Rentrée 2017 des personnels de direction

A la réunion de rentrée des personnels de direction, mardi 29 août 2017, le Sgen-Cfdt a fait une déclaration liminaire devant la Rectrice de l'Académie.

Les personnels de direction du Sgen-CFDT déplorent les premières mesures prises par le nouveau Ministre de l’Education nationale au mois de juin, dans la précipitation, en l’absence de concertation et toutes contestables sur le fond, ne serait-ce que par l’absence d’évaluation de l’efficacité des politiques précédentes.

Retrouvez le texte intégral de l’intervention prononcée par Yann MASSINA, représentant du Sgen-CFDT Orléans-Tours : Rentrée des PerDir 2017

Le néfaste retour possible de la semaine de 4 jours dans le primaire.

Malgré les votes négatifs du CSE et du CTMEN, le ministre a tenu à permettre ce retour pour les municipalités qui le désiraient. Le ministre a voulu rassurer en affirmant que très peu de communes reviendraient aux 4 jours. C’est exactement l’inverse qui se passe : les communes, pour des raisons d’économies, ont multiplié les demandes de retour à la semaine des 4 jours.

Le retour de la semaine de 4 jours nous ramène à la situation de 2008 avec le funeste record du plus bas nombre de jours d’école par an de l’ensemble des pays de l’OCDE (144 jours contre 187 jours en moyenne).

Toutes les recommandations – Académie de médecine, rapport sénatorial ou rapports de l’inspection générale – indiquent que ce retour est préjudiciable aux enfants. Le syndicat majoritaire des enseignants est l’un des rares syndicats à avoir voté pour ce retour, indiquant clairement que la semaine de 4 jours privilégie le temps de travail des adultes au détriment des élèves.

 Rappel :

le Sgen-CFDT a refusé de voter en CSE parce qu’il était impératif pour nous de prendre la globalité des rythmes de l’enfant et pas seulement sur la semaine scolaire.

Il faut parler de l’année et des autres activités des enfants, par exemple culturelles.

Les ruineux CP à 12 dans les REP+

Cette mesure se voulant répondre aux besoins des élèves les plus démunis socialement fait fi des expérimentations “Plus De Maitres Que De Classes” (PDMDQ) et les balaie sans avoir évalué leur efficacité. C’était pourtant un levier à la disposition des équipes qui pouvaient dans les écoles faire varier le nombre d’élèves en fonction des activités proposées aux élèves ou envisager du co-enseignement. Les moyens nécessaires vont non seulement ruiner cette initiative PDMQDC mais aussi réduire les moyens de remplacement.

L’évaluation en fin de CP et l’objectif de 100 % de réussite sont des annonces qui oublient les cycles et ne prennent donc pas en compte le rythme d’acquisition de la lecture qui est propre à chaque enfant.

Contre l’arrêté relatif à l’organisation des enseignements au collège.

Cet arrêté pris malgré un vote négatif du CSE (CFDT et FCPE) est un véritable déni des efforts consentis par les personnels d’encadrement, personnels de direction et corps d’inspection, qui n’ont pas compté leurs efforts pour faire évoluer l’organisation du collège et les pratiques pédagogiques pour la réussite de tous les élèves. Au moment de la parution de l’arrêté, toutes les répartitions de service et l’utilisation des marges étaient déjà effectuées. Cet arrêté n’a fait que raviver les tensions dans nombre de collèges où le syndicat majoritaire des enseignants s’est toujours opposé à une évolution des pratiques qui ne visaient que la seule réussite des élèves déjà socialement favorisés.

Le Sgen-CFDT est la seule organisation syndiquant des personnels de direction qui a pris clairement position contre l’arrêté du 16 juin 2017, pas seulement parce qu’il arrivait trop tard en juin mais parce qu’il revient brutalement sur l’ambition de construire un collège pour tous comme le recommandait l’OCDE et comme les évaluations PISA en révélaient l’urgence.

Pour mémoire, le syndicat majoritaire des personnels de direction, sans doute déconnecté des réalités de sa base, a voté pour cet arrêté.

Nous tenons à nouveau à rappeler notre opposition au DNB qui est en contradiction avec la validation du socle et dont l’organisation cette année a encore mis en difficulté les personnels de direction.

Le Sgen-CFDT est par contre satisfait que le conseil pédagogique soit conforté dans son rôle et qu’il soit le levier majeur de l’autonomie pédagogique des établissements.

