En octobre dernier, la Sgen-CFDT de l’Université de Tours lançait une enquête pour connaitre vos attentes et vos questionnements autour du télétravail alors des discussions doivent s’ouvrir afin de décliner localement le nouvel accord national adopté par la CFDT, l’UNSA, la FSU, la CGT et SUD.
Alors vous avez été très nombreuses et nombreux à répondre à cette enquête. Parmi les répondants, la répartition par catégorie d’emploi est la suivante : 41% de catégorie A, 22% de catégorie B et 38% de catégorie correspondant en somme à la pyramide des emplois de l’établissement (37% de A, 23% de B et 40% de C dans le rapport social unique de 2021). On retrouve également 76% de femmes et 69% de fonctionnaires, celles et ceux qui bénéficient le plus des dispositions du télétravail.
Trajet domicile travail : quel temp perdu ?
Parmi les répondants, 35% ont moins d’une demi-heure de trajet domicile-travail journalier, 44% ont un temps de trajet entre une demi-heure et une heure et 16% entre une heure et une heure trente de trajet journalier. La catégorie d’emploi a peu d’influence sur le temps de trajet. Ainsi, 36% des agents de catégorie A ont un temps de déplacement inférieur à ½ heure, 34% pour les agents de catégorie B et 32% pour les agents de catégorie C.
Cette première approche devrait être complétée par une étude exhaustive de l’employeur sur la question des déplacements et plus largement des modalités de déplacement (voiture individuelle, vélo, transports collectifs). Allons plus loin, le cadre de travail hebdomadaire, le télétravail et les temps de déplacements doivent être réinterrogés pour concilier au mieux le temps de travail, le temps de vie personnel et l’usage des mobilités douces.
Travailler plus en télétravail : Pour plus d’efficacité ? Pour fuir son environnement de travail ? Pour gagner en qualité de vie ?
59% des répondants souhaitent augmenter le nombre de jours de télétravail et 42% souhaitent l’introduction ou le développement des jours flottants. Cette demande d’augmentation de jour de travail est demandée par 56% des agents de catégorie A ; 55% des agents de catégorie B et 65% parmi les agents de catégorie C ayant répondu à l’enquête CFDT. Enfin 52% des répondants encadrant une équipe souhaitent également augmenter le nombre de jours en télétravail pour eux-mêmes.
De cette attente, des collègues se posent plusieurs questions : comment s’organise l’accueil des usagers (personnels et étudiants), faut-il réorganiser les espaces de travail et la mise en place de Flex-office, comme organise-on le dialogue au sein des entités de travail ?
Quel dialogue social au sein des collectifs de travail ?
Pour la CFDT, l’organisation du travail ne doit pas être une approche descendante mais être un moment d’échange collectif et, sur les décisions individuelles, un recours en cas d’avis défavorable devant l’instance compétente (CPE ou CCPANT) doit pouvoir être réalisé. Or, 7%des agents répondants se sont vu refuser le télétravail soit du fait de l’activité de la structure ou soit d’un refus de l’encadrant et à ce stade aucune demande défavorable ne fut examinée par les deux instances de recours. (CPE : 30 élus CFDT sur 32 et CCPANT 5 élus CFDT sur 10)
A la question : Est-ce qu’un 2ème ou 3ème jour vous a été refusé ? Si oui, pour quel motif, là aussi, 16% des agents indiquent un refus du chef de service. L’absence d’une possibilité de recours pourtant explicite dans l’accord télétravail, l’absence d’une transparence dans les organisations de travail proposées nous interpellent. Un service par exemple interdit le télétravail le lundi et le vendredi, d’autres collègues indiquent le refus systématique du deuxième jour. La question du dialogue social et d’une présentation de l’organisation de travail au sein de chaque entité sont des priorités pour le Sgen-CFDT.
Le bonheur au travail ?
S’il ne faut pas exagérer tant notre section syndicale accompagne ou est saisie de situations au travail complexes, voir délétères, les répondants ont très largement exprimé une satisfaction de ce passage en télétravail en termes d’efficacité (68%) ou leur permettant de revoir l’organisation du travail au quotidien (18%), 4% considèrent que leur condition de travail s’est dégradée quand le même nombre juge prioritairement que l’ambiance au travail s’est améliorée.
