Au Comité Technique Académique du 18 janvier, le Sgen-CFDT Orléans-Tours a donné lecture d'une déclaration spécifique sur le Collège Jean-Moulin. Les réponses obtenues du Rectorat laissent entrevoir le léger espoir d'une réouverture en septembre 2020 après deux ans sans élèves...
Le Collège Jean Moulin de Chartres était à nouveau à l’ordre du jour du Comité Technique Académique.
Après la lecture des deux pages du Sgen-CFDT – Declaration au CTA 18 01 2018 sur le College Jean Moulin de Chartres – particulièrement sévères pour les représentants de l’État et pour le Conseil Départemental d’Eure-et-Loir, un élu de la FSU a renchéri, jugeant inadmissible la façon dont le Rectorat a traité ce dossier : aucun élève n’est prévu à la rentrée 2018, l’établissement est donc fermé ! C’est insupportable. Après la visite des responsables de la DPE (gestion des personnels d’enseignement et d’éducation) et de la DPAE (personnels de direction et administratifs), « on a ramassé les collègues à la petite cuillère, on risque des accidents ! »
Les « accusations » du Sgen-CFDT
La Rectrice n’a pas tardé à répondre « aux accusations » du Sgen-CFDT Orléans-Tours, affirmant que, parmi tous les dossiers dont elle a eu à s’occuper depuis son arrivée, aucun ne lui tient plus à cœur, qu’elle ne lâchera jamais et qu’elle est très attentive au sort des enseignants. Elle a rappelé « la double victoire judiciaire » obtenue l’an dernier, avoir vainement tenté, à deux reprises, de rencontrer en personne le Président du Conseil Départemental, et assuré qu’elle « ne prend pas les personnels pour des canards sauvages », alors qu’elle-même a été prise pour un autre volatile…
Depuis six mois, n’ayant pas d’engagement du Conseil Départemental sur le calendrier des travaux, la Rectrice a révélé avoir demandé à la Préfète de refuser de prendre un arrêté de désaffectation du Collège si le Rectorat ne recevait pas les garanties demandées. C’est pourquoi d’ailleurs le Rectorat a travaillé sur 5 DHG pour les collèges de Chartres, donc y compris pour Jean-Moulin : le message était clair, elle ne se résout pas à faire disparaître cet établissement.
Enfin des garanties !
Le 17 janvier au soir, la Rectrice a enfin reçu l’engagement qu’elle attendait :
- le schéma d’aménagement des locaux actuels de l’Espé avec 5 scenarii (plans et calendrier détaillé des travaux à partir de décembre 2018, date prévue pour le départ de l’Espé vers le Pôle Universitaire d’Eure-et-Loir, le PUEL) : le moins cher et le plus rapide a été retenu, pour un format de 400 élèves, avec un gymnase (l’actuel collège n’en avait pas) mais avec seulement une restauration scolaire « en liaison froide »
- une lettre d’engagement signée du Président du Conseil Départemental pour une ouverture de « Jean-Moulin 2 » en septembre 2020
- l’inscription des travaux dans le PPI (programme pluriannuel d’investissements) du CD.
La Rectrice a reconnu que « le boulet est passé près » mais s’est félicitée que, « du côté de l’État, on a fait front commun ».
Pas de Mesures de Carte Scolaire pour les personnels de Jean Moulin
La Rectrice a expliqué pourquoi elle se refuse à l’hypothèse des MCS :
- la totalité de la collectivité scolaire serait mécaniquement impactée sur Chartres (NDLR : Nous restons dubitatifs !),
- la tentation individuelle de se retrouver à Hélène-Boucher serait encouragée (NDLR : Nos collègues ne méritent pas un tel procès d’intention !).
- si on avait donné des MCS, le Conseil Départemental aurait pris cela pour un signal que l’Education nationale battait en retraite (NDLR : Nous jugeons l’argument spécieux.)
Plus de mixité sociale
L’IA Dasen d’Eure-et-Loir a ajouté qu’il a eu un travail important et régulier sur ce sujet, avec des visites dans l’établissement depuis 3 ans ; selon lui, sur la mixité, que le CD a mieux prise en compte, il y a une évolution positive même si ce n’est pas l’idéal ; il voulait une sectorisation transitoire mais aussi la sectorisation future. Pour le Clg Victor-Hugo, ce sera transitoire. Le Clg Hélène-Boucher va avoir un début de mixité sociale, ce dont des enseignants, d’ailleurs, s’inquiètent. Il faudra travailler sur « Jean-Moulin 2 ». Reste le Clg Mathurin-Régnier, qui est sur un secteur en cours de réhabilitation et qui aura un supplément de 5 ou 6 % de PCS défavorisés. Pour l’IA-Dasen la mixité est donc prise en compte et il y aura bien deux collèges au centre-ville de Chartres.
Quant à la FCPE, l’IA affirme qu’elle n’a pas fait de demande écrite, mais les éléments seront communiqués au CDEN de février. Tous les mois, l’IA prévoit de faire le point et de communiquer car, dit-il, « le déficit de communication est anxiogène ».
L’Unsa a demandé pourquoi, alors que le calendrier évoqué lors du dernier CTA ne paraissait pas réaliste, aujourd’hui il paraît plus réaliste au Rectorat.
