Une rentrée dans la méfiance

Le Sgen-CFDT Orléans-Tours regrette le climat de crainte et de repli de cette rentrée scolaire 2017.

Le Sgen-CFDT Orléans-Tours déplore que cette rentrée doive s’effectuer avant tout dans un régime de sécurité renforcée contre les risques d’intrusion et d’attentats, avec une vigilance accrue sur les signes de radicalisation extrémiste de quelques élèves.

Sur le plan de l’organisation strictement pédagogique, les premières mesures prises par le nouveau Ministre de l’Education nationale, au mois de juin, l’ont été dans la précipitation, en l’absence de concertation et sont toutes contestables sur le fond, ne serait-ce que par l’absence d’évaluation de l’efficacité des politiques précédentes.

Le Ministre répète qu’il veut une « école de la confiance » mais il ne suscite que la plus grand méfiance du Sgen-CFDT

qu’il s’agisse du retour de la semaine de 4 jours, des CP à 12 en REP+, de l’abandon possible de la réforme du Collège, des « devoirs faits » et autres effets d’annonce passéistes, de la baisse des contrats aidés, d’enseignement professionnel ou de réforme du Lycée et du Bac…

 Le néfaste retour de la semaine de 4 jours dans le primaire

Malgré les votes négatifs du Conseil Supérieur de l’Education (CSE) et du Comité Technique Ministériel le ministre a tenu à permettre ce retour pour les municipalités qui le désiraient. Le ministre a voulu rassurer en affirmant que très peu de communes reviendraient aux 4 jours. C’est exactement l’inverse qui se passe : les communes, pour des raisons d’économies, ont multiplié les demandes de retour à la semaine des 4 jours. Dans notre académie, 30 % des communes ont déjà fait ce choix pour 2017-2018 : 35 % dans le Cher, 27 % en Eure-et-Loir, 19 % dans l’Indre,  39 % en Indre-et-Loire, 35 % dans le Loir-et-Cher, 22 % dans le Loiret (source : Rectorat).

Le retour de la semaine de 4 jours nous ramène à la situation de 2008 avec le funeste record du plus bas nombre de jours d’école par an de l’ensemble des pays de l’OCDE (144 jours contre 187 jours en moyenne). Toutes les recommandations – Académie de médecine, rapport sénatorial ou rapports de l’inspection générale – indiquent que ce retour est préjudiciable aux enfants. Le syndicat majoritaire des enseignants est l’un des rares syndicats à avoir voté pour ce retour, indiquant clairement que la semaine de 4 jours privilégie le temps de travail des adultes au détriment des élèves !

Pour le Sgen-CFDT, il est impératif de prendre la globalité des rythmes de l’enfant et pas seulement sur la semaine scolaire. Il faut parler de l’année et des autres activités des enfants, par exemple culturelles.

Les coûteux CP à 12 dans les REP+

Dans notre académie, le dédoublement dans les classes de CP en REP+ sera effectif à 96 % selon les données du Rectorat. Cette mesure se voulant répondre aux besoins des élèves les plus démunis socialement fait fi des expérimentations “Plus De Maitres Que De Classes” (PDMDQ) et les balaie sans avoir évalué leur efficacité. C’était pourtant un levier à la disposition des équipes qui pouvaient dans les écoles faire varier le nombre d’élèves en fonction des activités proposées aux élèves ou envisager du co-enseignement.

Les moyens nécessaires (94 enseignants) vont non seulement affaiblir cette initiative PDMQDC mais aussi réduire les moyens de remplacement.

L’évaluation en fin de CP et l’objectif de 100 % de réussite sont des annonces qui oublient les cycles et ne prennent donc pas en compte le rythme d’acquisition de la lecture qui est propre à chaque enfant.

Quant à la ridicule relance par le ministre J.-M. BLANQUER de la polémique sur les méthodes d’apprentissage de la lecture, il vaut mieux ne même pas en parler.

L’assouplissement de la réforme du collège

L’arrêté du 16 juin 2017 pris malgré un vote négatif du CSE (CFDT et FCPE) est un véritable déni des efforts consentis par les personnels d’enseignement et ceux d’encadrement (direction et inspection), qui n’ont pas compté leurs efforts pour faire évoluer l’organisation du collège et les pratiques pédagogiques pour la réussite de tous les élèves. Au moment de sa parution, toutes les répartitions de service et l’utilisation des marges étaient déjà effectuées, et cet arrêté n’a fait que raviver les tensions dans nombre de collèges où le syndicat majoritaire des enseignants s’est toujours opposé à une évolution des pratiques qui ne visaient que la seule réussite des élèves déjà socialement favorisés.

Le Sgen-CFDT a pris clairement position contre l’arrêté, pas seulement parce qu’il arrivait trop tard en juin mais parce que cet arrêté revient brutalement sur l’ambition de construire un collège pour tous comme le recommandait l’OCDE et comme les évaluations PISA en révélaient l’urgence. Pour mémoire, le syndicat majoritaire des personnels de direction, sans doute déconnecté des réalités de sa base, a voté pour cet arrêté.

