La réforme Las-PASS, un sujet de débat régional sans tabou, on vous en parle !
La réforme Las-PASS, un sujet de débat régional
En juin dernier, le Conseil économique, social et environnemental de la Région Centre Val de Loire (CESER) a été amené à débattre et à émettre un avis sur deux rapports. Le premier concernait la mise en oeuvre de la réforme de la première année des études de santé et le second sur le projet régional de Santé (PRS 3). Il va sans dire que la crise démographique de l’offre de soins dans la Région et le développement des déserts médicaux y compris dans les aires urbaines est un sujet qui préoccupe les acteurs économiques et sociaux et en premier lieu la CFDT.
Les travaux du CESE régional sont accessibles sur le site de cette instance consultative.
Si le rapport qui concerne directement l’Université de Tours apporte des éléments de comparaison entre les choix différents réalisés par les universités (Strasbourg, Angers, Tours) dans la mise en place de la réforme des études de santé, des données quantitatives sur le profil des étudiants, des taux de réussite…, il pointe également des difficultés de mise en oeuvre.
A travers ce rapport, le CESER a souhaité éclairer les choix des décideurs en région. Il n’a donc pas vocation à trancher sur les voies possibles d’évolution de la réforme (« Tout L.AS », PASS/L.AS, Licence santé…). Son objectif était avant tout d’alerter sur les difficultés et vigilances à avoir pour atteindre ses objectifs initiaux : diversifier les profils sociaux et territoriaux des étudiants accueillis et faciliter leur réussite et leur bien-être. Cette question est, en effet, primordiale pour une région particulièrement touchée par les problématiques de démographie de professionnels de santé.
Ainsi, il souligne que certaines filières n’attirent pas le nombre escompté d’étudiants pour pourvoir les places offertes en deuxième année, notamment en pharmacie et maïeutique, ce qui est préoccupant. L’ouverture envisagée d’un second site de formation en maïeutique à Orléans, comme évoqué dans le projet de PRS 3, répondrait aux besoins de l’Est du territoire régional et offrirait un surcroît d’attractivité à cette filière.
Il faudrait également mieux communiquer auprès des lycéens sur toutes les filières de santé, le CESER ayant constaté une méconnaissance des différents débouchés proposés à l’issu des années de PASS/LA.S.
Conscient de l’autonomie des universités, le CESER souhaite néanmoins que le déploiement de la réforme puisse se poursuivre dans une logique de coopération régionale, évitant ainsi les concurrences territoriales. Cette mise en cohérence participerait à une meilleure compréhension de tous les bacheliers et de leurs familles au sein de l’Académie Orléans-Tours.
Le rapport souligne que si cette réforme a connu des difficultés dans sa mise en œuvre, elle produit néanmoins des premiers résultats qu’il faut encourager. Le CESER rappelle également la nécessité d’un soutien de la puissance publique : « Pour sa pleine réussite, elle devra être évaluée in itinere, améliorée en continu et appuyée par l’Etat et les collectivités publiques de manière exceptionnelle afin de rattraper à terme le retard important de la région en matière de démographie de professionnels de santé. Cet objectif est bien entendu lié à l’attractivité du territoire régional pour l’installation des professionnels et aux opportunités professionnelles qui leur sont offertes par les deux CHU et les centres de recherche régionaux (hospitaliers, publics et privés)».
Si ce rapport est utile parce qu’il aborde une question qui impacte tous les citoyens, on s’interrogera néanmoins sur le choix limité des personnes auditionnées. En effet, à part des étudiants en médecine, le doyen de l’UFR de Médecine et la responsable de la formation, aucun responsable pédagogique des LAS n’a été entendu, ni le Doyen de Pharmacie en fonction au moment de la mise en place de la réforme.
Pour le Sgen-CFDT, il aborde un autre sujet presque tabou au sein de l’établissement, c’est la dégradation des relations au travail et des postures inadaptées qu’a fait apparaître la mise en place cette réforme. Le sujet a été abordé par les responsables de l’UFR de Médecine et souligné en ces termes dans le rapport : « la complexité [de la réforme] a créé parfois des situations extrêmement difficiles, comme l’ont souligné certaines personnes auditionnées, avec à titre d’exemple des agents des scolarités en burn-out ».
Ce point souligné dans un rapport public et adopté par le CESER impliquerait de facto que l’établissement saisisse la formation spécialisée sécurité, santé et conditions de travail de l’Université.
L’analyse de ce rapport nous amène donc à formuler trois demandes :
- Une présentation et un débat du dit rapport au sein du Conseil académique de l’Université et du conseil d’administration de l’Université
- Une réflexion sur le fonctionnement de la Las-Pass et du nombre de délibérations présentées au CA sur l’organisation des modalités de contrôle des connaissance, objet de critiques par les étudiants relatées par La Nouvelle République du 27 juillet 2023 : des cursus en tension – l’agacement des étudiants
- Un travail de la F3S-CT sur l’évolution des conditions de travail en lien avec la mise en place de la réforme des études de santé.