La déclaration du Sgen-CFDT au CDEN d'Eure-et-Loir le 14 novembre 2019 est un positionnement sur certains sujets d'actualité et l'expression de la grande lassitude des personnels.
La dégradation des conditions de travail de l’ensemble des personnels de l’éducation nationale s’est tristement illustrée dernièrement avec le suicide de notre collègue Christine Renon. La communauté éducative nationale en a été profondément affectée pour ce que cet acte désespéré vient signifier et dénoncer.
(Note du Sgen-CFDT Orléans-Tours – Lire : Suicide d’une directrice d’école : émotion, colère et des mesures à prendre pour la direction d’école)
Remettre les conditions du travail réel au centre de nos métiers est un impératif.
Le Sgen-CFDT demande des décisions rapides et concrètes pour tous les personnels, de plus en plus soumis à un pilotage injonctif, à toutes formes de pressions, à une augmentation et une intensification de la charge de travail.
A titre d’exemple, dans le second degré, on n’a trouvé qu’une seconde HSA, obligatoire, pour économiser des postes alors qu’il est nécessaire d’en créer pour des titulaires, pour que le travail reprenne sens, dans tous nos métiers.
La réforme de la Fonction Publique : pas dans un sens positif
La suppression de compétences des Commissions Administratives Paritaires suscite de fortes inquiétudes. Car celles-ci jouaient un rôle essentiel pour nos collègues à des moments-clés de leur carrière.
Notre inquiétude se porte aussi sur la fusion des CHS-CT avec le CTA, qui revient quasiment à les éliminer.
Direction d’école : toujours rien !
Le Sgen-CFDT revendique depuis longtemps un statut d’établissement pour l’école : statut de l’école et statut du directeur / de la directrice sont liés.
De l’analyse des questionnaires diffusés auprès des directrices et directeurs d’école, nous attendons des mesures concrètes au-delà des quelques annonces faites hier (Note du Sgen-CFDT Orléans-Tours : le 13/11/2019) par notre ministre. Directeurs et directrices ont besoin de temps pour leurs missions, de davantage de décharges, de moindres sollicitations.
(Note du Sgen-CFDT Orléans-Tours) : Mais il y a un gros problème : cette consultation est en libre accès et peut être remplie plusieurs fois par la même personne. Cette organisation technique ne donne donc aucune légitimité aux futurs résultats qui devaient recueillir uniquement la parole des directeurs/trices. Il faut absolument y remédier rapidement.
Les personnels de l’éducation nationale sont fatigués des changements de cap incessants.
Des chantiers s’ouvrent alors que les fondations d’autres sont à peine achevées et que tant d’autres ont été quasiment laissés en plan, comme la réforme du collège. Faut-il donc tout reconstruire tous les 5 ans au rythme des idées, des envies et des calculs politiques des un·e·s ou des autres en laissant le soin aux personnels de gérer les choses, comme pour la réforme du lycée ?
Ces grands chantiers épuisent les personnels de toutes catégories qui croulent sous les injonctions contradictoires et le pilotage descendant.
Pourquoi avons-nous cette impression que l’Éducation Nationale navigue à vue, au gré des vents démagogiques dominants, là où elle aurait besoin d’un cap solide ?
Les personnels sont fatigués que ces changements ne s’accompagnent d’aucune forme de soutien ou reconnaissance, que les questions de conditions de travail, de santé au travail, soient sans cesse contournées, reléguées, quand on aura le temps et l’argent. C’est-à-dire jamais…
Ils sont fatigués de voir l’Éducation Nationale instrumentalisée pour des débats et surtout des postures politiques sans intérêt, quelque part entre voile, Marseillaise et drapeau tricolore.
Ils sont fatigués que les problèmes criants des rémunérations à l’Éducation Nationale soient toujours remis à demain. Nous ne pouvons n’être payés que de mots. On intègre peu à peu que l’objectif budgétaire est finalement le seul qui vaille, le chiffre vient effacer la dimension humaine.
La réforme des retraites, inacceptable en l’état
La réforme en cours d’élaboration ne sera acceptable pour les personnels de l’Éducation nationale, notamment celles et ceux qui perçoivent peu de primes, que si le gouvernement finance les compensations nécessaires via une revalorisation conséquente.
(Note du Sgen-CFDT Orléans-Tours – Lire : Réforme des retraites : ce que veut le Sgen-CFDT
Un peu de respect pour les AESH !
