Intervention des professeurs des écoles au collège : non merci !

Vouloir confier des heures de soutien à des professeurs des écoles au collège, c'est mal connaître la réalité du travail des enseignant.e.s du premier degré. Une fois de plus, les annonces du Ministre semblent hors sol et provoquent malaise et colère dans les salles des maîtres.

L’ intervention des professeurs des écoles au collège pose questions et est peu crédible.

Une heure hebdomadaire de consolidation et d’approfondissement pour tous les élèves de 6ème

Les évaluations nationales de 6ème montrent la faiblesse du niveau des élèves en français et en maths. Pour y palier, le Ministre a annoncé une batterie de mesures et en particulier, la mise en place d’une heure hebdomadaire de consolidation et d’approfondissement pour tous les élèves de 6ème.

Outre l’annonce de la suppression de l’heure de technologie en 6ème (pour ne pas alourdir le volume horaire hebdomadaire des élèves),  c’est la perspective que ces heures de renforcement puissent être assurées par des professeur.e.s des écoles qui fâche.

Le Ministère démontre une nouvelle fois sa méconnaissance de la réalité du temps de travail et des conditions de travail des professeur.e.s des écoles.

Intervention des professeurs des écoles au collège :  un projet peu crédible

Collège : des professeurs des écoles peuvent aller aider des élèves de 6ème, la fausse bonne idée.

La volonté d’améliorer le lien École – Collège et d’adoucir la transition pour les élèves en créant une heure de soutien hebdomadaire en 6ème peut avoir de l’intérêt.

Mais penser que ces heures puissent être prises en charge par des professeurs des écoles est par contre largement illusoire.

Comment mettre en œuvre cette mesure alors qu’il n’y a pas forcément de proximité géographique entre les écoles et le collège ?
Comment imaginer que les professeur.e.s des écoles puissent être volontaires alors que leurs journées sont déjà éreintantes et que leur temps de travail hebdomadaire explose ?

Beaucoup de questions sans réponses…

Va-t-on imposer à des PE un temps de service au collège ?

Va-t-on  proposer à des volontaires de réduire leur temps de présence à l’école pour consacrer une partie de leur service à des sessions de « soutien » au collège ?

Va-t-on proposer des échanges de service entre enseignants des écoles et des collèges ?

Comment ces heures seront-elles rémunérées si elles s’ajoutent à leur service habituel ?

Le Ministère n’a visiblement pas mesuré les conséquences de cette mesure en ce qui concerne sa mise en œuvre.

Pour le Sgen-CFDT, si elle est envisageable  ici ou là compte tenu d’un contexte propice, elle ne peut être étendue largement.

Le Sgen-CFDT demande depuis plusieurs années qu’une large réflexion sur le temps de travail des professeur.e.s des écoles soit enfin menée. Ces annonces et les résultats d’enquête récentes en illustrent l’urgence.

Travailler plus pour gagner plus : pour le Sgen-CFDT, c’est non

Cette mesure prétend peut-être  répondre aussi au besoin du ministère de « trouver » des activités nouvelles pour les professeurs des écoles. Des activités destinées à être les contreparties d’une partie de la revalorisation promise, ce que le gouvernement désigne  sous le terme de « pacte ».

Si c’est le cas, pour le Sgen-CFDT c’est non. Nous l’avons rappelé à de nombreuses reprises, et en particulier lors des concertations entourant le projet de revalorisation :

nul besoin de chercher de nouvelles missions pour justifier une revalorisation, il faut d’abord reconnaître ce que  les enseignant.e.s font déjà.

Les missions et les conditions de travail des professeurs des écoles ont considérablement changé des dernières années. On ne compte plus les tâches et responsabilités qui se sont ajoutées en particulier, en lien avec le développement de l’école inclusive. Il est temps que notre employeur le reconnaisse enfin.

Au final, cette mesure pose plus de questions qu’elle n’apporte de solutions, provoque plus d’indignation qu’elle ne suscite d’intérêt pour les professeurs des écoles. Elle ne fait qu’illustrer des problèmes plus profonds que le ministère refuse d’aborder clairement.