Accueil des enfants des réfugiés : donner à l’École les moyens de les scolariser

La situation au Moyen Orient a précipité l'exode massif de populations fuyant la guerre. Après que les médias ont publié des images difficilement soutenables, la communauté internationale s'oblige enfin à un accueil digne de ces personnes.

campagne_solidarite_laiquePar la voix de son Président, la France a fait savoir qu’elle accueillerait 24 000 migrants sur deux ans. Devant cette situation inédite ces dernières années, on peut raisonnablement imaginer que nos écoles et établissements vont accueillir de nouveaux élèves réfugiés. Il est impératif d’anticiper cet accueil.

ANTICIPER CET ACCUEIL DES RÉFUGIÉS

Pour le Sgen-CFDT, il convient de répartir équitablement sur tout le territoire ces populations pour éviter la ghettoïsation des migrants et de leurs enfants. C’est donc tous les établissements de France qui doivent être en mesure d’accueillir dans leurs murs ces nouveaux élèves avec la nécessité de respecter les principes de l’école républicaine, de la Loi de Refondation de l’École de juillet 2013 : on se doit d’accueillir un élève. Extrait de la Loi de refondation : « Il reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction. Il veille également à la mixité sociale des publics scolarisés au sein des établissements d’enseignement. Pour garantir la réussite de tous, l’école se construit avec la participation des parents, quelle que soit leur origine sociale. Elle s’enrichit et se conforte par le dialogue et la coopération entre tous les acteurs de la communauté éducative. » Il est donc urgent qu’un partenariat soit mis en place entre les rectorats et les collectivités territoriales pour organiser cet accueil. Gageons maintenant que nos inspecteurs seront capables d’imposer là où certains voudraient passer à côté….

ACCOMPAGNER CES FAMILLES, CES ÉLÈVES

Pourtant, l’accueil au sein des établissements n’est pas la seule question que l’on peut se poser. Il va falloir en effet accompagner ces familles, ces élèves. Or, nous savons que le nombre de postes FLE est bien trop insuffisant sur le territoire pour venir en aide à l’ensemble des enfants allophones. Comment faire alors ? Laisser les collègues se débrouiller comme c’est souvent le cas ou réfléchir à d’autres solutions ?

La question de ces accueils pose plus généralement la question de l’inclusion de tous les élèves.

Dans le second degré, il convient de former et d’accompagner les collègues en leur fournissant des outils adéquats pour travailler avec ces élèves. Les enseignants en charge doivent également pouvoir se concerter, échanger leurs pratiques, travailler avec les CPE, les infirmier-ère-s médecins et assistant-e-s sociaux-ales. Et en cela, ils doivent pouvoir bénéficier de temps. Ces tâches doivent être prise en compte dans les dotations horaires, L’autonomie des établissements du second degré permettra d’allouer ces crédits d’heures aux enseignants impliqués, selon un schéma organisé localement.

Pour le premier degré, la connaissance des outils à disposition nécessite du temps pour que chacun se les approprie. En cela, les équipes de circonscription (les conseillers pédagogiques notamment) doivent être sur le terrain pour apporter une aide logistique et pédagogique aux collègues. Car la pire des choses serait de laisser l’enseignant isolé face à une situation qu’il ne connaît pas.

Dans cet accueil, c’est l’ensemble de l’équipe pédagogique et éducative des établissements et des écoles qui doit être concernée et s’y impliquer car la réponse ne peut être que collective.

LA RÉPONSE NE PEUT ÊTRE QUE COLLECTIVE

Pourquoi ne pas non plus solliciter les RASED et utiliser leurs compétences dans l’accompagnement de situations spécifiques et dans l’individualisation des apprentissages. Définir leurs missions autour de cette question d’accueil de ces enfants peut aussi être une réponse que l’IEN de circonscription a la possibilité de donner partout où cela s’avère nécessaire. On ne pourra en effet ignorer l’horreur vécue par ces enfants dans leur pays puis dans leur fuite et un soutien psychologique leur sera forcément nécessaire. Qui mieux que le psychologue scolaire peut leur apporter cette aide ?

Pour le Sgen-CFDT, l’investissement supplémentaire des personnels qui accueilleront ces migrants ne doit pas rester « gratuit ». Ils doivent pouvoir bénéficier d’heures supplémentaires rémunérées au titre de cet accueil ou de compensation horaire. À charge aux recteurs de prendre les mesures qui s’imposent. Alors que le Ministère de l’Intérieur a annoncé des mesures financières exceptionnelles pour l’accueil des réfugiés, il faut que le Ministère de l’Éducation nationale puisse disposer de moyens supplémentaires pour que la scolarisation de ces enfants se fasse dans les meilleures conditions possibles.