Le Dasen du Loiret avait convoqué le 28 avril au matin une visioconférence avec les membres du CTSD (FSU, Unsa, Sgen-CFDT, Snalc-CSEN) sous forme d'échange informel, en attendant les déclarations du Premier Ministre l'après-midi. Beaucoup d'interrogations subsistent.
Une réunion du CHS-CT du Loiret est prévue le 30 avril, pour laquelle les membres ont dû envoyer leurs questionnements le 27. Et le Dasen est invité à répondre à la synthèse des questions des syndicats avant le CHS-CT.
Lors de la réunion informelle du 28 avril, le Sgen-CFDT Orléans-Tours s’est exprimé le premier, avec des questions très ciblées, auxquelles il a été répondu de façon plus ou moins précise ou pas du tout, sachant que les six Dasen de l’Académie ont été réunis vendredi 24/04 au Rectorat, mais que tout le monde attend toujours les réponses ministérielles.
Beaucoup d’interrogations
La perplexité des collègues a été soulignée quant à la pertinence de la réouverture en particulier des lycées si tard dans l’année. Est-ce utile pour les élèves qui suivent en distanciel ? Rouvrir pour quoi faire ? Et comment gérer l’ensemble des préconisations ?
Le caractère non obligatoire de la présence des élèves en fonction du choix des parents laisse également perplexe. Mais nombreux sont les enseignants qui craignent de perdre totalement des décrocheurs (pas seulement les élèves ayant décroché par « incapacité numérique« ). Et comment s’y prendre au niveau pédagogique ? Quid des internats dans le 2nd degré ?
Un cadre national précis
Le Dasen attend le cadre sanitaire précis que doit donner le Premier Ministre cet après-midi. Mais on a déjà des indications, notamment grâce aux observations des professeurs volontaires pour l’accueil de certains enfants. Le Médecin-Conseil de l’Académie a produit une note avec les préconisations de l’ARS (gestes barrière, lavage des mains, distanciation etc.). Il faudra des déclinaisons locales adaptées du cadre sanitaire national.
Le Ministre a dit clairement qu’il se donne 15 jours pour donner des précisions. Déjà il a annoncé une reprise partielle à partir du 11 mai, en groupes de 15 élèves… Au total il a annoncé 3 échéances (11, 18 et 25 mai) qui servent de repères pour le travail de l’Education Nationale avec tous ses partenaires.
Les collèges et les lycées sont autonomes mais le Dasen préconise (en réunion des animateurs de bassins et personnels de direction) d’utiliser tous les moyens de concertation possibles avant la réouverture. Un travail de communication incontournable.
Une enquête qui inquiète les écoles
Les écoles ont reçu de la DSDEN via les IEN des enquêtes à remplir très rapidement ( un retour est souhaité pour le 30 avril) notamment sur la présence des collègues à partir du 11 mai . Au passage, est signalé le fait que, dans cette période, les directeurs d’école subissent de grosses pressions et une surcharge de travail.
Or c’est très difficile de répondre à cette enquête tant qu’on ne sait pas si les enfants seront accueillis, ni dans quelles conditions ils le seront. Idem pour les collègues ayant eux-mêmes des enfants et un conjoint mobilisé pour une activité médicale ou prioritaire. Le problème du manque de solution de garde est réel, y compris pour le Dasen qui reconnaît que, au collège ou au lycée, il y aura des études, mais pas dans les écoles.
C’est le Dasen qui a demandé ce recensement par les IEN, mais il n’est pas question pour lui d’exercer de pression. C’est juste un travail préparatoire sur le volontariat des familles, il s’agit juste de connaître leurs intentions. C’est incontournable pour savoir le nombre d’élèves à accueillir en présentiel. Le sondage ne sera lancé que lorsque nous aurons des précisions. L’enquête auprès des familles aurait déjà été lancée, mais par erreur. La DSDEN va rectifier le tir si besoin pour les familles.