Nous tenons à nouveau à rappeler notre opposition au DNB (Diplôme National du Brevet) qui est en contradiction avec la validation du socle et dont l’organisation cette année a encore mis en difficulté les personnels de direction et d’enseignement.

Le Sgen-CFDT est par contre satisfait que le conseil pédagogique soit conforté dans son rôle et qu’il soit le levier majeur de l’autonomie pédagogique des établissements.

Le dispositif « Devoirs faits » : une fausse bonne idée

Elle ne pourra satisfaire qu’une partie de l’opinion publique peu au fait des réalités pédagogiques. En effet, il est établi que la mise en place d’une aide en dehors de la classe n’est guère efficace si ce n’est par l’enseignant lui-même qui l’assure. La difficulté est insurmontable quand l’aide est confiée à des non enseignants comme les assistants d’éducation ou, comme le prévoit le ministre, des jeunes encore plus éloignés de la classe comme des jeunes du service civique. L’accompagnement éducatif dont il n’est plus question alors que nombre de personnels s’y étaient investis, avait pourtant bien des vertus. En s’appuyant notamment sur des associations, il permettait de faire le lien entre l’école et les familles et proposait des actions d’accompagnement qui allaient au-delà des devoirs.

Pour le Sgen-CFDT, l’externalisation hors du temps scolaire de ce qui relève de la professionnalité enseignante est un retour en arrière inacceptable.

Avant des effets d’annonce, il aurait été salutaire de se demander comment faire le lien entre le travail en classe et le prolongement, si prolongement il doit y avoir, en dehors de la classe.

La baisse du nombre de contrats aidés

Le Sgen-CFDT est certes, satisfait de l’annonce du gouvernement de l’augmentation nécessaire des moyens dévolus à l’accueil des élèves en situation de handicap. Mais cela ne cache pas une nouvelle dégradation des conditions de travail des personnels et singulièrement des directeurs d’école.

Comme l’a déclaré dans Le Monde (31/08/2017) Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT, la baisse du nombre de contrats aidés, « C’est une faute très grave ». « Les contrats aidés correspondent à des postes utiles à la population et, s’ils sont bien ciblés sur les plus fragiles et accompagnés d’une formation, ils permettent un retour à l’emploi. L’approche qui a été faite est insupportable parce qu’on n’a jamais entendu un responsable politique parler de la personne, de celle qui grâce à un emploi aidé retrouve de la dignité et un parcours professionnel… Sur cette question, comme sur la baisse des APL, j’appelle le gouvernement à revoir sa copie. Et qu’en 2018 il maintienne l’effort collectif pour les contrats aidés. »

« Faire de l’enseignement professionnel une voie d’excellence » ?

Cette préconisation du Ministre ne doit pas rester un vœu pieux, voire une série non nouvelle de constats négatifs : concentration d’une part importante de la difficulté scolaire dans les Lycées professionnels, difficultés d’insertion, taux d’échec élevé pour les poursuites d’études, défaut de rénovation des CAP…

Si le Sgen-CFDT juge positif de réussir l’insertion professionnelle en développant dans nos établissements des parcours mixtes de formation, notre syndicat défend l’idée d’un service public de formation professionnelle intégrant formation initiale sous statut scolaire, apprentissage public et formation continue des adultes (Greta) au sein de lycées polyvalents modulaires. Une complémentarité et une cohérence de toutes ces formations cohabitant sur un même territoire ou un même établissement s’impose.

Le développement de l’apprentissage public n’est pas concevable sans une amélioration des conditions de travail des personnels et sans une mixité des parcours des élèves.

Des effets d’annonce passéistes

Les annonces concernant l’accueil en musique des nouveaux élèves et la distribution à 150 000 élèves des fables de La Fontaine, nous paraissent plutôt faire partie d’une stratégie de communication d’un autre âge, tout comme le retour des évaluations en CP et en 6ème.

De même, le discours ministériel sur le rétablissement des redoublements, de l’enseignement des langues anciennes, des classes bi-langues et des sections européennes montre que la politique gouvernementale obéit à un programme éducatif qui remet en cause de mesures qui tentaient de réduire les inégalités de réussite liées à l’origine sociale.

Flou sur le Lycée, le baccalauréat, l’accès à l’enseignement supérieur…

Avant les grandes vacances, le ministre a annoncé quelques pistes pour une réforme du baccalauréat : un bac avec 4 matières en examen terminal choisies par les élèves et une personnalisation des parcours en lycée en lien avec le supérieur. Le Sgen-CFDT a depuis longtemps un projet abouti pour changer le bac et le lycée.

A ce jour, M. BLANQUER s’est borné à insisté sur trois objectifs : la reconquête du mois de juin pour les élèves qui ne passent pas le bac et dont les cours devraient normalement se terminer début juillet ; le fait que le bac doit être « modernisé » pour aller « vers l’excellence dans les matières que chacun se choisit » et pour éviter « le grand scandale de l’échec en licence ».

 

Que le Ministre répète qu’il veut une « école de la confiance » ne suffit pas à la faire advenir.