Notre bilan sur la formation des stagiaires 2nd degré (PLP, certifiés, agrégés, CPE) repose sur le dépouillement d'une enquête en ligne du Sgen-CFDT Orléans-Tours sur les conditions dans lesquelles s’était déroulée leur année de stage.
Enquête sur l’Espé Orléans-Tours : des PLP, certifiés, agrégés, CPE nous ont répondu
Au mois de mai 2017, le Sgen-CFDT a envoyé aux quelques 500 stagiaires, formés à l’Espé Orléans-Tours, un questionnaire en ligne. Nous les avons interrogé sur les conditions dans lesquelles s’était déroulée leur année de stage. Plus d’une centaine de réponses nous sont parvenues. Tous corps et toutes disciplines confondus font apparaître une formation parfois très controversée.
Des points positifs : Formateurs Espé, visites et évaluation
L’accompagnement des formateurs de l’Espé est jugé positivement par plus de 60 % des stagiaires et les visites sur le terrain sont, pour plus de 90% d’entre eux, formatives.
des retours constructifs de personnes compétentes
Les stagiaires déclarent aussi dans leur très grande majorité, avoir de très bonnes relations avec leurs tuteurs établissement, dont ils apprécient le suivi, la proximité, la bienveillance.
une relation qui constitue un enrichissement humain et professionnel
Certains évoquent cependant des visites stressantes d’inspecteurs qui virent au cauchemar. Ils regrettent des « mises en alerte », des postures hautes intimidantes et des conseils parfois très éloignés du contexte du terrain.
Pour 60% des stagiaires, l’évaluation est juste et équilibrée, mais les informations sont parfois insuffisantes ou trop tardives, ce qui peut donner le sentiment d’un manque d’équité.
Enfin, plus de 70 % des stagiaires disent avoir « adoré » leur première année d’enseignement. Ils ont aimé construire des cours, la relation aux élèves, les relations avec l’ensemble de la communauté éducative. Mais certains parlent de formation « démotivante » et c’est effectivement ce qui ressort de cette enquête.
Une formation à repenser ? A réorganiser ?
Pour 81 % des stagiaires, la formation à l’Espé n’est pas conforme à leurs attentes ; certains sont même très critiques.
une formation hors-sol, complètement coupée de la réalité du terrain, qui n’apprend pas le métier de prof
Sans compter les stagiaires qui « échappent » pour tout ou partie à la formation : stagiaires 18 heures, stagiaires documentalistes, en disciplines rares…
Une charge de travail trop importante
La moitié des stagiaires identifient en effet la charge de travail comme difficulté principale lors de leur année de stage. Ils sont 58% à y consacrer plus de 40 heures par semaine. « Le double statut de professeur stagiaire et d’étudiant est très lourd : il faut cumuler préparations de cours, corrections, dossiers à rendre, partiels, mémoire pour le M2… ». Il parait alors parfois impossible de s’investir pleinement dans son rôle d’enseignant. D’autant que certains ont écopé de services « lourds » : multiplication des niveaux, classe à examen.
Rééquilibrer du poids des UE, un calendrier à revoir ?
Les stagiaires sont nombreux à reconnaitre que la gestion de classe est pour eux une véritable difficulté (pour 47%, c’est la principale difficulté). Ils regrettent que cet aspect du métier ne soit pas suffisamment pris en compte à l’Espé. Il faudrait programmer les cours de gestion de classe au plus tôt, voire même en M1. De même, l’analyse de pratiques serait à avancer en début d’année, les cours de didactique à renforcer.
A l’inverse, il faudrait alléger ou supprimer l’UE recherche : le sens du mémoire échappe à de nombreux stagiaires, il semble vide et absurde, mais chronophage.
Il ressort clairement de cette enquête que la formation à l’Espé telle qu’elle existe ne donne pas satisfaction et ne permet pas aux futurs enseignants d’apprendre leur métier.
Réorganiser et renforcer la formation initiale des enseignants :
- Deux années de formation avec le master Meef
- Un master Meef qui permette une formation en alternance sur deux années consécutives avec une mise en responsabilité progressive : des stages d’observation et de pratique accompagnée doivent précéder le stage en responsabilité.
- Des concours en fin de M2 et des épreuves plus professionnalisantes pour permettre le recrutement de stagiaires mieux formés et conscients de leurs responsabilités.
