Quelques réflexions sur les « Stylos rouges »

Sur le mouvement des "Stylos rouges", notre syndicat n'a pas de position officielle. Néanmoins leur manifeste nous inspire quelques interrogations et remarques.

De toute évidence les « Stylos rouges » s’inspirent des « Gilets jaunes ». En ce sens ils expriment dans leur manifeste (ci-dessous) de vraies préoccupations et de vraies revendications. Nous en partageons un bon nombre mais pas toutes dans le détail.

Ce mouvement n’est pas sans rappeler les diverses « coordinations » qui ont déjà existé dans le passé sur tel ou tel problème ponctuel : il est l’amalgame de positionnements un peu faciles voire réducteurs qu’une organisation structurée attachée à la cohérence comme la nôtre ne peut pas soutenir.

Si nous sommes d’accord avec les trois grands axes du manifeste (revalorisation du métier, bienveillance pour les élèves, reconnaissance des fonctions et du travail), nous ne soutenons pas n’importe quoi dans ce bref manifeste.

D’abord il n’y a pas qu’un seul « métier » dans l’Education Nationale mais plusieurs, nous ne sommes pas tous à travailler avec un unique stylo rouge à la main (une vision des profs réduite à ce seul outil de sanction, c’est carrément rétrograde) !

Pourquoi les « Stylos rouges » n’osent-ils pas parler des salariés de la Fonction publique, ça les gêne ? Nous sommes fiers, nous, d’être fonctionnaires ou assimilés.

Les syndicats n’ont pas attendu les « Stylos rouges »

pour demander le dégel du point d’indice, des augmentations salariales, la limitation du nombre d’élèves, l’arrêt des suppressions de postes, plus de moyens pour les élèves à besoins particuliers (c’est le Sgen-CFDT qui est à l’origine des ZEP, rappelons-le !), l’ouverture de vraies concertations sur les réformes, le retrait du jour de carence, la fin de la précarité (mais tous ne sont pas d’accord sur le moyen d’y parvenir : la titularisation sans concours). Les « Stylos rouges » semblent débarquer sur un terrain revendicatif totalement vierge, c’est ahurissant !

Dire non à la réforme des retraites avant que le projet de réforme soit connu, ce n’est pas notre genre : tout projet mérite examen et débat. Surtout sur un sujet très complexe quand l’enjeu est de sauver le système de retraites par répartition.

Demander à renégocier le PPCR, cela ne veut strictement rien dire. La majorité des syndicats (CFDT, FSU, Unsa) l’ont soutenu, d’autres s’y opposent toujours et n’y ont rien compris… Ce n’est pas clair.

Prétendre que le devoir de réserve musèle notre liberté d’expression, c’est plus que discutable : en réalité il nous protège individuellement et n’empêche aucunement nos élu·e·s de s’exprimer au nom de leurs collègues. Les « Stylos rouges » veulent-ils donc la fin de la démocratie représentative comme certains « Gilets Jaunes » et une pseudo démocratie directe qui permette à n’importe qui de dire n’importe quoi ? Est-ce bien responsable ? Est-ce compatible avec le respect « des élèves, des parents, de la hiérarchie, des institutions et des Français » que demandent les « Stylos rouges » ?

Pour en discuter entre collègues, voilà quelques pistes de réflexion. Les personnels de l’Education nationale ont assez de bon sens et d’intelligence pour ne pas s’engouffrer, avec leurs insatisfactions légitimes, dans n’importe quels discours délirants.

Dernière minute : un communiqué de presse du Sgen-CFDT et de la Fep-CFDT du 8 janvier 2019 : Pouvoir d’achat et conditions de travail : des revendications légitimes !