Chartres : offrir le choix aux personnels du Collège Jean Moulin

Le Sgen-CFDT Orléans-Tours a été reçu le 28 janvier par la Rectrice de l’Académie d’Orléans-Tours pour évoquer les conséquences de la désaffectation du site du Collège Jean-Moulin de Chartres pour ses personnels d’enseignement, d’éducation et de surveillance.

La Rectrice, accompagnée du Secrétaire Général adjoint du Rectorat, du SG adjoint Directeur des Ressources Humaines, de son Directeur de cabinet et de la Secrétaire Générale de la DSDEN d’Eure-et-Loir, a reçu la délégation du Sgen-CFDT Orléans-Tours, pendant 1 h 15 au sujet de l’avenir des personnels du Collège Jean Moulin de Chartres.

Pas de consensus

L’entretien a permis de clarifier nos positions respectives sans arriver à un consensus.

Dans notre demande d’audience du 12 décembre 2018 (Lire sur notre site : Collège Jean Moulin de Chartres : fermé aux élèves, pas aux personnels ?), nous exposions déjà notre point de vue.

L’audience nous a donné l’occasion d’insister sur le problème des affectations provisoires que le Rectorat veut accorder aux personnels, sur leurs souffrances qui s’accentuent face à un réel déficit de communication, sur notre scepticisme vis à vis du Conseil Départemental – qui est tout à fait en droit de renoncer à mener les travaux à leur terme considérant que les collèges  concernés par le redéploiement absorberont  « aisément » les élèves de Jean-Moulin, soit 2 747 élèves attendus  en 2019 et que des modifications  de la carte scolaire peuvent permettre un rééquilibrage sur l’ensemble des collèges de l’agglomération. Le total de 2 747 élèves est celui des effectifs prévisionnels fournis par la DSDEN pour la rentrée 2019 des 4 collèges de redéploiement ( Hélène Boucher, Mathurin Régnier, Soutine et Jean Monnet) ; à comparer avec les plus de 2500 prévus à la rentrée 2015, avant la construction des extensions de Mathurin Régnier et de Soutine, ni les travaux d’aménagements à Hélène Boucher (demi-pension et salles spécialisées notamment).

Beaucoup de citoyens chartrains ont des doutes…

Le Conseil Départemental peut modifier les travaux en cours de route, voire annuler le projet, les réglementations en la matière le permettent.

La Rectrice semble comprendre notre défiance à l’égard du Conseil Départemental, qui à ses yeux était justifiée dans un premier temps par la décision initiale de celui-ci d’agrandir le Clg Hélène Boucher et de ne pas rouvrir le Clg J. Moulin, puis de présenter un calendrier de travaux peu crédible. Mais elle se dit plus confiante à l’égard du nouveau Président du Conseil Départemental, qui lui paraît plus bienveillant que son prédécesseur pour l’école publique et qui lui « a donné sa parole » !

Il a donné… sa parole !

Certes, le Rectorat s’est opposé la fermeture définitive de J. Moulin mais il lui a été impossible d’obtenir des délais assez courts pour l’aménagement de l’ancienne Espé pour qu’un transfert « de murs à murs » soit possible. La Rectrice se dit certaine que les collègues de J.Moulin retrouveront leur établissement et que l’avenir du Clg J.Moulin est assuré.

Selon la Secrétaire Général de la DSDEN, cette assurance repose sur le rétroplanning des travaux qui a été communiqué (le Conseil Départemental dit qu’il est en avance sur les délais prévus), sur le fait qu’il existe un programme pluriannuel d’investissements dans les collèges d’Eure-et-Loir (J.Moulin et Auneau) et qu’il y a en préfecture un comité de suivi dont fait partie un·e représentant·e des personnels.

L’appel d’offres pour le collège Jean Moulin 2

II a été publié le 21/01/2019 est intitulé « Travaux de reconversion du site de l’ESPE à Chartres » : http://www.eurelien.fr/marches-publics

Description de l’avis de marché public :

LIEUX D’EXECUTION : rue du Maréchal Leclerc 28000 CHARTRES

DELAI D’EXECUTION :

Il est fixé une période de préparation d’une durée de 2 mois. Cette période débute à compter de la date fixée par ordre de service, au plus tard le 02/05/2019.

La date d’achèvement des travaux doit intervenir au plus tard le 30 juin 2020. Cette date est incontournable pour une ouverture à la rentrée scolaire de septembre 2020.

PSE (prestations supplémentaires éventuelles) :

– PSE 1 – Rénovation des logements côté rue Philippe Desportes

– PSE 2 – Travaux de nettoyage (établissement scolaire)

– PSE 3 – Travaux de nettoyage (logements de fonction)

– PSE 4 – Rénovation des clôtures extérieures (soudure, peinture) / Rénovation du portail d’accès aux logements depuis rue Maréchal Leclerc / Rénovation et remise en service du portail de la cour d’honneur

Au Sgen-CFDT, nous n’avons pas de certitude que les travaux ne durent qu’un an. Mais, pour la DSDEN, les locaux existent déjà, il s’agit seulement d’un réaménagement et celui-ci est assuré pour la rentrée 2020. En cas de dépassement des délais, les entreprises sont soumises à d’importantes pénalités.

Offrir le choix aux personnels

Au Sgen-CFDT, nous estimons qu’il est important d’offrir le choix aux personnels et que, dans l’immédiat, il n’est pas tenu compte de leur conception ni de leur métier ni de leur parcours professionnel : le Rectorat va leur imposer des adaptations provisoires dans de nouvelles équipes et sur des services qui ne seront pas toujours complets.

