Le dépôt d’un préavis de grève a du sens, en soi, au moins autant qu’une grève plus ou moins suivie. Exemple avec l’appel à la grève du 24 janvier d'une intersyndicale où le Sgen-CFDT ne se trouve pas. Mais cela ne signifie pas que nous soutenons le ministère, bien au contraire !
Sur Le Café Pédagogique, il est fait allusion au fait que trois organisations syndicales dont le Sgen-CFDT, n’ont pas appelé à la grève lancée en particulier contre la réforme du Lycée : c’est lourd de sous-entendu et plutôt malveillant car notre position est incomprise, et présentée à tort comme complaisante.
Notre fédération a déposé un préavis de grève qui couvre toute action du 21 janvier au 28 février.
Ce préavis laisse la possibilité à chacun·e soit de faire grève le 24 en estimant que nous pouvons faire entendre une voix commune malgré les différences entre syndicats, soit d’entreprendre d’autres actions, soit de tenter de préparer malgré tout la rentrée prochaine dans les moins mauvaises conditions possibles.
Le Ministère Blanquer cumule une réforme à l’arrache et des fortes restrictions budgétaires.
Aucun syndicat n’accepte une 2° HS obligatoire ni les suppressions de postes dans le cadre de la calamiteuse mise en place de la réforme du Lycée. Pour autant, le Sgen-CFDT n’est pas près de rejoindre le camp des tenants du statu quo.
Lors du comité technique de décembre, le Ministère a cherché à masquer l’ampleur des suppressions de postes d’enseignants du second degré en mélangeant les heures postes et les heures supplémentaires. C’est maintenant en comité technique académique et bientôt dans les établissements que la transformation des suppressions de postes en heures supplémentaires devient visible et concrète pour les collègues, pesant sur les préparations de rentrée dans les collèges et les lycées professionnels, généraux et technologiques.
Depuis les annonces budgétaires, le Sgen-CFDT, dénonce l’intensification du travail qui se prépare et la non soutenabilité des réformes à mettre en œuvre. Cela l’a amené à appeler à la grève et à l’action pour dénoncer le budget de l’Éducation nationale le 12 novembre alors qu’il était débattu à l’Assemblée nationale.
Notre fédération a décidé de ne pas être signataire du texte rédigé par une intersyndicale nationale à laquelle…
3 syndicats dont le Sgen-CFDT n’étaient pas conviés !
Ce texte comporte des revendications sur le budget et le pouvoir d’achat qui sont aussi les nôtres. Mais il ajoute des revendications que nous ne partageons pas comme le retrait de la loi ORE et mélange des mots d’ordre différents.
Néanmoins la fédération a déposé des préavis de grève reconductible du 21 janvier au 28 février pour que les syndicats et sections puissent choisir ensemble les modalités d’action les plus appropriées au contexte local. Notre fédération met aussi des outils à disposition des équiper pour travailler sur les DGH et animer les débats et le travail revendicatif aux les collègues sur l’espace militant en ligne.
La fédération s’est déjà exprimée clairement sur :
- les heures supplémentaires,
- les incohérences de la réforme du bac et du lycée,
- la très mauvaise gestion des ressources humaines dans le cadre de la reforme de la voie professionnelle en particulier dans la filière gestion et administration (dès le 29 mai 2018, le 31 mai 2018, le 13 décembre 2018 et encore ces derniers jours auprès du directeur général des ressources humaines),
- et sur le fait que l’absence de créations de postes de CPE et de Psy EN conseillers en orientation ne permettrait pas d’améliorer l’accompagnement des élèves dans leurs choix d’orientation (par exemple ici).
Notre fédération va continuer à porter la critique, faire remonter au ministère et aux parlementaires les analyses que les syndicats font des documents de CTA et des TRMD et DGH. C’est pourquoi il est important que toutes les équipes communiquent sur leurs actions et les témoignages de collègues et de collectifs de travail sur nos sites, nos réseaux sociaux etc.
Pourquoi notre fédération n’a pas signé l’appel intersyndical
- Demander, comme nos partenaires syndicaux, un simple retrait de la réforme c’est trouver que l’existant nous convient… Nous demandons le report pour renégocier). Certains points de la réforme actuelle pourraient encore être corrigés, d’autres pourraient avoir éventuellement des conséquences positives (mieux former les élèves à l’informatique par exemple)
- Nos partenaires syndicaux demandent l’abandon de ParcourSup, qui est certes à améliorer, mais certainement pas à vilipender (lire : https://www.sgen-cfdt.fr/actu/parcoursup-an-ii-des-ameliorations-obtenues-par-le-sgen-cfdt/)
- Ces organisations demandent le retrait de la réforme de la voie pro arguant de la réduction des heures d’enseignement général, d’après nos informations, des dédoublements seraient prévus, ce qui pourrait améliorer leur qualité, là encore un temps de débat est nécessaire….
- Ces partenaires syndicaux potentiels prétendent proposer des actions communes… mais n’invitent pas tout le monde à leur table…
- Un rééquilibrage des moyens entre le 1er et le 2nd degré est acceptable, voire souhaitable
- La proposition d’appeler à une grève et manifestation avec les lycéens ne correspond pas non plus à la ligne que nous avions adoptée en décembre dernier (lire ici).
- En ne liant pas les revendications sur le pouvoir d’achat aux actions qui se préparent dans les fonctions publiques, l’action proposée manquera de lisibilité.
Et les grèves précédentes n’ont eu aucun effet !
Mais les raisons du mécontentement sont très nombreuses !