Pour le recensement des PE en capacité de reprendre, il s’agit de solliciter sans être intrusif les professeurs. Si difficulté ou risque il y a, il suffira d’un certificat médical, d’un écrit au Médecin-Conseil. Pour le Dasen , l’intérêt de ce recensement est de comptabiliser les difficultés et trouver la meilleure organisation potentielle, puis de quantifier les forces en présence, de façon pragmatique. Il assure que cette enquête se fait dans un esprit ouvert et bienveillant. Pour lui, les collègues ne doivent pas craindre de ne pas savoir à quoi ils s’exposent s’ils ne peuvent pas répondre, leDasen veut juste leur permettre de signaler les difficultés.
On ne s’expose à rien si on ne peut pas répondre.
Aux yeux du Dasen, le recensement des familles et des enseignants est pour rassurer, avancer pas à pas, ce n’est pas se précipiter, c’est préparer les échéances posées, pour avancer avec pragmatisme et bienveillance, dans une expérience inédite qu’il faut assumer dans l’intérêt des enfants en respectant le cadre sanitaire, sans minimiser les questionnements mais pour rassurer au fur et à mesure.
On n’aura pas du jour au lendemain une réponse définitive pour la reprise en présentiel mais il faudra s’adapter localement et progressivement.
Sgen-CFDT : les équipes pédagogiques seront-elles réunies avant la reprise dans chaque collège, lycée, CIO etc. comme c’est prévu pour les écoles le 11 mai ?
Certains demandent que la semaine du 11 mai soit banalisée notamment pour partager la décision en Conseil d’école de rouvrir ou pas l’école, et pour former les équipes car on va devoir réinventer notre métier, avec la distanciation physique, et ça demande du temps pour y réfléchir.
Pour la FSU, l’annonce du Président le 13 avril a pris de court tout le monde, il a mis la charrue avant les bœufs. Idem pour le nombre de 15 élèves lancé par le Ministre. Et maintenant on demande aux gens de réfléchir. La charrue reste avant les bœufs. Le délai du 11 mai ne semble pas tenable à la FSU, notamment pour consulter les Conseils d’école, les représentants des parents et des mairies. Aurons-nous 1 lavabo pour 10 élèves ? Comment cumuler tous les élèves à accueillir : GS, CP et CM2 et enfants de personnels réquisitionnés dans les pôles d’accueil ?
Pour le Dasen, on s’inscrit dans un cadre national. Le 11 est déjà prévu comme une pré-rentrée. Dans la semaine qui précède, il peut y avoir des échanges pour réfléchir aux conditions concrètes de la reprise. Le conseiller-prévention travaille sur une formation « Magistère » qui est envisageable. Le cadre national pose la garantie pour les personnels. Et…
la pré-rentrée du 11 mai concerne tous les personnels appelés à reprendre en présentiel,
éventuellement à distance, il faut juste un temps d’échange préalable. Idem sur l’aménagement des locaux, le nettoyage etc. en concertation avec les collectivités.
Sgen-CFDT : les protocoles de réouverture ont-ils été négociés avec les collectivités territoriales : le Conseil Régional, le Conseil Départemental et chaque Mairie ?
Le Dasen du Loiret est en réunion le 28 avril en fin d’après-midi avec les représentants des maires pour discuter de leur organisation et de leurs questionnements. Le 29 avril, il se réunit avec le Conseil Régional et le Conseil Départemental, en particulier sur les transports, la restauration, le nettoyage des locaux.
C’est là qu’il devrait être question des protocoles impliquant les transports scolaires, de la non réouverture des cantines et de la consigne de manger en classe.
Sgen-CFDT : la nécessité absolue de fournir des masques aux personnels et aux élèves sera-t-elle respectée ?
Selon le Dasen, il est prévu que les personnels disposent de masques pour la reprise en présentiel dans chaque circonscription et EPLE. Le Ministère a prévu une dotation en masques. Mais on attend des précisions pour les élèves.
Sgen-CFDT : les établissements scolaires, les établissements recevant du publics tels que les CIO et les services académiques seront-ils entièrement nettoyés et dotés en savons ?