Les collègues vivent cette perspective comme une sanction alors qu’ils subissent depuis 4 ans un stress considérable et que le Projet Académique prétend respecter « l’égalité de traitement » et « l’équité ». Où seront celles-ci lorsque leurs postes seront fermés et alors qu’ils sont déjà considérés comme des gêneurs dans l’écosystème chartrain ? C’est pourquoi le Sgen-CFDT exige que les personnels de J Moulin puissent bénéficier de Mesures de Carte Scolaire. Celles-ci leur permettraient de toutes façons de revenir à J.Moulin à sa réouverture.

La Rectrice veut préserver la stabilité dans l’agglomération et pense que des MCS provoqueraient du désordre dans me mouvement sur Chartres.

Du désordre ? INTOX !

Le Sgen-CFDT est en opposition frontale avec la Rectrice sur ce point car il est aberrant que les victimes passent à présent pour des gêneurs. A titre d’exemple, une cinquantaine de mutations ont été observées en 2018, dans l’agglomération de Chartres, près de 200 sur le département. Les 26 MCS qu’il faudrait faire impactent le mouvement, certes, mais ne l’entravent pas. Le Rectorat ne peut pas considérer les autres collègues de l’agglomération comme des moules collées à leurs rochers qui seraient déstabilisés par une vingtaine de MCS.

Le Rectorat se refuse à considérer qu’il y a fermeture de J.Moulin et ne veut parler que de « désaffectation » des locaux, de façon à garantir aux personnels de retrouver leur établissement après les travaux d’aménagement dès la rentrée 2020.

Abracadabrantesque

Pour le Sgen-CFDT, c’est l’adjectif qui qualifie la situation de ce collège qui ferme sans fermer, même si le Rectorat lui maintient son UAI [« Unité Administrative Immatriculée » : le code UAI est composé de 7 chiffres et d’une lettre dans le Répertoire National des Etablissements (RNE)] pour lui maintenir une existence administrative et une communauté éducative qui ne seront que virtuelles sauf pour le Chef d’établissement et la Secrétaire, qui auraient pour tâche de préparer la rentrée 2020 et de suivre l’avancement des travaux.

La DSDEN a calculé qu’il devrait y avoir peu de multi-affectations provisoires et que, après étude des DHG de janvier, la majorité des collègues seront affectés à 100 %. Le DRH craint que des MCS ne fassent courir le risque à certains collègues de se retrouver loin de Chartres. Le Sgen-CFDT redoute des ajustements entre février et septembre qui conduiraient à fractionner des services initialement prévus complets.

Pour le Sgen-CFDT, le Rectorat fait preuve de naïveté à l’égard du Conseil Départemental et ne s’inquiète pas de ce qui peut arriver en 2020 s’il change d’avis et qu’il faut aboutir quand même à des MCS, au bout de deux ans ! Les MCS de lycées seront passées avant. Des MCS dès à présent seraient une marque de dignité pour les collègues, et leur permettraient de se projeter dans l’avenir. Les collègues doivent avoir le choix entre une affectation provisoire et une MCS.

Aux yeux du Rectorat, la position du Sgen-CFDT est « alarmiste , et les collègues peuvent, au contraire, s’impliquer dans le projet de J.Moulin2.

Tous les collègues qui le désirent auront des rendez-vous individuels le 28 février avec les autorités du Rectorat. Tous les personnels recevront une proposition d’affectation provisoire.

 Questions annexes :

  • Le Rectorat prévoit l’ouverture d’une CHAAP (Classe à Horaires Aménagés en Art Plastique) en cours de négociation avec la Mairie et le Centre International du Vitrail de Chartres. Sur Hélène Boucher ou sur Jean Moulin 2 ?
  •  La CHAM (Classe à Horaires Aménagés en Musique) pourrait avoir un poste – que la Mairie veut transférer à H.Boucher – classé « poste à profil». Le Rectorat (DOS et DPE) va étudier à partir de quelle date il pourrait le faire.

Conclusion provisoire

La Rectrice semble trouver que ce dossier était mal engagé mais que la solution proposée est la moins mauvaise.

Le Sgen-CFDT Orléans-Tours compte sur le meilleur accompagnement possible pour toutes les catégories de personnels : chef d’établissement, gestionnaire, secrétaire, AED et profs dans cette fin d’année qui s’annonce très difficile. Le Rectorat semble en prendre note.

L’avenir nous dira si les craintes du Sgen-CFDT Orléans-Tours sont fondées ou non quant à la réouverture du Collège Jean Moulin dans de nouveaux locaux à la rentrée 2020.

Préavis de grève

Dans l’immédiat, le Sgen-CFDT Orléans-Tours a déposé un préavis pour une grève de trois jours du lundi 25 au mercredi 27 février 2019 inclus pour l’ensemble des personnels du Collège Jean Moulin, à Chartres.

Ce préavis vise à couvrir tous ceux qui seraient amenés à cesser le travail, notamment pour tenir des assemblées générales sur les sujets suivants.

  • Les différentes catégories de personnels de l’établissement estiment que, malgré les mesures d’accompagnement mises en place pour les soutenir face aux menaces pesant depuis 4 ans sur leur établissement, leur stress reste toujours important faute de garantie fiable que le « Collège Jean Moulin 2» ouvre un jour.
  • Elles ne sont pas rassurées par la notion de « désaffectation» des locaux actuels ni par l’espèce de continuité virtuelle de l’existence du collège en attendant l’hypothétique ouverture du « Collège Jean Moulin 2 » à la rentrée 2020.
  • Les personnels du Collège demandent que le choix leur soit proposé entre une affectation provisoire comme celles que recherche le Rectorat et une mesure de carte scolaire en bonne et due forme, selon les cas.