Dans le contexte du débat d’orientation budgétaire (DOB) 2026 de l’université de Tours, la CFDT entend formuler plusieurs propositions structurées autour de la défense de l’emploi, de la soutenabilité financière, de la qualité de vie au travail et de la préservation des missions de service public.
Ces propositions s’appuient sur l’analyse du contexte budgétaire, des arbitrages passés et des orientations stratégiques présentées dans les documents institutionnels.
Défendre l’emploi et les conditions de travail
Parce que nous pensons que la première de nos richesses, c’est l’emploi public et les femmes et les hommes qui font vivre l’université dans ses missions scientifiques, pédagogiques et sociétales, le débat d’orientation ne peut se limiter à formuler des propositions vagues et ambigües.
Ainsi, le document présenté aborde les orientations en matière de gestion des ressources humaines. La CFDT s’interroge sur la proposition de différer l’ensemble de la campagne de recrutement des enseignants-chercheurs sans prendre en compte à minima le taux d’encadrement des équipes pédagogiques et les environnements propres à chaque unité de recherche. Cette proposition vaut-elle également pour les PU/PH qui impactent aussi fortement la trajectoire de la masse salariale ?
Par ailleurs, beaucoup de flou entoure les orientation en matière de gestion des personnels Biatss.
En effet, le document proposé reste vague. Que veut-dire réinterroger la politique de cédéisation ? Qu’est ce qui est mis derrière définir la politique d’ouverture de concours ou du repyramidage des emplois Biatss ?
La CFDT exprime son refus de toute nouvelle réduction d’effectifs, notamment le non-renouvellement de contrats à durée déterminée (CDD) qui fragilisera les équipes.
Mais au contraire, nous soutenons l’ouverture de concours pour les postes vacants, en particulier dans les filières et métiers en tension et nous nous opposons la politique de « seulement renouveler sans créer » qui limite l’ambition de l’université.
Par ailleurs, la politique de cédéisation doit être clarifiée et sécurisée, afin d’éviter la précarisation toujours grandissante des personnels contractuels.
Le débat d’orientation budgétaire est bien l’occasion de poser des perspectives avec la nécessité de proposer un budget soutenable qui ne sacrifie ni l’emploi, ni la qualité du service public, ni la vie universitaire.
Soutenabilité financière et transparence
Le sous-financement de l’université de Tours est récurrent et nous soutenons toute démarche qui vise à mobiliser les pouvoirs publics par tous les moyens possibles.
Il est nécessaire de poursuivre une mobilisation collective (université, élus locaux, partenaires) pour obtenir une réforme équitable du système d’allocation des moyens. En revanche, nous serons en opposition totale avec le nouvel esprit des COMP qui est annoncé par le ministre et qui viserait à adapter les capacités d’accueil aux seuls besoins économiques locaux.
C’est déjà en soi une aberration tant aujourd’hui la jeunesse est mobile dans la recherche d’un emploi ou dans sa poursuite d’études. Nous ne sommes plus au XVIIIe où l’horizon professionnel se limitait à la paroisse voisine. Nos étudiants commencent une licence dans un endroit et poursuivent leur cursus ailleurs comme nous le montre l’arrivée de nouveaux étudiants en master. L’université de Tours accueille chaque année autour de 30% de nouveaux étudiants en master avec des situations contrastées selon les composantes : 14% à Polytech, 24% en Arts et sciences Humaines, 31% en Droit, 51% en Sciences.
Aussi, l’approche du ministère est une approche utilitariste à court terme qui n’est pas acceptable et déconnectée de la réalité du monde du travail. Nous refuserons cette contractualisation autour d’une trajectoire d’évolution des capacités d’accueil permettant ainsi d’ajuster les flux de formation aux besoins en compétences identifiés localement. Et pour reprendre les propos du ministre, il attend identifier ces besoins grâce à une orientation efficace de l’offre de formation qui s’appuiera sur les données, nouvellement développées, d’insertion professionnelle des sortants de l’enseignement supérieur (Insersup). [communication au Conseil des ministres]
Et nous sommes allés voir ses données qui sont en libre accès : qui est prêt demain à fermer les masters d’économie, des sciences de l’ingénieur, la moitié des licences professionnelles parce qu’Insersup ne dispose pas des données suffisantes ?Qui est prêt demain à fermer les formations du CESR ou les parcours de masters qui ouvrent en dessous de 15 étudiants ?
L’université est-elle à ce point devenue une simple variable d’ajustement du marché ? Faut-il réorienter nos formations après l’annonce de ST Microélectronics de plusieurs centaines de suppressions d’emplois localement (3 sur 10 selon nos sources syndicales) ? Quelle sera sur ce sujet la conséquence dans notre partenariat Recherche et Développement avec cette multinationale ?
