UT : Fermeture « obligatoire », vers le statu-quo ?

Organisation du travail, rapport entre vie perso et vie pro, transition écologie et liberté : autant de questions qui interrogent les attentes des personnels de l'université de Tours.

Sur un sujet qui interroge l’organisation du travail, le rapport entre vie perso et vie pro, la sensibilité écologique et la question du libre choix de ses congés, une simple question binaire telle qu’elle fut proposée par la direction de l’établissement allait inévitablement amener à un résultat très partagé qui de fait n’apporte que peu de réponses aux questions que posait la CFDT, il y a quelques semaines.

Un résultat difficile à interpréter

Le vote électronique : c'est simple !La CFDT était favorable à une consultation des personnels mais dans un cadre plus explicite que la question binaire proposée et initialement, les organisations syndicales et les collectifs représentés au conseil d’administration (Alternative, Autrement et Ensemble) devaient pouvoir envoyer un message en amont du vote pour exprimer leur position. La gouvernance a préféré communiquer sur une seule expression : la sienne.

Avec moins de 450 votants opposés à la fermeture obligatoire (46%) et donc une majorité qui s’est soit abstenue (61% du corps électoral), soit a voté blanc (15%), soit a voté pour une fermeture obligatoire (39%), il n’est pas aisé d’en tirer des conclusions.

Pour autant, en questionnant nos adhérents et nos collègues, en récoltant leur parole, l’expression du vote à la question posée revêt de nombreuses significations.

Ainsi, cette abstention ou le vote blanc ne sont pas l’expression d’un désintérêt des personnels pour une consultation. Les récentes élections dans divers conseils nous ont montré l’attachement de la communauté universitaire à s’exprimer dès lors que les choix à faire étaient clairs.

Beaucoup de collègues ont considéré que demander de choisir alors qu’ils n’étaient pas forcément impactés par la mesure (locaux ouverts ou sans contrainte particulière lors de la fermeture des bâtiments) ou que la question ne répondait pas à leurs préoccupations autour de l’organisation du travail et de la nécessaire confiance au sein des collectifs de travail ou des mesures en faveur de la transition écologique, n’avait donc pas beaucoup de sens.

D’autres encore en votant pour une fermeture considéraient que faire 30.000 euros d’économie alors même que l’on refuse des renouvellements de contrat de travail ou des revalorisation salariale à des agents en poste depuis 3 ou 4 ans, étaient un signal envoyé à la direction de l’établissement : La transition écologique répond à une préoccupation de solidarité avec les plus précaires.

Enfin, nombre de celles et ceux qui ont voté pour le maintien de la fermeture expriment aussi des situations diverses : une vraie difficulté dans l’articulation entre vie perso et vie pro, une restriction d’une liberté dans l’organisation de cette articulation ou l’expression d’un sens du service public (BU ouvertes), le soulagement de prendre une « vraie » semaine de vacances sans devoir lire ses mails, comme nombre de collègues l’ont aussi exprimé dans l’enquête CFDT.

Car si les motivations individuelles sont multiples, l’enquête de la CFDT par le recensement des expressions libres formulées auprès des collègues, exprimait déjà la complexité des situations au travail et des attentes que la question telle qu’elle fut posée ne pouvait prétendre y répondre.

Et maintenant ?

Certains rêvaient d’un slogan d’une campagne lointaine : le changement, c’est maintenant !

Force est de constater que la gouvernance semble beaucoup plus réservée, les vice-présidentes et vice-présidents se sont tous exprimés pour le maintien de la fermeture lors du conseil stratégique d’Astres (Agenda stratégique de la transition écologique et sociale), le 28 mai dernier.

La CFDT s’est abstenue considérant que peu de réponses étaient apportées aux préoccupations des agents.

Prendre le temps du dialogue social

 

Comme sur un autre sujet, celui de l’encadrement de la messagerie syndicale, la gouvernance s’est pris les pieds dans le tapis.

Car en effet, à vouloir encadrer la messagerie syndicale, la CFDT a demandé à l’établissement de respecter les droits syndicaux qui ne se limitent pas au simple usage des listes de diffusion mais traitent aussi des moyens matériels et humains.

La gouvernance aurait mieux fait – plutôt que de répondre à quelques injonctions de ses courtisans – d’écouter et d’entendre la parole syndicale qui reste ancrée dans le réel au contact des agents et des réalités du monde du travail et de sa complexité.

Nous le rappelons régulièrement pour la CFDT, le dialogue social doit être perçu par l’employeur comme une richesse au service des agents et du service public et non comme une contrainte.