CLA : Encore des annonces précipitées, sans analyse, sans concertation

Suite aux annonces de la secretaire d’État à l’éducation prioritaire qui entend étendre le dispositif des CLA à de nouvelles académies dont celle d'Orléans-Tours, le Sgen-CFDT réagit.

Des annonces de la secrétaire d’État à l’éducation prioritaire sur les CLA

« J’ai annoncé hier que 12 académie rejoindront l’expérimentation des contrats locaux d’accompagnement en plus des 3 déjà engagés« . Les CLA permettent de répondre de façon ajustée aux besoins des élèves, des équipes des territoires fragilisés ». (N. Elimas)

Une annonce encore faîte à coup de « tweet », sur les réseaux, sans évaluation du dispositif expérimenté, sans concertation… Et donc sans analyse, et sans visée pédagogique réelle.

Le Sgen-CFDT s’est exprimé sur ce que l’on peut appeler une » politique de Gribouille »

« Cette extension sans dialogue social préalable à 3 jours d’une fin de mandat précipitée est incompréhensible et relève d’une politique de Gribouille.
Il faut prendre le temps d’une véritable expérimentation et évaluer les effets sur des écoles et des établissements jusque là dans les « angles morts » de la carte de l’Éducation prioritaire ».

En effet, l’ambition du dispositif CLA était de :

  • Mieux tenir compte des contextes locaux et apporter une réponse aux difficultés des territoires ruraux et périphériques.
  • Répondre à des problématiques particulières des écoles orphelines et des LP.

Mais alors que dans certaines écoles ou établissements, les  « moyens CLA » ne sont même pas encore arrivés, qu’ aucun élément d’évaluation ne peut être sérieusement dégagé, nous nous interrogeons sur le fondement de ces annonces.

Le Sgen-CFDT, en s’appuyant sur les retours de terrain dans les trois académies concernées par l’expérimentation, peut, de son côté, émettre certaines observations.

Certains éléments positifs pour les écoles et établissements concernés :

  •  Reconnaissance (vivier classe exceptionnelle, points) et indemnisation de missions ou projets existants, en incluant des personnels non enseignants (AED, AESH).
  • Reconnaissance de certains temps de formation, et/ou la possibilité de s’inscrire dans les constellations (premier degré) pour certains collègues.
  • Marge de manœuvre financière (achats matériels, fonds sociaux)… susceptibles d’aider certaines familles les plus en difficultés. Marge de manœuvres sur des dispositifs spécifiques tels « devoirs faits ».
  • Dans le premier degré, quelques moyens humains, sur des demi ou tiers d’équivalent temps plein. Une amorce pour reconstruire ce qui avait été détricoté avec les « plus de maître que de classe… »

Mais perdurent de nombreux questionnements et insatisfactions :

  • La mise en place précipitée qui a contraint les équipes à refaire des dossiers en fin d’année,
  • L’opacité de certains critères et du classement établi (dans certaines académies)
  • Les relations floues avec l’éducation prioritaire, la non prise en comptes du cas des écoles dîtes « orphelines » (qui certes, intègrent le CLA, mais avec des compensation bien moindres que celles apportées précédemment au regard de la spécificité du public accueilli. Le sentiment d’injustice est grand dans ces écoles très fragilisées ces dernières années).La notion de « contrat » qui interroge. Qu’est-ce qui est contractualisé ? Quelle réponse réelle aux besoins? Sur quelle durée? Quelle évaluation?
  • Une attribution de moyens n’envisageant que trop peu des heures postes ou de décharge… Les mesures restent principalement « Hors la classe ».

L’école en général a besoin de confiance – temps – moyens humains

Les équipes sont avant tout en demande :

Confiance et Autonomie

Il ne s’agit pas d’ajouter de la pression et des attentes formelles aux équipes. Le rôle d’accompagnement et ses modalités de co-travail seront à construire.

Temps de concertation, Formation…

cla

Les évolutions de pratiques, le travail en équipe, la prise en compte des besoins des élèves demandent du temps.
Aujourd’hui, seuls les REP+ , accueillant des publics bien spécifiques, bénéficient un peu de cette évolution. Nous pensons que tout en conservant une attention et des moyens bien ciblés pour les REP+, l’organisation de l’École en général, et notamment là où l’on reconnaît davantage de difficultés, devrait reconnaître ce besoin de minorer le temps de face à face élève pour permettre ces temps de concertation et de formation.

Moyens humains supplémentaires

Le besoin de moyens humains supplémentaires dépasse les 1/2 ou 1/3 d’ETP dans les écoles.
La présence de PDMQDC
, dans les écoles comme dans les collèges et lycées ciblés, reste une revendication forte.

En effet, nous avons rappelé que les HSE et les IMP ne peuvent répondre à certaines problématiques de suivi des élèves, de co-intervention et de travail d’équipe etc.
D’autant plus, que dans ces écoles et établissements, les difficultés rencontrées occasionnent une charge de travail déjà importante, accompagnée d’une fatigue et une tension fortes qui ne permettent pas forcément de cumuler encore des missions ou des HSE. (Nous appuyons toujours la demande que les IMP puissent être prises en temps de décharge).

Les demandes des collègues sont aussi portées sur les personnels santé-sociaux, qui sont souvent insuffisants. L’inter-métier, que cela soit en REP, REP+, CLA, et à l’école en général est à renforcer.

Précision :
Les 12 académies concernées : Grenoble, Lyon, Montpellier, Orléans-Tours, Reims, Strasbourg, Versailles, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Réunion