Rectorat d’Orléans : des personnels administratifs en souffrance

L’Education Nationale n’est pas faite que de profs devant des élèves. On oublie facilement tous les personnels qui travaillent dans les bureaux, en établissement ou dans les services.

Le 12 juin 2017, le Sgen-CFDT Orléans-Tours a organisé une Heure d’Information Syndicale au rectorat d’Orléans (site Marcel Proust) à la suite de plusieurs signalements de souffrance au travail dans un service précis du Rectorat, avec des pratiques et des conduites abusives de la part de certains cadres responsables qui s’apparentent de très près à des formes de harcèlement moral (critiques systématiques, dévalorisation, surcharge de travail ou placardisation, communication très insuffisante, …).

De plus, nous avons su que la Médecine du Travail avait déjà été saisie à l’interne (Infirmière et Médecin conseil du Rectorat), mais sans effet notable sur la dégradation des conditions de travail.

Plus qu’un fort malaise, une souffrance

Dans notre demande au Rectorat (Cf. ci-dessous annexes 1 et 2), dont la 4° destinataire est la responsable de la Dafpic, nous avons fait état du « fort malaise des personnels dans au moins l’un des services du Rectorat », ce qui a poussé le Secrétaire Général du Rectorat à téléphoner en personne au Secrétaire du Sgen-CFDT Orléans-Tours pour s’inquiéter à la fois de la thématique retenue et du centrage sur la Dafpic, qui ne lui avait évidemment pas échappé.

Pour le Sgen-CFDT, l’action syndicale commence dès qu’il y a alerte aux autorités. La simple annonce d’une HIS et de son motif doit être considérée comme un avertissement. C’était le premier objectif de l’organisation de cette HIS. Et le Secrétaire Général du Rectorat a aussitôt répondu qu’il sera « à l’écoute ».

Objectif de l’HIS

Cette HIS avait donc pour but essentiel de faire s’exprimer les ressentis et témoignages de telle sorte que chacun puisse parler sans craindre de représailles de la part de certains chefs de service. Déjà il apparaît que des collègues n’ont pas pu participer à cette réunion, soit pour cause d’arrêt-maladie (conséquence de stress professionnel ou de déprime), soit par peur d’un « retour de bâton », ce qui en dit long sur l’ambiance régnant dans certains services.

Comme il n’est pas question par conséquent de faire un état précis des témoignages recueillis lors de l’HIS, voici juste une synthèse des points névralgiques les plus douloureux.

Synthèse des problèmes rencontrés

La gestion des ressources humaines est très déstabilisante pour de nombreuses personnes, notamment à la Dafpic comme au Gip. Les agents souffrent aussi de l’image dégradée voire désastreuse que donne le service à l’extérieur.

Les collègues constatent qu’on leur impose sans la moindre concertation ni justification d’utiliser, en plus de la pointeuse du rectorat, le logiciel du Greta pour saisir leurs demandes de congés (congés payés, maladie, révisions concours, récupérations HS, temps partiel, réunions syndicales, etc…). Pour tout congé, il faut donc remplir 2 demandes, et celle faite sur le logiciel du Greta prime pour la réponse. Les agents trouvent ce système ingérable et particulièrement pénible surtout quand leur demande est accordée ou rejetée à la dernière minute, alors que – dans un délai raisonnable – le silence vaut accord. Au flicage systématique s’ajoute la volonté de déstabilisation.

Quel que soit le service, au cœur de ces problèmes, les personnes ressentent avec douleur la perversité des relations que leur chef de service leur impose : à la charge de travail excessive s’ajoute les critiques sur la prétendue mauvaise organisation de ses tâches. La souffrance se trouve individualisée. Les reproches sont faits sans témoin.

Certaines personnes se sentent prises comme « tête de turc ».

Les agents ont non seulement besoin de travailler en confiance mais aussi de se sentir protégés.

Certaines périodes de fortes pressions sont particulièrement difficiles : le stress des chefs de service se répercute sur leurs subordonnés. Dernier exemple en date à la DEC après la grogne de profs de Lettres, attisée par la FSU, contre les modalités d’organisation de l’EAF (le Bac de Français : écrits et oraux).

Autre sujet de conflit : le choix des périodes où les agents sont autorisés à prendre leurs congés. En l’absence de règles clairement fixées par écrit, les agents sont condamnés à l’incertitude.

Un turn over anormalement rapide : signe de souffrance

La direction du Rectorat devrait s’interroger sur le « turn over » dans certains services : la rotation sur certains postes, quelle que soit la catégorie, est anormalement rapide.

La souffrance de l’agent victime de pressions excessives voire de harcèlement moral se termine par une demande de mutation : pour l’agent c’est une double peine puisque, après avoir subi une situation intenable, c’est lui qui se voit obligé de partir. Cette situation est à comparer avec les quelques cas où c’est un chef de service qui est poussé vers la sortie, cela se traduit alors, la plupart du temps, par une promotion.

Quelle GRH face à la souffrance ?

On se demande si les chefs de service reçoivent la moindre formation à la gestion des ressources humaines. Clairement, il est urgent qu’une telle formation soit imposée à certain·e·s ! Ainsi, d’une manière générale, le choix du supérieur d’avoir des entretiens individuels avec les agents apparaît comme une volonté de fractionner et d’individualiser leur situation en évitant de traiter globalement des missions et de la dynamique du service.

La note rectorale du 1er juin envoyée aux Dafop, Dan, Cardier, Dafpic, Dareic et Daac concernant les règles de gestion applicables aux personnels enseignants exerçant dans les services académiques a également un effet très déstabilisant car elle n’est pas comprise par les intéressés, qui y voient une menace sur leur affectation actuelle au rectorat.