C’est alors que la Rectrice a répondu que le Conseil Départemental a choisi le projet le moins cher, dans lequel il y a le moins de constructions à ajouter. Le Secrétaire Général a ajouté que le Rectorat a étudié la faisabilité du projet, obtenu des documents signés du Président, qu’il appartient au Conseil Départemental de travailler à présent avec le chef d’établissement.
Un plan cohérent, sérieux et soutenable
C’est ainsi que le Secrétaire Général qualifie le dernier projet du Conseil Départemental. Celui-ci est bien sûr conditionné par le départ de l’Espé, qui est lui-même conditionné à la fin des travaux sur le PUEL. Le projet retenu par le Conseil Départemental s’appuie sur l’existant, il ne construit que le nécessaire.
Le Secrétaire Général a répété que le Rectorat n’a voulu donner aucun signal que le collège cesserait d’exister, c’est pourquoi l’équipe est maintenue, il a demandé qu’un panneau « Collège Jean Moulin » soit placé sur l’entrée de l’Espé actuel. Maintenant, c’est à l’Académie de désaffecter les locaux actuels de l’Espé de Chartres.
Le Secrétaire Général a précisé que les responsables de la DPE et de la DPAE (et non de la DOS) en venant voir les collègues, n’ont pas voulu jouer un jeu de dupes : on peut maintenir des fonctionnaires en exercice, pas les élèves. Donc il est normal que les élèves n’apparaissent pas dans la dotation attribuée au Clg Jean-Moulin.
Accompagner les personnels de Jean-Moulin
La Rectrice a admis avoir sous-estimé l’angoisse des enseignants mais c’était parce qu’elle ne voulait pas « communiquer sur du flou ».
L’IA Dasen a répondu à la question du Sgen-CFDT sur le protocole d’accompagnement des personnels : la DSDEN va faire venir un psychologue pour des entretiens individuels, la décision a été prise lundi 15 janvier !
Il a aussi rappelé la position de l’Académie : un collège neuf n’était pas nécessaire (trop cher, trop long à réaliser), mais il s’agit d’une opération à tiroirs et il compte sur l’esprit de responsabilité des enseignants de l’Espé, qui vont devoir quitter les lieux, ce qui facilitera le début des travaux.
La Rectrice a annoncé que les travaux sur le PUEL risquent d’être un peu retardés faute de certains documents que l’Université n’a pas encore fournis, et qu’elle a demandé la création d’un comité de surveillance.
Le Secrétaire Général a précisé que le choix d’envoyer les responsables de la DPE et de la DPAE à la rencontre des collègues correspondait à la volonté du Rectorat de traiter la dimension « GRH » (gestion des ressources humaines) de ce dossier. Mais, selon lui, le bon côté des choses, c’est que le futur site sera plus confortable pour les élèves.
La FSU ayant demandé si la Rectrice a rencontré les responsables de la Cosmetic Valley, elle a répondu qu’elle n’a pas pu pour le moment et que c’est devenu moins urgent, mais elle a un rendez-vous en février.
Les chaises musicales
La FSU a affirmé qu’elle n’est pas contre le déménagement de l’Espé au PUEL, sauf que, à ses yeux, les locaux du PUEL ne sont pas adaptés (pas de gymnase).
La Rectrice a prévu de rencontrer le Directeur de l’Espé dans la semaine du 22 janvier : elle sait que l’Université a demandé des aménagements spécifiques, elle va vérifier où on en est mais rappelle que l’Université est autonome. Elle attend le calendrier repensé.
La FSU signalant que le CD se réunit bientôt mais n’a rien vu dans son projet de budget comme PPI sur Jean-Moulin, la Rectrice a souligné que tous les documents reçus sont datés du 17 janvier.
La FSU s’inquiétant des conditions d’accueil de plus de 900 élèves au Clg Hélène-Boucher, où ce sera très difficile, où ça va changer les façons de travailler, où des collègues ont peur de partir en complément de service, la Rectrice a admis que la situation va bouleverser la vie de beaucoup de monde, 900 élèves, c’est trop et ça posera des problèmes en vie scolaire, surtout s’ils sont tassés.
L’IA a révélé que, dans ce collège, les travaux sont terminés (sauf pour une partie du restaurant scolaire) : il juge les locaux bien rénovés et de qualité et concède qu’il faudra être très attentif. Il se réjouit de l’arrivée d’un nouveau Directeur Général des Services au CD, avec qui il espère tisser des liens (meilleurs qu’avec le précédent DGS) et qu’il compte voir régulièrement.
La FSU a signalé qu’il n’y a pas de gymnase à Jean-Moulin ni à Hélène-Boucher ni dans plein d’autres collèges.
L’Unsa, qui avait aussi posé une question diverse sur Jean-Moulin, a remercié la Rectrice de sa ténacité et pense que sa réponse va rassurer les collègues.
Une victoire ?
La Rectrice a conclu que « ce n’est pas une grande victoire » et qu’elle aurait préféré « un transfert de mur à mur ». Comme elle doit rencontrer les personnels du Collège Jean Moulin le 23 janvier, le Sgen-CFDT Orléans-Tours a lui aussi remercié des réponses obtenues mais préfère rester prudent sur les conclusions à tirer des annonces apparemment optimistes faites par le Rectorat.