion de carrière des personnels biatss en CDD comme en CDI. A ce titre, une demande d’ouverture de négociation dans le cadre de l’article L222.3 du code de la Fonction publique sera prochainement formulée par plusieurs organisations syndicales dont la CFDT et l’UNSA imposant à l’employeur un cadre de négociation.
En abordant ce sujet, sommes-nous déconnectés de la réalité sociale. Nous reproduisons ici un courriel qu’une nos collègues va adresser à la DRH :
« J’ai reçu le mardi 20 mars 2023 le 5e avenant à mon contrat en CDI. J’y lis qu’à compter du 01/01/2023, je passe échelon 3 sur « la grille de rémunération applicable aux contractuels ». Je passe donc d’un IM de 353 (soit le minimum légal de traitement, équivalent au SMIC) à 355. L’échelon 3 de cette « grille de rémunération applicable aux contractuels » est plus bas que l’échelon 1 de la grille en cours de validité pour les titulaires, dont l’IM est de 356.
Moi qui n’ai jamais quitté les BU depuis que je suis passée sur les bancs de la fac en l’an 2000, moi qui compte presque 15 ans d’ancienneté, je passe échelon 3 sur une grille caduque et déconnectée du contexte politique, économique et social, une grille en vigueur avant le Covid, avant la guerre en Ukraine, avant l’inflation, avant le rehaussement du Smic et du point d’indice, avant la réforme des retraites.
J’ai reçu cet avenant comme une gifle. Je me suis sentie humiliée et offensée, pour emprunter à Dostoïevski le titre d’un de ses romans.
J’aime mon métier mais aujourd’hui plus que jamais, à l’heure où on sort dans les rues pour nos retraites, j’ai besoin qu’on respecte mon travail, qu’on reconnaisse ma valeur professionnelle et qu’on la rétribue décemment, en adéquation avec mes compétences, mes missions et mon expérience.
Nous ne disons pas que ce sujet est un sujet facile pour l’établissement, mais nous ne disons pas que ce sujet n’existe pas et nous avons dans notre établissement plus de 170 agents en CDI pour lesquels il est temps d’aborder cette réalité et d’avoir une politique salariale connue, transparente et pas à géométrie variable selon les services, les activités, les catégories d’emploi.
Deux autres points nécessitent d’être abordés dans le cadre des orientations budgétaires : la trajectoire indemnitaire du Ripec 2, son volet fonctionnel mais également la trajectoire de la politique indemnitaire des biatss qui doit être revu en 2024.
Enfin, le débat d’orientation budgétaire 2024 propose sur les projets immobiliers un changement d’orientation lié à l’abandon annoncé du pôle Biologie sur le site Trousseau. Il ne faut pas attendre 10 ans pour réorienter le CPER 21/27 comme ce fut le cas pour le CPER 2015/2020 où l’établissement ne commence qu’en 2021 à utiliser les crédits.
Finir les opérations à Polytech et aux Tanneurs, maintenir une opération à 8 millions d’euros à Bretonneau, mettre 15 millions pour réhabiliter des bâtiments sur le campus de Grandmont et construire un équipement sportif aux Deux-Lions à proximité d’un lieu d’études 7.000 étudiants et de résidences universitaires sont des objectifs partagés qui concernent toute la communauté universitaire.
Pour en savoir plus, le document de présentation du débat sur les orientations budgétaires 2024, à télécharger ici.