Selon le Dasen , le travail avec les collectivités sur la question des nettoyages, du rythme de nettoyage et des aménagements nécessaires localement aura pour objectif de donner de la sérénité pour la reprise. Pas de réponse sur les autres locaux.
Sgen-CFDT : Aura-t-on des mesures spécifiques pour identifier les personnes à risques ou vulnérables afin que tous les agents potentiellement fragiles fassent l’objet de mesures de protection particulières ? D’après les recommandations du HCSP, la question du retour des personnels de plus de 50 ans doit se poser tant que le virus circulera. Faut-il rappeler la liste des vulnérabilités et les recommandations du HCSP en vigueur ? Actuellement, on a simplement indiqué à ces agents de faire une demande d’Autorisation Spéciale d’Absence (ASA) mais leur situation n’est pas forcément connue du médecin de prévention qui ne peut donc proposer un aménagement de poste de travail au chef de service compétent.
Secret médical: un impératif
On sait que tous les collègues ne souhaitent pas faire savoir qu’ils ont un souci médical. La notion de secret médical doit être absolument préservée. On n’a pas à connaître le détail, à être intrusif. Il peut y avoir un problème de garde d’enfant, ou une fragilité psychologique à signaler au Médecin-Conseil.
Il faut faire passer un message très rassurant. L’absence de certains collègues va donner une indication mais pas plus que pour un arrêt-maladie. On n’a pas à connaître le motif précis.
En cas de virus contracté à l’école, la question de la reconnaissance comme maladie professionnelle reste sans réponse.
Autres questions sans réponse
Sgen-CFDT : Quid du nombre d’élèves à accueillir par groupes ? Des modalités d’accueil des enfants handicapés ? Des AESH ? Quid des personnels nécessaires en étude ?
Responsabilité
Des analyses de juristes évoquent la responsabilité individuelle des personnels (chefs d’établissement, IEN, Dasen).
Pas de réponse sur la responsabilité pénale des enseignants et directeurs autre que cette formule du Dasen, un peu sybilline : Le cadre national pose la garantie pour les personnels.
Communication.
La plupart des informations sont données par la télévision, de pseudo-experts, des ministres et autres porte-paroles. Or nous avons besoin d’une communication hiérarchique claire. Cette communication qui va dans tous les sens provoque une grande souffrance psychique des collègues, d’autant qu’ils se trouvent dans une période non naturelle de confinement. D’où l’importance d’être clair et de se laisser du temps. Faire très attention aussi pour septembre.
Sur ce point le Dasen estime que nos échanges participent de cette volonté d’accompagner les personnels et les familles, et rappelle l’existence d’une cellule d’écoute académique.
Une double charge de travail ?
Sgen-CFDT : ATTENTION à la question de la charge de travail des enseignants : il faut la répartir et la limiter entre le « présentiel » et le télétravail pour les élèves restés chez eux.
Le Dasen admet que c’est une question complexe et que même avec une alternance des élèves accueillis, il faudra la concilier par rapport aux élèves restés chez eux. Comment ? Il espère qu’on aura la réponse mais suggère d’imaginer un fil pédagogique commun pour tous les élèves. C’est une réponse à réfléchir et à construire, on attend un éclairage de la DGESCO.
Pas de réunion du CDEN mais une autre réunion informelle
La FSU aurait voulu élargir cette réunion aux personnels du 2nd degré et qu’il y ait une réunion du CDEN pour recueillir l’avis du Conseil Départemental, des représentants du Conseil Régional, des Maires, des parents d’élèves. Mais , pour le Dasen, il y a un problème de calendrier pour convoquer le CDEN, c’est trop lourd à organiser. C’est pourquoi il a convié les représentants des divers partenaires à des temps d’échange, avec les relais (associations de maires etc.) pour associer les uns et les autres.
En revanche, il reste disponible pour un nouveau point d’étape la semaine prochaine afin de lever les interrogations restantes, après le CHS-CT, éventuellement avec une réunion plus large que sur le seul 1er degré, les personnels du 2nd degré étant gérés par le Rectorat.