Enfin, le fait que le Sgen-CFDT Orléans-Tours entretient de bonnes relations avec tel ou telle chef·fe de service ne l’empêche pas de constater qu’il peut y avoir des difficultés.

Suites :

  • Question ajoutée à l’ordre du jour du Comité Technique Académique du 20 juin 2017 : (annexe 3)
  • Compte-rendu de l’HIS
  • Envoi du compte-rendu à la Rectrice après le CTA du 20 juin
  • Publication du compte-rendu sur le site https://orleans-tours.sgen-cfdt.fr/

Documents distribués (Source Sgen-CFDT) :

4 pages sur le harcèlement moral au travail (1. Les textes législatifs qualifiant ou sanctionnant le harcèlement moral au travail ; 2. Comment repérer le harcèlement ; 3. Rôle des syndicats ; 4. Quelques références et adresses, bibliographie, associations)

et « Le harcèlement dans notre milieu professionnel » extrait du dossier publié dans Profession Éducation, le mensuel du Sgen-CFDT, en avril 2015 : Le harcèlement en question.

 

Annexe 1 : mèl annonçant l’HIS du 9 puis du 12 juin

——– Message transféré ——–

Sujet : Heure d’Information Syndicale au rectorat
Date : Tue, 6 Jun 2017 14:10:41 +0200
De : Sgen-CFDT Orléans-Tours <orleans-tours@sgen.cfdt.fr>
Pour : ce.recteur@ac-orleans-tours.fr <ce.recteur@ac-orleans-tours.fr>, Daumin Michel <michel.daumin@ac-orleans-tours.fr>, ROPITAL Dominique DRH <dominique.ropital@ac-orleans-tours.fr>, abrunet-tessier <agnes.brunet-tessier@ac-orleans-tours.fr>

Madame la Rectrice,

Monsieur le Secrétaire Général,

Madame la Secrétaire Générale adjointe, DRH,

Madame la DAFPIC

J’ai l’honneur de vous informer de la tenue d’une Heure d’Information Syndicale vendredi 9 juin 2017 à 16 h. dans les locaux du Rectorat, rue Saint-Etienne. Nous vous remercions d’avance de prévoir une salle à cet effet.

L’ordre du jour (Cf. pièce jointe) reflète un fort malaise des personnels dans au moins l’un des services du Rectorat : il nous paraît urgent d’en parler et d’y apporter remède.

Respectueusement,

Michel de PEYRET, secrétaire académique

 

Annexe 2 : courrier de demande d’HIS le 12 juin : HIS Rectorat

Annexe 3 : « Question diverse » envoyée le 14 juin pour ajout à l’ordre du jour du CTA du 20 juin : Question diverse au Comité Technique Académique

Le point au 12 juillet

Un mois après notre rencontre en heure d’info syndicale rue Marcel Proust, et avant de partir en vacances, voici où nous en sommes de notre intervention sur le gros malaise ressenti dans certains services, en particulier du côté de la DAFPIC.

Vous verrez ci-dessous le message envoyé le 11 juillet aux autorités rectorales pour faire le point à partir des réponses du Secrétaire Général données au CTA du 20 juin et nos objectifs afin que tous les personnels soient traités correctement.

La période est hélas peu favorable pour former une délégation… si nous arrivions à convaincre des volontaires.

——– Message transféré ——–

Sujet : Suite d’une question diverse au CTA de juin 2017
Date : Tue, 11 Jul 2017 16:51:22 +0200
De : Orléans-Tours <orleans-tours@sgen.cfdt.fr>
Pour : Cabinet du Recteur <ce.recteur@ac-orleans-tours.fr>
Copie à : Rectorat Secrétariat Général <ce.sga@ac-orleans-tours.fr>, Dominique Ropital <dominique.ropital@ac-orleans-tours.fr>

Madame la Rectrice,

Nous avons demandé que soit abordé au CTA du 20 juin 2017 « un questionnement urgent sur la souffrance au travail » dans certains services du Rectorat, souffrance que nous avons constatée lors d’une heure d’information syndicale qui a eu lieu le 12 juin et dont vous trouverez le compte-rendu en pièce jointe.

Nous avons répété devant le CTA nos interrogations sur les maltraitances voire le harcèlement moral dont plusieurs agents sont victimes, et c’est Monsieur le Secrétaire Général qui a longuement répondu.

Trois semaines après le CTA, nous nous permettons de revenir vers vous, Madame la Rectrice, pour faire le point sur ce dossier avec le courrier ci-joint (« Suite question diverse au CTA« ).

Extrait :

Trois semaines après le CTA, nous nous permettons de revenir vers vous, Madame la Rectrice, avec quatre objectifs :

1.              acter que l’alerte a bien été transmise au plus haut niveau de l’Académie

2.              vous signaler que non seulement la question reste pendante, qu’il n’y a aucun signe d’amélioration mais que la situation s’est encore dégradée comme si, pour certaines personnes, le fait d’être en position de « chef » donne un sentiment d’impunité, et des risques sérieux continuent de peser sur les personnels en souffrance

3.              vous informer de notre intention de saisir le CHS-CT du Loiret afin qu’il fasse son enquête

4.              vous prévenir que nous allons rechercher des convergences intersyndicales sur ce sujet afin de donner plus de poids à notre exigence que les personnels soient traités correctement.

Veuillez agréer, Madame la Rectrice, l’expression de notre attachement au respect de tous les agents du service public de l’Education.

Cette problématique qui nous soucie

La réponse du Rectorat n’a pas traîné : le Secrétaire Général invite le Sgen-CFDT Orléans-Tours le 13 juillet à « discuter de cette problématique qui nous soucie« , accompagné des trois adjoints au secrétariat général (Mmes Chambrier et Ropital, et M. Pérus).