Évaluations en CM1 : pour quoi faire ?

Le Ministre a annoncé la mise en place à la rentrée prochaine d'évaluations pour tous les élèves de CM1, sur le modèle de celles déjà en vigueur pour d'autres niveaux. Pour le Sgen-CFDT, il aurait fallu commencer par s'interroger sur le sens de celles qui existent déjà...

Le Ministre a annoncé la mise en œuvre d’évaluations nationales pour les élèves de CM1 au début de leur année scolaire comme celles existant déjà en CP, CE1 et en 6ème. Si ces évaluations peuvent permettre de donner des repères aux enseignants sur les acquis des élèves, d’identifier les forces et les faiblesses dans les classes, elles ne représentent, la plupart du temps, qu’un objet statistique de pilotage.

Donc avant de les généraliser, il est nécessaire qu’elles prennent sens auprès des enseignant.e.s.

Donner du sens à ces évaluations nationalesévaluation nationale de CM1 : à quoi cela vat-il servir ?

Beaucoup de pays abandonnent les évaluations nationales parce qu’elles sont difficilement exploitables par les équipes pédagogiques,

En France, au contraire, on tend vers leur généralisation. Malgré le temps qu’ils y consacrent, les enseignants ne sont par pour autant convaincus de leur utilité. C’est le moins qu’on puisse dire…

Par ailleurs, le tendance toujours plus forte du ministère à faire de ces résultats statistiques un outil de pilotage du système éducatif est largement discutable.

Officiellement, on met à disposition des enseignants un outil destiné à mieux mesurer les difficultés des élèves et à favoriser la mise en œuvre des remédiations nécessaires.
En réalité, les résultats nationaux, voire locaux sont d’abord utilisés par le ministère, les recteurs, les Dasen, comme des outils d’évaluation du système éducatif, voire des outils de pilotage. Les circulaires publiées ces dernières semaines en sont la parfaite illustration.

Les enseignant.e.s finissent par ne plus y voir qu’une corvée chronophage et par remettre en cause leur intérêt au regard de leur faible utilité pour la réussite des élèves. Comment s’en étonner ?

Les équipes ont besoin d’outils d’analyse plus fins

Les équipes pédagogiques expriment régulièrement le besoin d’outils d’analyse plus fins pour mieux exploiter les résultats des évaluations. Les tableaux statistiques dont disposent les enseignant.e.s ne sont pas suffisamment exploitables. Pour ajuster leurs programmations et assurer le suivi pédagogique individuel, les équipes ont besoin de données plus précises sur les forces et les faiblesses de chaque élève.

Un outil qui ne doit pas constituer une fin en soi

La réussite aux évaluations nationales ne doit surtout par finir par devenir un objectif en soi.

Ces évaluations ont une portée limitée car elles ne peuvent pas tout évaluer. De la même manière la réussite de ces évaluations ne doit pas guider l’activité pédagogique et en devenir un élément central au risque d’instaurer un forme de « bachotage ».

Elles ne peuvent pas non plus conditionner le pilotage par les cadres de l’institution, qu’il s’agisse de pression pour une amélioration artificielle des résultats ou de mise en concurrence. Chaque école doit pouvoir disposer de données comparatives pour mesurer sa situation à celle d’écoles de profil équivalent, mais ces éléments ne doivent pas aboutir à leur mise en concurrence.

Pour le Sgen-CFDT, le recours aux évaluations nationales ne peut constituer une solution universelle. Ils faut qu’elles aient du sens pour les enseignant.e.s et donc, qu’elles soient directement utiles aux élèves. Leur utilisation pour l’évaluation du système éducatif voire son pilotage peut avoir des effets pervers qui méritent que l’on s’interroge sur le bien fondé de leur généralisation.