Plutôt que répondre aux sirènes du Ministre, il faut au contraire revendiquer une compensation intégrale et pérenne des mesures nationales non financées (revalorisations salariales, hausse du CAS pension), qui pèsent lourdement sur le budget de l’établissement et mettent en péril les équilibres financiers.
Enfin, s’il faut être vertueux sur les crédits publics, cela passe aussi par une transparence sur l’évolution des dépenses de fonctionnement et en particulier des dépenses liées aux recettes de la taxe d’apprentissage ou des dépenses de prestige ou de circonstance où quelques-uns pensent que le bon de commande est un ticket resto ! Que penser aussi d’un marché public avec un seuil de 540.000 euros d’objets promotionnels ou publicitaires ?
Préserver la qualité des missions de service public
Les arbitrages budgétaires ne doivent pas se traduire par une dégradation de l’offre de formation, de la vie étudiante ou de la capacité à mener des projets de recherche structurants.
Nous souhaitons garantir les recettes affectées à la vie étudiante (CVEC) pour qu’elles bénéficient effectivement aux étudiants, en évitant tout transfert ou dilution vers d’autres postes budgétaires. Et puisqu’il s’agit d’une contribution versée par les étudiants, ces derniers doivent être partie prenante et actrices et acteurs dans l’usage de ces crédits publics.
Enfin, il reste important de maintenir et de privilégier l’investissement dans les infrastructures prioritaires (rénovation énergétique, accessibilité, équipements pédagogiques), tout en veillant à la soutenabilité des engagements pluriannuels.
La qualité de nos missions de formation comme de notre capacité à proposer un débouché professionnel à nos étudiantes et à nos étudiants passent aussi par le soutien aux formations dont un des objectifs est directement professionnalisant : la préparation aux concours.
Sans rien faire, ni proposer, l’université de Tours passera en deuxième division dans un environnement régional concurrentiel (Orléans, Angers, Poitiers, Le Mans). Elle est déjà fortement contestée par des structures privées comme Excelia et tout récemment par l’implantation d’une nouvelle école d’ingénieur le CESI portée les branches patronale et soutenue par l’IMT, ce soutien de l’IMT ne doit-il pas nous interroger sur nos modalités de notre partenariat avec l’IMT ?
Pour être acteur sur notre territoire, il est nécessaire de soutenir les formations qui préparent aussi aux concours d’enseignement dont les résultats sont toujours aussi probants en développant un pôle d’excellence autour d’un collégium Formation des enseignants, structure ou portail qui permettrait de mettre en place une nouvelle licence de professorat des écoles ou encore de faire évoluer des formations permettant de préparer à des nouveaux concours comme le Capes de philosophie ou celui de sciences économiques et sociales, deux préparations n’existant pas dans notre académie.
Une telle structure de fait professionnalisante nous permettrait de gagner en visibilité dans un environnement fortement concurrentiel.
L’université, service public doit aussi renforcer la recherche de financement complémentaire par le développement de nouvelles formations en apprentissage. La voie donnée par le master de sociologie en ouvrant en deuxième année une formation par apprentissage est un exemple à suivre pour d’autres formations du secteur SHS où l’environnement économique pourrait être favorable à l’accueil d’étudiants en apprentissage comme en histoire de l’art grâce au fort potentiel touristique de la Région Centre Val de Loire ou dans les masters de psychologie dont les étudiants ne connaissent plus des difficultés d’insertion professionnelle avec un taux d’insertion à 18 mois de 90%. Le marché de l’emploi a évolué favorablement pour mettre en place l’apprentissage en master 2.
Enfin, le débat d’orientation budgétaire ne peut faire l’impasse sur trois autres sujets.
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- La nécessité de décliner des actions concrètes pour faire vivre le plan d’égalité femmes-hommes avec des actions concrètes et mesurables, telles que des formations sur les biais inconscients, des politiques de promotion équitables, et des mesures pour réduire les écarts de salaire.
- L’importance d’investir dans des infrastructures et des services pour améliorer l’accessibilité des personnes en situation de handicap, et promouvoir une culture inclusive au sein de l’université.
- L’urgence de décliner le plan de sobriété énergétique en renforçant les efforts pour réduire la consommation énergétique des bâtiments universitaires et promouvant des pratiques durables.
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Le débat d’orientation budgétaire est bien l’occasion de poser des perspectives avec la nécessité de proposer un budget soutenable qui ne sacrifie ni l’emploi, ni la qualité du service public, ni la vie universitaire. Cela passe aussi par l’exigence d’un dialogue social renforcé, une transparence accrue et une mobilisation collective pour obtenir de l’État les moyens nécessaires à l’accomplissement des missions de l’université de Tours.