- Une réorganisation de la titularisation
Le Sgen-CFDT revendique une amélioration de la formation initiale.
Précisions sur notre enquête auprès des PLC stagiaires
Nous avons publié dans notre journal de juin (N° 181 page 3) un article sur notre enquête en direction des 500 PLC et CPE stagiaires. Nous avons reçu une longue réponse indignée d’une adhérente bien informée qui mérite de préciser un certain nombre de points : « si nous avons conscience de difficultés et mécontentements ressentis par les étudiants et stagiaires, les formateurs à l’Espé ne subissent pas tous les jours des grognements ou protestations ! ».
Nous sommes toujours contents de lire des réactions à ce que nous publions. En l’occurrence, celle de cette adhérente, responsable de formation à l’Espé Centre Val de Loire, nous permet d’apprendre que
l’Espé a fait de son côté des enquêtes, sur lesquelles nous aurions bien aimé avoir des informations, ce qui nous aurait permis d’affiner notre vision de la situation.
Notre article du journal n’est qu’un résumé des premiers résultats de l’enquête « en ligne » dont chacun peut apprécier les questions (nous ne sommes pas un institut tenu à « la validité scientifique » de ses sondages) en cliquant sur : sondage Espé Sgen-CFDT Orléans-Tours . Cette enquête, nous l’avons faite en mai 2017 (104 réponses anonymes) et en avons publié le résultat après dépouillement sur notre site : notre article en ligne est loin d’être aussi négatif que sur le premier résumé publié dans le journal papier. En effet nous constatons dans notre enquête que
l’accompagnement des formateurs de l’Espé est jugé positif par plus de 60 % des stagiaires.
Certes nous n’avons recueilli que 104 réponses au lieu des 243 obtenues par l’enquête de l’Espé et notre questionnaire est certainement plus limité. « Cette enquête [de l’Espé…] a été ensuite diffusée aux personnels et étudiants » mais aucun personnel ni usager ne nous en a parlé. Néanmoins nous ne pouvons que nous réjouir que l’Espé réfléchisse « sur la façon de mieux répondre aux demandes des étudiants et stagiaires » notamment dans les « divers conseils où sont conviés les étudiants pour que leur voix puisse être entendue : conseil d’école, conseil de perfectionnement, entretiens bi annuels avec les délégués M1 et M2 de chaque formation avec le directeur de l’Espé ». Rappelons d’ailleurs que l’instauration de délégués par le directeur de l’Espé a fait suite à l’entretien que nous avions eu avec lui pour lui communiquer les résultats d’une première enquête proposée aux stagiaires en 2016.
Nous parlons de 81 % des stagiaires (qui nous ont répondu !) pour lesquels la formation à l’Espé n’est « pas conforme à leurs attentes » et il est vrai que nous ne leur demandons pas en quoi elles consistent. Tant mieux si cela ne correspond pas à l’analyse faite par l’Espé ! Notre adhérente précise à juste titre que l’institution a fixé pour sa part un cahier des charges, des référentiels et autres cadrages, ils ne sont pas négligeables. Cependant, les stagiaires pointent quelques manquements ou insuffisances, comme les cours de gestion de classe qui semblent programmés trop tardivement et/ou en nombre insuffisant (un calendrier à revoir ?)
Sur la question du mémoire, nos « sondés » se montrent plus critiques – à tort ou à raison – mais leur nombre n’est peut-être pas assez significatif. En revanche, si nous ne contestons pas l’intérêt intellectuel de ce travail, nous voyons que
les mécontents et les inquiets, comme toujours, s’expriment plus volontiers que les autres.
C’est pourquoi nous sommes reconnaissants à cette adhérente de nous avoir envoyé son très utile éclairage sur le ressenti des stagiaires à l’Espé Centre Val de Loire.
Il reste que la formation, telle qu’elle existe, n’est pas pleinement satisfaisante, et que le Sgen-CFDT travaille sur un projet de formation plus axé sur l’alternance, et une proposition de repousser le concours à la fin du M2. Car ce qui ressort essentiellement de l’enquête, c’est que de nombreux stagiaires vivent mal leur première année d’enseignement, qu’ils se trouvent confrontés à des difficultés avec leurs élèves, notamment la gestion de classe, et qu’ils ont le sentiment d’être submergés par la charge de travail, de ne pas parvenir à mener de front le M2 (partiels, mémoire) et tout le travail que nécessite la prise en charge de plusieurs classes.