- Le gouvernement ne se donne pas les moyens de ses propres réformes et ce sont les personnels qui en feront les frais : intensification du travail et perte de sens notamment.
- Le nombre très important de suppressions de postes chez les administratifs (-400)
- Les suppressions de postes importantes dans le 2nd degré (-2 450) que le ministère veut masquer en instituant une 2° HS obligatoire
- Un budget insincère avec des règles du jeu qui changent en cours de route : des annonces de suppression en décembre qui ne correspondent plus à ce qui est proposé en janvier car on convertit les heures sup en heures postes… pour caser sans doute la 2ème heure sup annoncée.
- Une gestion abracadabrantesque des ressources humaines : par exemple, nouvelle discipline créée en seconde (SNT) sans le vivier d’enseignant·e·s formé·e·s en face, sans proposition de décharge pour les collègues qui devraient les enseigner
- Une inquiétude forte sur les inégalités scolaires que vont générer des programmes plus exigeants (rejetés par le CSE), sans réel dispositif efficace d’accompagnement personnalisé
- La suppression des TPE, que nous déplorons comme le signe très réactionnaire de l’abandon de la pédagogie de projet, du travail de groupe, de l’interdisciplinarité, du développement de compétences transversale
- Une inquiétude forte sur la re-création de filières ségrégatives où les maths joueraient encore plus le rôle de « trieur social »
- Une inquiétude forte sur la capacité réelle et effective des familles et des élèves à choisir leurs spécialités
- Une inquiétude forte sur les complexités d’emplois du temps susceptibles de créer une amplitude de journée plus grande et de dégrader les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignant·e·s
- La surcharge de travail des équipes de direction : Le Sgen-CFDT est la seule organisation syndicale ayant dénoncé l’organisation des épreuves successives que devront assumer les équipes de direction des lycées.
- Des interrogations sur les équités territoriales par rapport à la carte des formations ainsi qu’à l’égalité d’offres entre le public et le privé.
- Et, toujours, le gel du point d’indice.
Notre opposition aux méthodes et à l’idéologie de ce ministère ne nous classe pas dans le camp des béni-oui-oui.
De quels moyens d’action dispose-t-on ?
Au Sgen-CFDT, nous essayons de ne pas appliquer une logique descendante. Nous avons des débats sur les modalités d’actions les plus pertinentes
La grève est classique. Peu efficace souvent, elle ne peut peser que si elle est massive, et encore cela ne suffit pas. C’est cependant ce que les collègues attendent en général des syndicats quand ils sont confrontés à des problèmes et à la difficulté de trouver des solutions alternatives et donc de proposer une autre voie au mécontentement.
D’autres moyens sont proposés : port de brassard symbolique, distribution de tracts sur des marchés, rassemblements sur des jours et horaires accessibles à tous, interpellation d’élus, d’associations de parents d’élèves, déclarations en conseils d’administration, en conseil pédagogique, boycott de CA, grève des notes, flashmob, pétition, utilisation de réseaux sociaux etc… Et nous sommes ouvert·e·s à toute suggestion.
La rétention des notes au lycée (qui n’est pas sans risques) peut être efficace car elle oblige le gouvernement à trouver une solution sous peine de blocage complet de Parcoursup. Elle a cependant deux gros défauts. D’une part, elle est à double tranchant. Les parents vont vite trouver que leurs enfants sont pris en otage et risquent de se retourner contre les enseignants. Cela peut en fait, au bout de quelques semaines, donner du grain à moudre au ministre et mettre l’opinion publique de son côté. Devant les conséquences pour les élèves, beaucoup d’enseignants risquent de ne pas suivre. Les tensions entre collègues risquent de devenir importantes, entre ceux qui suivent et ceux qui refusent. Souvenons-nous de ce qu’il s’est passé dans les salles des profs durant la réforme du collège.
Autre moyen, le boycott de la fonction de prof principal est plutôt une action sur le long terme, puisque, évidemment, elle ne prendra effet que l’année prochaine, mais comme elle est une menace, elle sera plus populaire puisqu’elle ne touchera pas les élèves cette année.
Un choix cornélien
C’est donc à nous de choisir aujourd’hui entre deux issues : le maintien du système actuel ou celui proposé par le ministre. Lequel est le moins néfaste pour les élèves ? Le bénéfice relatif pour les élèves mérite t-il un coût aussi important pour les personnels ?
Il nous est aussi difficile de nous engager réellement dans l’action contre la réforme, en accompagnant d’autres syndicats qui demandent son arrêt complet et même si nous continuons à mettre en avant nos revendications, que de rester sur le côté en disant qu’on n’est pas d’accord avec le ministre mais que ce qu’il propose est moins mauvais que le système actuel.
L’enjeu n’est pas anodin. La CFDT met en avant l’efficacité que doit avoir le syndicalisme, et cela passe par une ligne et des objectifs assumés. Or nous sommes pour le moment coincés parce qu’il n’y a aucune sortie positive crédible et que le ministère ne crée pas les conditions d’un dialogue social efficient. Notre fédération peut encore durcir sa position mais sans cautionner l’idée que le syndicalisme est devenu vide de sens en s’obstinant à appeler à des actions non suivies ou trop peu.
Merci à Pascale, Véronique, Paul et Olivier, à Catherine et à la Commission Exécutive fédérale
Pour nos adhérent·e·s sur demande, nous pouvons envoyer un guide d’auto-formation DGH lycée ainsi qu’un tableur vous permettant de voir l’impact des choix d’utilisation de marge sur les postes