Le CLES : une certification publique qui doit comme les autres certifications être reconnue par l’État !

Pour un cadrage européen du CLES, qui n’exclut aucun étudiant ! Le Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur (CLES) est une certification nationale accréditée par le Ministère de l’éducation nationale.
Rappels et analyse du Sgen-CFDT.

Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur - CLESL’appel d’offre lancé par le ministère pour une certification en anglais destinée aux étudiantes et étudiants du premier cycle de l’enseignement supérieur pose fortement question sur la stratégie de l’État en matière de formation en langues. Uniquement tourné vers le secteur privé, il laisse de côté une des rares certifications répondant intégralement au cadre européen des langues !

Certificat de compétences en langues : rappel du texte

Un arrêté du 3 avril 2020 conditionne l’obtention des diplômes du 1er cycle du supérieur (BTS, Licence, Licence pro, DUT) au passage d’une certification en anglais. Les votes ont eu lieu lors du CNESER du 19 novembre 2019.
Le texte de l’arrêté précise que « Les candidats (…) se présentent au moins à une certification en langue anglaise faisant l’objet d’une évaluation externe et étant reconnue au niveau international et par le monde socio-économique. ».

Nos positions :

Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur

Le Sgen-CFDT avait alors interpellé le ministère, pour faire modifier la formulation précédente. En effet, nous pensons qu’une certification digne de ce nom doit reposer sur le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Cela exclut donc les certifications qui ne s’appuient pas sur ce cadre, et en particulier celles qui se contentent de limiter les tests à la compréhension, quelquefois de façon succincte. Il ne suffit donc pas d’être reconnu « par le monde socio-économique », à l’instar de certaines certifications qui ne garantissent aucunement de réelles compétences en anglais, pour l’ensemble des items nécessaires.

Une certification digne de ce nom doit reposer sur le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues.

À l’inverse, nous avions rappelé que le CLES fait partie des certifications élaborées conformément à ce cadre, et qu’il était par conséquent essentiel de l’inclure dans la gamme des certifications acceptées, même si sa reconnaissance par le monde socio-économique n’est pas encore très développée pour l’instant. En grande partie parce que les moyens en termes de marketing à la disposition des acteurs du CLES sont loin d’être équivalents à ceux déployés par certaines entreprises privées.

Un appel d’offres qui privilégie exclusivement le secteur privé

L’appel d’offres pour la « mise en œuvre et la délivrance d’une certification en anglais pour des étudiant.es » que le ministère a publié exclut de facto le CLES, notamment parce que figure dans les critères de sélection le chiffre d’affaire. Or, le CLES, produit par les universités, ne peut répondre à ce critère ! Sa mise en place a bien entendu un coût, mais ce coût ne se traduit pas par un chiffre d’affaire perçu, ce qui pénalise donc le service public.

Les modalités de rédaction des appels d’offre du ministère vont freiner son développement, en donnant plusieurs temps d’avance aux entreprises du secteur privé. Et le risque est grand que cette avance constitue un frein durable à la mise en place du CLES, alors qu’elle est une des rares certifications à répondre aux items du cadre européen.

Et à ce titre, il est plus que surprenant que le cahier des charges de l’appel d’offres se focalise largement sur la compréhension, et délaisse en particulier tout ce qui relève de l’oral (production et interaction). Cela limite très sérieusement les compétences évaluées, y compris au niveau nécessaire aux entreprises dans le cadre de leurs relations internationales.

Une certification en langues, pourquoi et à quelles conditions ?

Le principe de passage d’une certification en langues ne nous semble pas poser en tant que telle de difficultés : il ne s’agit pas ici d’imposer le niveau de certification, et l’étudiant n’est donc pas bloqué pour l’obtention de son diplôme. Cela permet ainsi de pouvoir attester du niveau de l’étudiant, que ce niveau soit élevé ou faible, alors qu’une note est toujours relative à un unique niveau attendu. La certification donne donc aux entreprises une vision indépendante du diplôme pour cette compétence transversale.

Le choix de la certification doit pouvoir s’ouvrir à d’autres langues.

une certification digne de ce nom doit reposer sur le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues.Par contre, il n’y a aucune raison pour que cette certification soit obligatoire pour la langue anglaise, et c’est d’ailleurs ce que le CNESER a rappelé fermement, à la quasi-totalité de ces membres. Le choix de la certification doit pouvoir s’ouvrir à d’autres langues (ce que le texte permet), ET ne pas imposer l’anglais.

Enfin, cette certification ne peut faire l’objet de frais supplémentaires pour les candidates et candidats, et là encore le vote du CNESER est sans équivoque, là encore à la quasi-totalité des membres présents.

Hormis l’absence – regrettable – du CLES parmi les acteurs éligibles, l’appel d’offres du ministère permet de limiter les coûts, mais laisse la charge financière aux établissements. Autrement dit, ils se retrouvent avec une nouvelle contrainte budgétaire (indépendamment du fait qu’on puisse trouver bon le principe de la certification), mais sans les moyens correspondants. Or, compte tenu de la leur situation financière des établissements de l’ESR, le risque est grand qu’ils ne demandent aux étudiant.es de financer au moins en partie cette certification !