Le 20 novembre, le Sgen-CFDT se joint à l’appel intersyndical revendiquant de meilleures conditions d’emploi pour les AESH, confrontés dans notre département comme ailleurs à de nombreuses difficultés administratives, soumis à trop de temps partiels non souhaités et à une précarité forcée. Une véritable politique salariale doit également être conduite pour ces agents.
Une restructuration catastrophique des CIO
Le Sgen-CFDT refuse la restructuration du réseau des CIO en CIO départementaux avec des antennes de CIO au sein de certains lycées où seront affectés plusieurs psy-EN, sans DCIO ni personnels administratifs, qui devront, en plus, recevoir les publics non scolaires et/ou arrivant de l’étranger.
(Note du Sgen-CFDT Orléans-Tours – Lire : Carte des CIO : pourquoi tant de zèle dans l’Académie d’Orléans-Tours ?
L’isolement professionnel va augmenter et mettra en difficulté les collègues face à des situations et des demandes complexes. Il est méprisant de laisser croire qu’une seule personne pourra gérer de loin les personnels de tout un département, participer à toutes les réunions de bassin et faire vivre les partenariats locaux.
La scandaleuse diminution des fonds sociaux
C’est une honte, à l’heure où le gouvernement affirme vouloir se pencher sur le dossier de l’éducation en milieu prioritaire.
Les prévisions pour l’Eure-et-Loir
Au milieu de ce marasme, la prise en compte des élèves inscrits en ULIS dans les effectifs des écoles et établissements est une avancée importante pour le calcul des moyens.
Dans les collèges du département, la moyenne d’élèves par division augmente inexorablement ces dernières années, passant de 23,6 entre 2013 et 2016 à 24, 3 cette année. Le chiffre de 31 divisions de collège à 26 élèves, souligné dans le document de présentation, sonne comme un satisfecit de notre administration. Nous lui opposons :
l’hétérogénéité des élèves,
la diversification des modes d’apprentissage,
l’individualisation des parcours,
l’évolution du rapport à l’apprentissage des publics.
Dans le premier degré, l’écart se creuse entre les conditions heureusement favorables de l’éducation prioritaires sur plusieurs niveaux et trop de classes chargées en milieu ordinaire. Nous déplorons que 3 postes PDMQDC (plus de maîtres que de classes) aient été prélevés pour des ouvertures.
Le cas du Collège Jean Moulin de Chartres
Nous nous réjouissons en premier lieu qu’une réunion du comité de suivi des travaux au collège Jean-Moulin ait été annoncé en CA. Cette instance traduit la nécessaire articulation entre les services de l’Etat, la collectivité compétente, les parents d’élèves et les représentants du personnel autour du projet.
A ce stade de l’information, nous souhaitons savoir quels effectifs sont prévisibles pour la rentrée prochaine, et quel va en être le mode de calcul : en CDEN du 29 novembre 2018, on annonçait le chiffre de 351. Or, au Conseil Pédagogique du 5 novembre, il a été proposé aux enseignant·e·s une réflexion sur la répartition d’une dotation calculée sur 270 élèves, ce qui conduirait à la suppression d’un nombre conséquent de postes. Et que se passera t-il si de nombreuses familles souhaitent que leur enfant poursuive sa scolarité dans son collège actuel ?
Cette situation étant fortement anxiogène pour les collègues potentiellement concernés, nous demandons qu’ils soient rapidement reçus par les services départementaux ou rectoraux afin d’évoquer la suite de leur carrière.
Nous rappelons que le Sgen-CFDT a dénoncé ces affectations provisoires 2019-2020, inédites sur notre territoire à notre connaissance, car le scénario d’un effectif réduit était envisageable, sinon prévisible. Pour notre syndicat, il convenait de sécuriser le parcours de l’ensemble des collègues par des mesures de carte scolaire dès l’an dernier avec la réimplantation de postes là où se sont portés les flux d’élèves du collège Jean-Moulin.
L’ensemble des acteurs décideurs ainsi que les autres représentants des personnels aurait dû s’y attacher, préservant ainsi la qualité de gestion des ressources humaines dont le rectorat fait une priorité dans le projet académique 2018-2022.
Nous souhaitons également avoir des éclaircissements sur le mode de calcul de la dotation de fonctionnement pour la période de septembre à décembre 2020 et avoir la confirmation du lieu d’implantation des CHAM (classes à horaires aménagés en musique).
Le Sgen-CFDT restera vigilant sur l’attention qui sera portée aux situations personnelles dans ce dossier, comme pour les conditions d’exercice de l’ensemble de nos collègues du département, tous métiers confondus.