Arrogance et frénésie

Editorial du journal académique du Sgen-CFDT Orléans-Tours de mars-avril 2018

L’arrogance du gouvernement Macron-Philippe est de moins en moins supportable, avec sa frénésie de réformes à la hussarde dans un sens ouvertement libéral qui finit par irriter même les plus réformistes des organisations syndicales, comme on le voit avec la SNCF, et comme on l’a vu le 22 mars avec les manifestations des agents des fonctions publiques (p.2). De là à imaginer la révolte générale comme en Mai 68 ? On verra bien…

En attendant, dans l’Education Nationale, ce ministère bat des records de désinvolture à l’égard des personnels et de la notion de service public. Quelques exemples.

  • Le dernier en date touche aux services d’orientation : sans aucune concertation préalable, le gouvernement annonce, dans la future loi sur l’apprentissage et la formation professionnelle, le transfert aux Régions de l’information sur les formations et la fermeture des CIO. Quel mépris du gouvernement pour ses propres agents ! Il leur signifie qu’une partie des missions qu’ils remplissent n’a pas d’utilité sociale.
  • Les propositions Calvez-Macron pour la voie professionnelle sont très inquiétantes et rien ne permet d’anticiper l’impact des mesures proposées sur les conditions de travail et d’enseignement des personnels.
  • Le Sgen-CFDT a déposé une alerte sociale sur les conditions de l’école inclusive et, à ce jour, aucun relevé de conclusions n’a pu être finalisé, sans doute le traitement du sujet sur le fond n’est-il pas stabilisé au sein de l’appareil ministériel. Pourtant les attentes des personnels sont grandes.
  • Dans les collèges, l’assouplissement de la réforme, la stagnation ou le retrait de moyens ont contraint les équipes à des choix difficiles entre options et dispositifs servant les EPI et l’AP.
  • Le Lycée mode Blanquer : pas besoin d’entrer dans les détails pour y trouver le diable ! Le fond ne convient pas et la réforme ne répond pas aux enjeux.
  • Le ministère est en passe de rater une réforme du bac qui aurait pu faire sens pour les élèves et pour les personnels, et aurait dû servir l’intérêt général.

De la maternelle à l’Université, on reste sur sa faim.

  • Ainsi, les « Assises de l’école maternelle » sont d’abord la mise en scène d’une annonce présidentielle de porter à 3 ans l’obligation scolaire à partir de la rentrée 2019 (80 % y sont déjà!) mais la vraie question est de permettre à chaque enfant de réussir sa scolarité et de garantir de bonnes conditions de travail aux professionnels de la petite enfance !
  • A l’autre bout de la scolarité, la loi « Orientation Réussite Étudiante » ne correspond pas à la réforme que voulait le Sgen-CFDT, en particulier parce qu’elle ne traite ni de la question des filières sélectives et de la différence des moyens alloués entre ces filières et les non sélectives, ni de la question des moyens dans son ensemble. La suite du mouvement étudiant pourrait exacerber les tensions alors qu’approchent les examens.

Alors, Mai sera chaud ?