Devoirs faits : une fausse bonne idée

Elle ne pourra satisfaire qu’une partie de l’opinion publique peu au fait des réalités pédagogiques. En effet, il est établi que la mise en place d’une aide en dehors de la classe n’est guère efficace si ce n’est par l’enseignant lui-même qui l’assure. La difficulté est insurmontable quand l’aide est confiée à des non enseignants comme les assistants d’éducation ou, comme le prévoit le ministre, des jeunes encore plus éloignés de la classe comme des jeunes du service civique.

L’accompagnement éducatif dont il n’est plus question alors que nombre de principaux s’y étaient investis, avait pourtant bien des vertus. En s’appuyant notamment sur des associations, il permettait de faire le lien entre l’école et les familles et proposait des actions d’accompagnement qui allaient au-delà des devoirs.

Repoussée après les vacances de la Toussaint, basée sur le volontariat, cette mesure ne vise selon le ministère que 20 % des collégiens. Ce sont encore les personnels de direction qui vont, dans les collèges, être en 1ère ligne pour assumer une mesure prise dans la précipitation.

Pour le Sgen-CFDT, l’externalisation hors du temps scolaire de ce qui relève de la professionnalité enseignante est un retour en arrière inacceptable.

Avant des effets d’annonce, il aurait été salutaire de se demander comment faire le lien entre le travail en classe et le prolongement, si prolongement il doit y avoir, en dehors de la classe.

Des effets d’annonce

Les annonces concernant l’accueil en musique des nouveaux élèves et la distribution à 150 000 élèves des fables de La Fontaine, nous paraissent plutôt faire partie d’une

stratégie de communication désuète

qui ne peut faire oublier la réalité d’un programme éducatif marqué par une remise en cause de mesures qui tentaient de réduire les inégalités de réussite liées à l’origine sociale.

Admission à l’université et prérequis

L’application APB est dénoncée comme étant responsable des milliers de bacheliers non affectés à l’université au mois de juillet.

Le Sgen-CFDT approuve l’annonce de la ministre de l’enseignement supérieur de mettre fin au tirage au sort pour l’entrée dans les filières non sélectives de l’enseignement supérieur mais en même temps nous demandons de mettre à plat l’admission dans toutes les filières de l’enseignement supérieur (CPGE, IEP, écoles de commerce, IUT, STS…) et d’articuler cette réflexion avec l’émergence d’un nouveau baccalauréat modulaire qui prépare réellement l’avenir des élèves dans le cadre d’un continuum “Bac-3 Bac +3”.

Il faut s’interroger sérieusement sur l’échec en 1ère année de L1 et permettre une fluidité des parcours afin de désengorger la 1ère année de l’enseignement supérieur.

Nous condamnons par avance toute politique de sélection qui fermerait à certains bacheliers l’accès au post-bac et qui mettrait étudiants et lycéens dans la rue, avec encore une fois les personnels de direction en 1ère ligne.

Conditions de travail et carrière des personnels de direction, très exposés

Les personnels de direction sont parmi les personnels les plus exposés du système éducatif, pris entre les injonctions de leur hiérarchie et les pressions de certains syndicats dans les établissements. Selon l’enquête de Georges Fotinos (près de 3000 personnels de direction ont répondu), à paraitre le 6 octobre, plus de 80 % des personnels de direction effectuent plus de 50 heures par semaine, 84 % déplorent que les décisions soient prises « d’en haut » et 25 % se déclarent en épuisement professionnel.

Cette étude met en lumière le manque de soutien de leur hiérarchie que ressentent les personnels de direction et la nécessaire évolution de la gouvernance.

Pour le Sgen-CFDT, il est indispensable que

  • la formation initiale des personnels de direction soit effective et préalable à la prise de fonction,
  • la formation continue soit une réalité incontournable,
  • l’évaluation soit totalement repensée et non soumise à un seul entretien triennal avec un DASEN,
  • les procédures de mutation évoluent enfin vers une transparence totale et un profilage effectif des postes qui n’opposent plus les collègues entre eux.

 

Madame la Rectrice, tout en restant loyaux et en assumant leurs responsabilités, les personnels de direction du Sgen-CFDT seront combatifs et exigeants pour la défense des carrières de leurs collègues et pour un système éducatif qui privilégie la réduction des inégalités.