Un grand nombre de personnels administratifs et techniques sont inquiets pour leur avenir. Le Sgen-CFDT Orléans-Tours a décidé d'interpeler les députés et sénateurs de la région, les associations d'étudiants, de lycéens et celles de parents d'élèves.
Le courrier du Sgen-CFDT Orléans-Tours envoyé le 18 avril aux parlementaires, aux étudiants, lycéens et parents d’élèves du Centre Val de Loire veut attirer leur attention sur le projet de loi sur la formation professionnelle et l’apprentissage qui est présenté prochainement au Parlement. Ce projet prévoit notamment le transfert aux Régions de l’information liée à l’orientation, assuré dans les CIO, et le transfert des directions régionales de l’ONISEP.
L’Office National d’Information Sur les Enseignements et les Professions, créé en 1970, est un éditeur public, sous la double tutelle du Ministère de l’Éducation nationale et du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Cet organisme élabore pour les parents, les élèves, les étudiants, les enseignants, les psychologues de l’éducation nationale, des guides, distribués gratuitement pour l’entrée en 6ème, en 3ème, en 2nde, en terminale. Il propose aussi des informations pour des publics spécifiques : personnes handicapées, décrocheuses… Chacun· peut donc bénéficier d’une même information, fiable, neutre, objective, sur les métiers et les formations et avoir une meilleure connaissance des formations disponibles sur son territoire, à l’échelle d’une académie.
Quid de l’équité ?
Le transfert prévu des directions régionales de l’ONISEP aux régions laisse craindre que les informations ne seront plus équitablement données à l’ensemble des jeunes, mais soumises aux exigences locales, remettant en cause le droit fondamental d’un accès à l’information inscrit dans le Code de l’Education. Cela impose également à 270 personnels de choisir entre la Région et l’Etat.
Le Ministère de l’Education Nationale prévoit par ailleurs de fermer les centres d’information et d’orientation (CIO), soit environ 390 points d’accueil, ouverts au public de la 6ème à l’université ainsi qu’à toute personne, jeune ou adulte recherchant des informations sur les études et les métiers.
Les CIO : un service gratuit menacé
Dans ces services publics, les usagers peuvent bénéficier gratuitement d’entretiens, d’accompagnements et de suivis par des professionnels : les Psychologues de l’Education Nationale, spécialisés dans le conseil en orientation scolaire et professionnelle. Dans le cadre de leurs missions, les CIO contribuent activement au service public régional de l’orientation (SPRO), animent les bassins d’éducation, travaillent avec d’autres partenaires – Missions Locales, Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS), Chambre des Métiers, Chambres de Commerce et d’Industrie… – au suivi et à la recherche de solutions pour les jeunes scolarisés, déscolarisés, décrocheurs, sortis sans solution du système scolaire, nouvellement arrivés en France, ou désirant un retour en formation initiale.
La responsabilité de l’Etat sur les CIO
Nous souhaitons que nos parlementaires alertent l’Etat sur cette responsabilité qui est la sienne de prendre en charge l’accompagnement vers la qualification et l’insertion de tous les publics, scolarisés ou non. Le maintien d’un service gratuit de proximité permet de réduire considérablement les inégalités sociales sur le territoire en matière d’accès aux informations mais aussi dans l’accompagnement à la construction d’un projet scolaire et professionnel. Il maintient une cohérence nationale par un réseau de proximité gratuit et de qualité équivalente.
En créant ainsi un vide de service public, l’Etat aggrave la désertification des territoires ruraux.
A titre d’exemple, aux CIO de Tours et Amboise, les 23 Psy-EN (EDCO) assistés des 4 personnels administratifs et de leur documentaliste (ITRF) accueillent en moyenne 3 600 usagers par an et traitent plus de 11 500 demandes par téléphone. Le budget de fonctionnement s’élève à 11 307 € pour une année de fonctionnement quand un seul élève de classe préparatoire coûte 15 000 € par an (source : MEN-MESRIDEPP, compte provisoire de l’éducation pour 2015). Les CIO ne sont donc pas un luxe dont la nation pourrait se passer.
Les élu·e·s de la République, garant·e·s de l’égalité des territoires en matière de maintien des services publics, ne peuvent rester insensibles aux arguments exposés ci-dessus.
Pour les persuader de l’utilité sociale des CIO, nous invitons nos parlementaires à venir rencontrer les personnels dans le CIO de leur circonscription de façon à mesurer le danger de leur disparition en termes d’offre de service public.
Nos courriers :
- Pour les CIO et l’Onisep aux parlementaires
- Pour les CIO et l’Onisep aux étudiants
- Pour les CIO et l’Onisep aux parents d’élèves
Lire aussi :
Les premières réponse reçues
Une collaboratrice de M. Daniel LABARONNE, député de la 2e circonscription d’Indre-et-Loire, a accusé réception de « notre position relative au projet de loi sur la formation professionnelle et l’apprentissage, il vous en remercie. Sensible à votre démarche, il y réserve un examen attentif. »
Les deux premières vraies réponses sont arrivées samedi 21 avril par la poste :
M. Philippe CHALUMEAU, député d’Indre-et-Loire (LREM), 1ère circonscription « partage [notre] inquiétude ainsi que [notre] constat », estime que le nombre de CIO est « en baisse constante pour des raisons de coupe budgétaire. Ils offrent un véritable conseil individuel et une information sur les études, les formations professionnelles, les qualifications et les professions, dont les bénéficiaires ne peuvent se passer », s’interroge sur la capacité des régions « qui ne disposent pas toutes des mêmes moyens – mettront-elles toutes autant l’accent sur l’orientation professionnelle ? ». Le député admet un « manque de visibilité » et nous annonce qu’il a décidé de « solliciter – à travers une une question écrite publique – les éclaircissements du ministre de l’Education nationale » et qu’il est prêt à nous rencontrer. Lire : Réponse CHALUMEAU
MM. Jean-Marie JANSSENS, sénateur (Union centriste) et Maurice LEROY, député (UDI) du Loir-et-Cher, nous répondent qu’ils sont intervenus – dès le 17 avril – auprès du Ministre et joignent copie de leur courrier dans lequel ils prennent la défense des CIO : « Ces centres ouverts aux jeunes depuis la classe de 6ème jusqu’à l’université, mais aussi à toute personne, jeune ou adulte recherchant des informations sur les études ou métiers, sont précieux pour accompagner l’orientation et y trouver des conseils ». Le député et le sénateur mettent l’accent sur la gratuité de ce service public notamment pour « les jeunes scolarisés, déscolarisés, décrocheurs, sortis du système scolaire, désirant un retour en formation initiale. […] La fermeture de ces centres serait extrêmement préjudiciable pour ces jeunes qui seraient ainsi laissés seuls, sans accompagnement ! ». Enfin ils concluent : « Nous vous alertons sur la nécessité de maintenir dans nos territoires ruraux ces antennes précieuses »… Lire : Réponse LEROY et JANSSENS et Courrier LEROY et JANSSENS à BLANQUER
Ce sont des réponses encourageantes.
Nous invitons les collègues élues au Conseil d’administration de leur établissement à faire voter une motion dès que nous aurons plus de précisions sur les projets du gouvernement. Etat actuel : Motion CIO pour les CA 2018