Ce taux de satisfaction est confirmé quand on questionne l’évolution de la charge de travail où simplement 6% des répondants estiment une augmentation de leur charge de travail ou la question de l’isolement où 4% des répondants estiment être isolés de leur environnement de travail.
Enfin à la question : Sur une échelle de 1 à 10, quelle note attribuerez-vous à ces nouvelles conditions de travail ?, nous obtenons une note de 8,44 sur 10 et plus de 83% des répondants donnent une note supérieure à 7/10 sur leur nouvelle condition de travail.
Est-ce pour autant le bonheur au travail ? L’étude des expressions libres figurant dans ce questionnaire laisse entrevoir parfois des relations compliquées lors de la déclinaison du télétravail mais de manière plus large, au-delà de ce titre provoquant, la CFDT interroge la place du travail (Revue Cadres – lire le travail, n°498 octobre 2023).
Enfin, nous avons interrogé si les agents avaient pu bénéficier d’une formation et d’un accompagnement aux bonnes pratiques du télétravail. Parmi les répondants, 22% indiquent avoir bénéficier d’une formation (40% parmi les catégories A, 13% parmi les catégories B et 13% parmi les agents de catégorie C). Sur ce point, le projet du plan de formation 2024 omet, pour l’instant, complétement cette thématique alors même que la question du télétravail doit être réinterrogée. Dans ce cadre, le futur plan de formation pourrait s’enrichir des formations suivantes :
- une formation aux bonnes pratiques aux outils numériques (teams, droit à la déconnexion,…)
- l’animation d’un collectif de travail sur site et en télétravail,
- l’identification et la prévention des risques professionnels liés au télétravail,
- l’évolution des pratiques d’encadrement et d’animation,
- l’animation de réunions de travail hybrides.
L’enquête proposée aux agents nous permet donc d’avoir une première image des attentes avant le dialogue social autour de la déclinaison du nouvel accord national sur le télétravail. Le Sgen-CFDT formulera des propositions visant à améliorer l’accord national mais posera aussi les questions de l’évolution du cadre de travail de l’Université en interrogeant le sens du travail et de la place du service public en s’appuyant sur l’enquête « les agents du service public et le télétravail » publié en 2023 par Sens du service public.
Vous avez pris la parole exprimant des incompréhensions dans la gestion des demandes individuelles ou l’organisation des entités de travail. La CFDT formulera des propositions pour un meilleur accompagnement des encadrants mais également redonner du sens au dialogue social au sein des entités de travail.
Une collègue catégorie B dans une composante : «Il serait bien de pouvoir adapter les jours de TT en fonction de la présence des étudiants à partir de mi-juin pouvoir passer de 1 jour à 2 jours de TT jusqu’à la rentrée.»
un collègue contractuel de catégorie A : «Télétravail imposé dans les faits mais pas d’indemnisation car moins de 6 mois d’ancienneté sur le nouveau poste donc demande impossible !»
Une collègue de catégorie C dans une composante : «Demande de modification des jours de télétravail par le responsable hiérarchique mais pas de manière équitable avec les autres membres du service […].»
Une collègue de catégorie C : «pas de téléphone portable pour les agents. Ce qui signifie que quand on appelle un service/collègue notre numéro personnel s’affiche. Les enseignants ont tendance à appeler sur les téléphones persos depuis que j’ai fait du télétravail (peu importe l’heure ou le jour).»
Un collègue de catégorie A : «Le rejet de ma demande de télétravail a eu lieu d’une semaine sur l’autre, j’ai du complètement me réorganiser en 2 jours Je trouve un délai aussi court peu compatible avec une bonne considération de notre travail.»
Une collègue de catégorie A dans les services centraux : «Alors que l’on nous parle de l’empreinte carbone de l’université lié au transport des personnels, il est regrettable qu’il ne soit pas possible de bénéficier systématiquement de l’autorisation des 2 jours de TT alors que cela limiterait à la fois les contraintes des personnels (temps de déplacement, fatigue, frais de carburant, …) et leur empreinte carbone.»